CNRS Le Journal n°268 sep/oct 2012
CNRS Le Journal n°268 sep/oct 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°268 de sep/oct 2012

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : La Nature pour modèle

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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PAR DENIS DELBECQ CNRS I LE JOURNAL w 8 | Rubrique Actualités On l’a tous entendu dire : dans un lavabo qui se vide, l’eau ne tourne pas dans le même sens dans les hémisphères Nord et Sud. En théorie, c’est un bon moyen pour observer l’effet de la force de Coriolis exercée par la rotation de la Terre sur les liquides en mouvement. En théorie… car, en pratique, les lavabos restent imprévisibles : le phénomène est tellement faible qu’il est masqué par d’autres mouvements de l’eau. À Orsay, des chercheurs du laboratoire Fluides, automatique et systèmes thermiques (Fast) 1 ont mis au point une expérience pour visualiser, sans erreur possible, cette force infime. Certes, ils ne sont pas les premiers à y parvenir, mais leur procédé, décrit cet été dans la revue Europhysics Letters 2, se révèle l’analogue le plus simple pour les fluides du célèbre pendule de Foucault. UNE DÉCOUVERTE SURPRISE Tel n’était pourtant pas leur but : initialement, l’expérience visait à étudier le mouvement des liquides ou des gaz dans le noyau, les océans ou les atmosphères des planètes. Pour cela, les scientifiques ont installé une sphère remplie d’eau sur leur plateforme Gyroflow, un manège pouvant faire tourner jusqu’à une tonne de matériel et d’instruments de mesure à la vitesse de trente tours par minute. « Dans la sphère remplie d’eau, nous avons incorporé des billes microscopiques pour mesurer les mouvements du liquide à l’aide d’une technique appelée vélo cimétrie par images de particules », raconte Pierre-Philippe Cortet, chercheur au Fast et coauteur de l’étude. Vue du manège, l’eau de l’aquarium devrait apparaître fixe à l’observateur, puisque l’on s’attend à ce que l’aquarium Physique Une expérience menée à Orsay a permis d’observer un phénomène très difficile à isoler : l’effet de la rotation terrestre sur des liquides en mouvement. Un pendule de Foucault version liquide FORCE DE CORIOLIS. Elle s’applique à des objets qui se déplacent au sein d’un milieu qui est lui-même en rotation. PENDULE DE. FOUCAULT. Sphère de plusieurs kilos suspendue à un fil métallique. La lente déviation de son plan d’oscillation met en évidence la rotation de la Terre. 01 Le pendule de Foucault, installé au Panthéon, à Paris. 02 La plateforme tournante Gyroflow, au centre de laquelle est disposée la sphère remplie d’eau qui a permis d’observer la force de Coriolis. et l’observateur tournent à la même vitesse. Pourtant, Pierre-Philippe Cortet et ses collègues ont pu constater qu’il y avait un écoulement très lent de l’eau dans la sphère. « La vitesse est infime, de l’ordre de 10 à 400 millièmes de millimètres par seconde, explique le physicien. Nous avons compris que cet écoulement était le fruit de la force de Coriolis exercée par la rotation de la Terre sur les liquides de notre expérience eux-mêmes en rotation. » AFFAIRE À SUIVRE Mieux, les chercheurs se sont aperçus que ces mouvements inattendus reproduisaient un écoulement présent dans le noyau liquide des planètes dont l’axe de rotation subit une précession, c’està-dire décrit un cône, un cycle qui 01 02 © RÉMIH s’étend sur 26 000 ans pour la Terre, par exemple. « Or certains modèles prévoient que cette précession pourrait jouer un rôle dans la génération du magnétisme de la Terre en provoquant un écoulement analogue dans son noyau liquide et conducteur qui produirait un effet dynamo », indique le chercheur. Une hypothèse testée en ce moment aux États-Unis à l’aide d’un manège qui porte une sphère de trois mètres remplie cette fois de sodium liquide, un conducteur, pour mimer ce qui se passe dans le cœur terrestre. De son côté, le manège du Fast devrait désor mais aider à comprendre comment la force de Coriolis participe à la formation des vents et des courants qui caractérisent l’atmosphère et les océans. 1. Unité CNRS/Université Paris-Sud/UPMC. 2. Europhysics Letters, juin 2012, vol. 98, n°5. CONTACT : Fluides, automatique et systèmes thermiques, Orsay Pierre-Philippe Cortet >ppcortet@fast.u-psud.fr © F. MOISY
