CNRS Le Journal n°268 sep/oct 2012
CNRS Le Journal n°268 sep/oct 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°268 de sep/oct 2012

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : La Nature pour modèle

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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© G. FÉREY/CNRS PHOTOTHÈQUE 08 w 08 Cette molécule de MIL-101 est inspirée des zéolithes, minéraux aux squelettes remplis de trous. 24 différentes n’est évidemment pas la seule prouesse de la nature qui intéresse les chimistes. La facilité avec laquelle les structures moléculaires organiques se font et se défont s’avère tout aussi inspirante. Ainsi, la chimie supramoléculaire, spécifique à ces liaisons moléculaires dites faibles et au phénomène d’autoassemblage, a été initiée il y a quarante ans par le Prix Nobel Jean-Marie Lehn, de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires 3, à Strasbourg. L’une des applications bio-inspirées est l’encapsulation de médicaments, qui reproduit l’auto-assemblage des membranes de cellules biologiques (lire l’encadré p. 27). DES TECHNIQUES COMPLEXES Mimer la nature n’est toutefois pas une tâche aisée : logique, sa complexité est le fruit de milliards d’années de perfectionnements. De nouvelles combinaisons sont ainsi sans arrêt testées. Un jeu de Lego qui n’a été que récemment observé au niveau des molécules organiques elles-mêmes. « En 2008, nous avons montré qu’au sein d’un mélange complexe de molécules, certaines peuvent se reconnaître et se dupliquer, expose Nicolas Giuseppone, directeur adjoint de l’Institut du CNRS Charles-Sadron, à Strasbourg. Apparaît alors un phénomène d’accroissement de l’espèce chimique qui se reproduit le plus efficacement, au détriment du reste. Ce qui peut être interprété comme une forme | L’enquête CNRS I LE JOURNAL 09 10 de darwinisme moléculaire. » Ce résultat s’inscrit dans le cadre de la toute jeune chimie combinatoire dynamique, qui consiste à élaborer certains produits en mélangeant un ensemble de molécules, puis en laissant les combinaisons conduire à une sélection naturelle du plus efficace. Une technique que les laboratoires pharmaceutiques testent actuellement pour fabriquer des médicaments. UNE RÉVOLUTION EN MARCHE ? À force de s’inspirer de la nature, les chimistes pourraient même mener, à terme, une vraie révolution en reproduisant l’une des caractéristiques fondamentales des êtres vivants : leur fonctionnement en système dit ouvert. Autrement dit, ils échangent constamment de la matière et de l’énergie avec leur environnement. « Traditionnellement, les chimistes Les fibres de 100 nanomètres de ce dispositif (09), élaboré à l’Institut Charles-Sadron (10), se forment par auto-assemblage de milliers de molécules et croissent par auto-réplication. © N. GIUSEPPONE utilisent des systèmes fermés : on mélange des produits dans un flacon, on attend et on observe ce qu’on a obtenu. Le résultat est un système mort qui n’évolue plus, expli que Ludovic Jullien. Le vivant produit et consomme sans cesse des molécules, de l’énergie. L’idée de concevoir de tels systèmes ouverts en chimie, qui évolueraient et s’adapteraient en fonction des contraintes environnementales, est un horizon fascinant. » Mais lointain. Cette chimie des systèmes reste pour le moment très fondamentale, et ses applications sont encore à inven-ter. Mais, en se fondant sur ce qui fait l’essence même de la vie, elle pourrait finir par constituer le nec plus ultra de la bio-inspiration. F. D. 1. Unité CNRS/ENS/UPMC. 2. Unité CNRS/UPMC/ENSCP/Collège de France. 3. Unité CNRS/Université de Strasbourg. CONTACTS : Nicolas Giuseppone > giuseppone@ics.u-strasbg.fr Ludovic Jullien > ludovic.jullien@ens.fr Clément Sanchez > clement.sanchez@upmc.fr ©C. FRÉSILLON/CNRS PHOTOTHÈQUE
