CNRS Le Journal n°268 sep/oct 2012
CNRS Le Journal n°268 sep/oct 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°268 de sep/oct 2012

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,5 Mo

  • Dans ce numéro : La Nature pour modèle

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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01 w 12 | Actualités CNRS I LE JOURNAL Environnement Ingénierie climatique : gare aux effets secondaires ! PAR GAËLLE LAHOREAU w Sels marins, aérosols soufrés… Injecter des particules réfléchissantes dans l’atmosphère est une piste évoquée pour enrayer le réchauffement climatique en limitant le rayonnement solaire qui atteint la Terre. Ces solutions, dites d’ingénierie climatique ou de géo-ingénierie, fleurissent depuis la publication en 2006 d’un article de Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie. Mais des simulations publiées en juin dans Earth System Dynamics 1 montrent que la pluviométrie serait perturbée, avec notamment une chute en 02 03 01 Injecter des particules réfléchissantes dans l’atmosphère entraînerait des sécheresses. 02 03 Écarts de précipitations par rapport au niveau préindustriel (en bleu, les hausses ; en rouge, les baisses) selon que la hausse de CO 2 est compensée (02) ou non (03) par une baisse du rayonnement solaire. © CREATIVE COMMON LICENSE Europe du Nord, en Asie du Sud-Est et en Amérique. Pour le prouver, deux scénarios extrêmes ont été testés dans divers modèles climatiques. Leur hypothèse commune : à cause des activités humaines, le taux de CO 2 dans l’atmosphère est quadruplé et passe de 280 parties par million (ppm) – le taux estimé en 1750 avant la révolution industrielle – à 1 120ppm. Dans le premier scénario, sans autre action humaine, les températures augmentent globalement de 8 °C. Dans le second, les humains ont réussi à diminuer le rayonnement solaire d’environ 5%, si bien que les températures sont comparables, en moyenne, à celles de 1750. L’effet attendu sur les températures est donc au rendez-vous, sauf que les pluies décroissent pratiquement partout : « En Europe du Nord, on observe une diminution des précipitations pouvant aller jusqu’à 20%, indique Olivier Boucher, du Laboratoire de météorologie dynamique 2, à Palaiseau, coauteur de ces travaux. En comparaison, le seul réchauf fement climatique conduit à une augmentation des précipitations. » Et, qui dit chute des précipitations, dit risque accru de sécheresse… Comment expliquer cet effet secondaire indésirable ? « En diminuant le rayonnement solaire, l’être humain limite aussi la quantité d’énergie qui chauffe les océans et les terres émergées. Or, moins d’énergie, c’est moins d’évaporation et donc moins de nuages chargés en pluies », explique le chercheur, qui considère que « conduire dès aujourd’hui des expériences dans l’atmosphère serait prématuré, d’autant que bien des aspects liés à la géo-ingénierie peuvent être étudiés avec les modèles dont on dispose. » 1. Earth System Dynamics, 2012, vol. 3, n°1,pp. 63-78. 2. Unité CNRS/ENS/UPMC/École polytechnique. CONTACT : Laboratoire de météorologie dynamique, Palaiseau Olivier Boucher > olivier.boucher@lmd.jussieu.fr © SUNG-IL KIM/CORBIS biologie i Les cellules à l’origine de la fibrose, maladie parfois mortelle caractérisée par une hypercicatrisation, ont été identifiées par des chercheurs du CNRS et de l’Institut Pasteur. Observées dans la peau et le muscle squelettique chez la souris, il s’agit de fibroblastes surproducteurs de collagène exprimant la protéine Adam12. Cibler ces fibroblastes pathologiques pourrait s’avérer une thérapie efficace. écologie i D’après une étude franco-américaine à laquelle ont participé des chercheurs du CNRS, l’apparition de champignons digérant efficacement le bois, il y a 300 millions d’années, expliquerait en partie l’arrêt de la formation de charbon par fossilisation des débris végétaux. Cette étude qui a permis de saisir le processus de dégradation du bois par les champignons devrait intéresser le secteur des bioénergies. anthropologie i Des dents appartenant à trois genres d’hominidés analysées par des chercheurs du CNRS révèlent des régimes alimentaires bien différents. Il y a environ 2 millions d’années, les australopithèques, qui se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient (carcasses d’animaux, baies, etc.) ont laissé place aux paranthropes, uniquement herbivores, et aux Homo, plutôt carnivores. physique i Une nanoantenne optique a été mise au point par des chercheurs du CNRS et de l’université d’Aix-Marseille à partir d’ADN, d’or et d’une molécule fluorescente qui capte et émet de la lumière. Cette découverte pourrait faciliter le développement de diodes luminescentes plus efficaces, de cellules solaires plus compactes et de détecteurs plus rapides. Plus d’actualités sur www2.cnrs.fr/presse/