© R. GARROUSTE/MNHN © DR N°268 I SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 Actualités | 9 w LES MÉDIAS EN PARLENT w Vu cet été à la télévision : le chercheur Jean Lorenceau a mis au point un dispositif qui permet de dessiner et d’écrire avec les yeux. Les systèmes actuels destinés aux patients paralysés permettent seulement de choisir parmi des lettres affichées sur un écran et n’offrent pas la même liberté. w Au début du mois d’août, les médias ont aussi relayé la découverte du Graal de l’entomologie, la science des insectes : une équipe internationale associant le CNRS a découvert en Belgique le plus vieil insecte fossile complet connu à ce jour. Il se nomme Strudiella et date de 365 millions d’années. w Une autre trouvaille a eu lieu, cette fois près des plages d’Antibes : lors des fouilles menées avant la construction d’un parking, des archéologues de l’Inrap ont retrouvé l’épave d’un navire romain qu’ils ont analysée avec une chercheuse du CNRS. Ce voilier de commerce daterait du ii e ou du iii e siècle après J.-C. w Un hommage mondial a été rendu à Alan Turing à la fin juin. À cette occasion, le site du Monde a pointé vers un documentaire de CNRS Images réalisé par Christophe Gombert et Hugo Deboise. Ce film, sur une machine de Turing construite en Lego, a été visionné plus de 90 000 fois sur Internet ! Ce film est à voir sur le journal en ligne. © DR © G. BOETTO/CCJ-CNRS/UNIVERSITÉ DE PROVENCE Astronomie Lumière sur un trou noir PAR DENIS DELBECQ w À 300 millions d’années-lumière de la Terre, dans la galaxie ESO 243-49, un curieux astre fait l’objet de toutes les atten tions. Il s’agit d’un trou noir – un accroc dans l’espace-temps dont rien ne peut s’échapper – un peu particulier. HLX-1, c’est son nom, a été identifié comme étant le meilleur candidat d’une nouvelle classe de trous noirs dits de masse intermédiaire. Une équipe internationale (France, Australie, Grande- Bretagne et États-Unis), qui s’appuie sur l’Institut de recherche en astrophy - sique et planétologie (Irap) 1, à Toulouse, a annoncé dans la revue Science 2 que cette masse était en effet estimée entre 9 000 et 90 000 fois celle de notre Soleil. « C’est la première fois qu’on peut dire avec une certaine confiance d’un trou noir qu’il est de masse intermédiaire », se réjouit Olivier Godet, de l’Irap, cosignataire des travaux. Jusqu’à présent, seuls des trous noirs de taille stellaire – dont la masse est comprise entre trois et vingt fois celle du Soleil – ou de taille super-massive – du million à dix milliards de masses solaires – avaient pu être observés. Les premiers, dans notre Univers proche, les seconds, au cœur de la plupart des galaxies. q La galaxie ESO 243-49 abrite HLX-1 (flèche), un trou noir de masse intermédiaire. Faute d’émettre de la lumière, un trou noir se détecte indirectement grâce au rayonnement émis par la matière qui tombe sur celui-ci. Découvert en 2009, HLX-1 est vite devenu le candidat le plus sérieux au titre de trou noir de masse intermédiaire. Pendant trois ans, plusieurs vagues d’études, à l’aide du satellite Swift de la Nasa et du réseau australien de radiotélescopes Atca, ont permis d’observer des éjections de matière sous la forme de jets dans le domaine des ondes radio, associées à des éruptions dans celui des rayonsX. « La détection de ces jets confirme que HLX-1 se comporte bien comme ses cousins stellaires. Elle nous a aussi permis de le peser et de jeter un pont avec les autres classes de trous noirs connus, signale Olivier Godet. L’observation des trous noirs intermédiaires est importante, car ils pourraient, en fusionnant, avoir donné naissance aux trous noirs super-massifs. Grâce au télescope Hubble, nous espérons découvrir comment HLX-1 s’est formé. » 1. Unité CNRS/UPS. 2. Science, 3 août 2012, vol. 337, n°6094,pp. 554-556. CONTACT : Institut de recherche en astrophysique et planétologie, Toulouse Olivier Godet > olivier.godet@irap.omp.eu © NASA, ESA, AND S. FARRELL (SYDNEY INSTITUTE FOR ASTRONOMY, UNIVERSITY OF SYDNEY).



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