N°268 I SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 L’enquête | 25 w Des recherches bien inspirées C’est un fait : la nature déploie des trésors d’ingéniosité et la mimer offre de nombreuses perspectives d’applications. Florilège. LES ALGORITHMES À L’ÉPREUVE DE DARWIN « Dans le domaine des probabilités, il existe des algorithmes dits génétiques, car ils s’inspirent de la sélection naturelle », signale Pierre Del Moral, de l’Institut de mathématique de Bordeaux 1. Imaginons que l’on cherche à évaluer le meilleur chemin sur un plan. Les différentes solutions sont représentées par divers individus. « Tout se passe comme si chacun faisait une proposition, explique le chercheur. Et que tous échangeaient leurs résultats en se parlant pour évaluer leur efficacité. » Ensuite, les individus jugés les meilleurs se dupliquent et peuvent muter en créant des variantes. Tandis que les autres, « non adaptés », disparaissent… « Cette approche est fondée sur la diversité des solutions, précise le mathématicien. Ce n’est pas le cas des approches classiques par renforcement à l’œuvre dans les réseaux de neurones. » Dans ce dernier cas, en effet, les réseaux s’inspirent des neurones biologiques et les solutions efficaces sont renforcées, mais de nouvelles ne sont pas créées. Les algorithmes génétiques, à l’œuvre depuis les années 1950, n’avaient jamais livré la clé de leur si bon fonctionnement. C’est désormais chose faite grâce au modèle mathématique élaboré par Pierre Del Moral 2. 1. Unité CNRS/Université Bordeaux-I/Université Bordeaux- Segalen/IPB/Inria. 2. Travaux publiés dans Foundations and Trends in Machine Learning, 2012, vol. 3, n°3-4,pp. 225-389. CONTACT : Pierre Del Moral, pierre.del-moral@inria.fr DES PETITS TROUS, ENCORE DES PETITS TROUS… Minuscules algues, les diatomées possèdent une carapace à laquelle s’intéressent de près les scientifiques. Ce squelette transparent, appelé frustule, dont la composition est proche du verre, est doté d’une structure poreuse remarquable : avec un microscope puissant, on peut voir qu’elle est constituée d’un réseau de petites cavités. Un nouveau grossissement fait apparaître un autre réseau de trous plus petits. Cette structure hiérarchisée, avec des pores dont la taille varie du micron à quelques nanomètres, sert de modèle à la mise au point de capteurs et de catalyseurs par les chercheurs du laboratoire Chimie de la matière condensée de Paris, du Centre de recherche Paul-Pascal du CNRS, à Bordeaux, et de l’Institut CATALYSEUR. Substance servant à accélérer une réaction chimique. q Vue au microscope et colorisée, cette diatomée révèle sa structure complexe : un réseau de cavités au milieu desquelles se trouvent d’autres petits trous. de recherche sur la catalyse et l’environnement de Lyon 1. L’intérêt d’une telle structure bio-inspirée : augmenter la réactivité des dispositifs. En effet, la surface totalisée des pores, dans lesquels se déroule la catalyse ou l’identification par le capteur d’une substance chimique, est énorme : 1 gramme de ces matériaux peut représenter jusqu’à 1000 m 2 de surface ! 1. Unité CNRS/UCBL. CONTACT : Clément Sanchez, clement.sanchez@upmc.fr © S. GSCHMEISSNER/SPL/COSMOS A B w Motifs infalsifiables des billets de banque, produits cosmétiques exempts de pigments toxiques, écrans TV… Le Morpho (A), un papillon de la forêt amazonienne, a déjà inspiré nombre d’applications aux chercheurs de l’Institut des nanosciences de Paris (INP) 1 et à leurs partenaires industriels 2. Son secret ? Des structures nanométriques (B) à la surface de ses ailes jouent avec la lumière. « Avec nos collègues des facultés universitaires Notre-Dame-de-la-Paix, à Namur, nous étudions aussi comment certains animaux, telles les lucioles, émettent de la lumière », indique Serge Berthier, de l’INP. Déjà, les premières applications se dessinent : une diode électroluminescente qui intègre un dispositif bio-inspiré est en cours de fabrication. 1. Unité CNRS/Université UPMC. 2. Lire « À la chasse aux couleurs », CNRS Le journal, n°251, décembre 2010,pp. 16-18. CONTACT : Serge Berthier > serge.berthier@insp.jussieu.fr © NATIONAL GEOGRAPHIC CREATIVE/GETTY IMAGES © EYE OF SCIENCE/PHANIE



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