N°268 I SEPTEMBRE-OCTOBRE 2012 Actualités | 13 Écologie Chimie Coup de théâtre dans l’espace PAR XAVIER MÜLLER w Magnifiques paysages nébuleux, les nuages interstellaires denses sont aussi des pouponnières d’étoiles. Étu dier leur chimie, c’est mieux connaître la formation de notre Soleil, du système solaire et la matière qui a bombardé la Terre primitive. On pensait que, dans ces nuages, l’azote était majoritairement présent sous forme moléculaire (N 2). Deux équipes, l’une de l’Institut des sciences moléculaires (ISM) 1, et l’autre du Laboratoire d’astro physique de Bordeaux 2, ont prouvé le contraire 3 : la version moléculaire ne représenterait que de 10 à 20% de l’azote total. Ce démenti s’appuie sur un double travail expérimental et numérique. L’élément central de la partie expérimentale est une tuyère, comparable à celle d’un avion à réaction, qui a permis aux chercheurs de créer des jets de gaz où la température, extrêmement basse (10 K, soit – 263 °C), s’approche de celle qui règne dans les nuages. « Grâce à ce dispositif, nous avons observé que les réactions chimiques qui produisent de l’azote moléculaire sont très peu efficaces dans ces conditions, contrairement à ce que l’on imaginait », raconte Kevin Hickson, de l’ISM. Les simulations numé riques ont alors dévoilé le sort réservé à l’azote : demeurant à l’état atomique, il se fixerait à la surface des grains de poussière dispersés dans le nuage, où il interagirait avec l’hydrogène pour former de l’ammoniac (NH 3). Quel impact ces découvertes ont-elles sur notre connaissance des premiers instants de la Terre ? Elles pourraient bien résou dre le mystère de l’azote des végétaux. En effet, ceux-ci se nourrissent d’azote sous forme atomique exclusivement. Aujourd’hui, ils puisent cet azote dans les rejets de bactéries présentes dans le sol, et non dans l’atmosphère, où l’azote est à l’état moléculaire. Il y a plusieurs centaines de millions d’années, cette aide bactérienne n’existait pas, et les végétaux devaient s’alimenter en azote ailleurs. Mais où ? « Si jamais les espèces chimiques Les guêpes, par l’odeur alléchées… PAR XAVIER MÜLLER w Coquet, le figuier méditerranéen : les individus mâles de cette espèce changent de parfum en été, lorsque les individus femelles des environs sont en fleur. Pour le vérifier, les chercheurs d’une équipe du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (Cefe) 1, à Montpellier, se sont armés d’une sonde olfactive qu’ils ont promenée près de l’arbre fruitier. Ces spécialistes d’écologie chimique (la science des odeurs) viennent de publier l’ensemble de leurs résultats dans la revue Ecology Letters 2. Selon leur étude, le changement d’odeur de l’arbre aurait un but bien précis : forcer les guêpes, insectes pollinisateurs, à visiter les figuiers femelles. Ceuxci sont en effet peu attractifs pour les guêpes qui ne peuvent pas s’y reproduire. Contrairement aux figuiers mâles qui, en échange du transport du pollen, offrent le gîte et le couvert aux larves de la guêpe, réalisant une forme de symbiose avec l’insecte. Alors, quand, aux beaux jours, le bouquet de composés volatils exhalés par les figues mâles se modifie pour ressembler à celui des figues femelles, les pistes se brouillent. Incapables de reconnaître le sexe des arbres, les insectes visitent autant les fleurs femelles que mâles. Selon les chercheurs, la coquetterie du figuier mâle serait responsable du succès de la symbiose entre la guêpe et le figuier. Et elle constituerait la clé du cycle de pollinisation particulièrement singulier de cet arbre dont les mâles fleurissent une première fois au printemps, puis une seconde fois en été, en même temps que les femelles, qui, elles, ne fleurissent qu’à cette saison. survivent à la formation des systèmes solaires, on peut imaginer que l’azote atomique ait été apporté sur notre planète par des météorites ou des poussières issues de notre propre nuage interstellaire originel », propose Kevin Hickson. 1. Unité CNRS/Université Bordeaux-I/IPB. 2. Unité CNRS/Université Bordeaux-I. 3. Travaux publiés dans PNAS, 26 juin 2012, vol. 109, n °26,pp. 10233-10238. CONTACTS : Institut des sciences moléculaires, Talence Kevin Hickson > km.hickson@ism.u-bordeaux1.fr Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux Valentine Wakelam > valentine.wakelam@obs.u-bordeaux1.fr Restait encore à prouver que les insectes sont effectivement sensibles aux variations de parfum du figuier mâle. Pour ce faire, les chercheurs du Cefe ont réussi une première : détecter, lors de la perception d’une odeur, la réponse électrophysiologique de l’antenne des guêpes, alors que celles-ci affichent une taille de seulement 3 millimètres. Grâce à ces résultats, preuve est faite que la coquetterie n’a, pour le figuier, absolument rien d’un vilain défaut ! 1. Unité CNRS/Universités Montpellier-I, -II et -III/SupAgro/Cirad/IRD/Inra/EPHE. 2. Ecology Letters, septembre 2012, vol. 15, n°9,pp. 978-985. q Attirés par son parfum, ces blastophages, insectes parents des guêpes, tentent de s’introduire dans une figue de figuier méditerranéen. CONTACTS : Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Montpellier Martine Hossaert-McKey > martine.hossaert@cefe.cnrs.fr Bertrand Schatz > bertrand.schatz@cefe.cnrs.fr © B. SCHATZ/CNRS PHOTOTHÈQUE



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