01 w 12 | Actualités CNRS I LE JOURNAL Environnement Ingénierie climatique : gare aux effets secondaires ! PAR GAËLLE LAHOREAU w Sels marins, aérosols soufrés… Injecter des particules réfléchissantes dans l’atmosphère est une piste évoquée pour enrayer le réchauffement climatique en limitant le rayonnement solaire qui atteint la Terre. Ces solutions, dites d’ingénierie climatique ou de géo-ingénierie, fleurissent depuis la publication en 2006 d’un article de Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie. Mais des simulations publiées en juin dans Earth System Dynamics 1 montrent que la pluviométrie serait perturbée, avec notamment une chute en 02 03 01 Injecter des particules réfléchissantes dans l’atmosphère entraînerait des sécheresses. 02 03 Écarts de précipitations par rapport au niveau préindustriel (en bleu, les hausses ; en rouge, les baisses) selon que la hausse de CO 2 est compensée (02) ou non (03) par une baisse du rayonnement solaire. © CREATIVE COMMON LICENSE Europe du Nord, en Asie du Sud-Est et en Amérique. Pour le prouver, deux scénarios extrêmes ont été testés dans divers modèles climatiques. Leur hypothèse commune : à cause des activités humaines, le taux de CO 2 dans l’atmosphère est quadruplé et passe de 280 parties par million (ppm) – le taux estimé en 1750 avant la révolution industrielle – à 1 120ppm. Dans le premier scénario, sans autre action humaine, les températures augmentent globalement de 8 °C. Dans le second, les humains ont réussi à diminuer le rayonnement solaire d’environ 5%, si bien que les températures sont comparables, en moyenne, à celles de 1750. L’effet attendu sur les températures est donc au rendez-vous, sauf que les pluies décroissent pratiquement partout : « En Europe du Nord, on observe une diminution des précipitations pouvant aller jusqu’à 20%, indique Olivier Boucher, du Laboratoire de météorologie dynamique 2, à Palaiseau, coauteur de ces travaux. En comparaison, le seul réchauf fement climatique conduit à une augmentation des précipitations. » Et, qui dit chute des précipitations, dit risque accru de sécheresse… Comment expliquer cet effet secondaire indésirable ? « En diminuant le rayonnement solaire, l’être humain limite aussi la quantité d’énergie qui chauffe les océans et les terres émergées. Or, moins d’énergie, c’est moins d’évaporation et donc moins de nuages chargés en pluies », explique le chercheur, qui considère que « conduire dès aujourd’hui des expériences dans l’atmosphère serait prématuré, d’autant que bien des aspects liés à la géo-ingénierie peuvent être étudiés avec les modèles dont on dispose. » 1. Earth System Dynamics, 2012, vol. 3, n°1,pp. 63-78. 2. Unité CNRS/ENS/UPMC/École polytechnique. CONTACT : Laboratoire de météorologie dynamique, Palaiseau Olivier Boucher > olivier.boucher@lmd.jussieu.fr © SUNG-IL KIM/CORBIS biologie i Les cellules à l’origine de la fibrose, maladie parfois mortelle caractérisée par une hypercicatrisation, ont été identifiées par des chercheurs du CNRS et de l’Institut Pasteur. Observées dans la peau et le muscle squelettique chez la souris, il s’agit de fibroblastes surproducteurs de collagène exprimant la protéine Adam12. Cibler ces fibroblastes pathologiques pourrait s’avérer une thérapie efficace. écologie i D’après une étude franco-américaine à laquelle ont participé des chercheurs du CNRS, l’apparition de champignons digérant efficacement le bois, il y a 300 millions d’années, expliquerait en partie l’arrêt de la formation de charbon par fossilisation des débris végétaux. Cette étude qui a permis de saisir le processus de dégradation du bois par les champignons devrait intéresser le secteur des bioénergies. anthropologie i Des dents appartenant à trois genres d’hominidés analysées par des chercheurs du CNRS révèlent des régimes alimentaires bien différents. Il y a environ 2 millions d’années, les australopithèques, qui se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient (carcasses d’animaux, baies, etc.) ont laissé place aux paranthropes, uniquement herbivores, et aux Homo, plutôt carnivores. physique i Une nanoantenne optique a été mise au point par des chercheurs du CNRS et de l’université d’Aix-Marseille à partir d’ADN, d’or et d’une molécule fluorescente qui capte et émet de la lumière. Cette découverte pourrait faciliter le développement de diodes luminescentes plus efficaces, de cellules solaires plus compactes et de détecteurs plus rapides. Plus d’actualités sur www2.cnrs.fr/presse/ |