CNRS Le Journal n°255 avril 2011
CNRS Le Journal n°255 avril 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°255 de avril 2011

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,5 Mo

  • Dans ce numéro : La supraconductivité prend son envol

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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© R. Ruzgys 01 w 38 Événement wCertains ont déjà témoigné auprès de leurs compatriotes. D’autres n’en ont jamais parlé. Tous sont heureux de se livrer aux micros de ces chercheurs venus parfois de très loin pour recueillir leur histoire. L’histoire de leur vie, entamée en Pologne, en Ukraine, dans les trois États Baltes, en Roumanie, en Hongrie… Et qui a soudain basculé pour se poursuivre dans un camp de travail soviétique ou un village isolé de Sibérie. La voix de ces rescapés ne s’éteindra plus : elle retentit désormais sur la Toile, dans le muséevirtuel sobrement intitulé « Archives sonores-Mémoires européennes du Goulag », que le Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen 1, à Paris, vient de lancer, en collaboration avec la radio RFI, le Centre Marc-Bloch de Berlin, le Cefres 2 de Prague et le Centre franco-russe de recherches en sciences sociales et humaines de Moscou. « Avant et après la Seconde Guerre mondiale, près d’un million d’Européens ont été déportés, raconte Alain Blum, l’un des trois fondateurs du projet. Les technologies numériques nous permettent aujourd’hui de reconstituer une histoire collective à partir des témoignages individuels. » L’idée du site est née un jour de printemps 2005, lors d’une rencontre entre Alain Blum, | Culture cnrs I LE JOURNAL Les voix du Goulag © V. ARRAK 02 01 03 04 05 Photos de déportés dans les camps du Goulag et les villages isolés de Sibérie. 02 Dessin du train de déportation, au départ de Tartu, en Estonie (1949). sa collègue Marta Craveri et Valérie Nivelon, journaliste à RFI. Pour le financer, les chercheurs déposent un projet à l’Agence nationale de la recherche, qui sera accepté en 2007. De son côté, RFI fournira des moyens techniques, et surtout son expérience de la voix et de la prise de son. Jamais pareille entreprise transfrontalière n’a été menée. Des témoignages ont certes déjà été recueillis, mais toujours dans un cadre strictement national. EN LIGNE. > http:Ilmuseum.gulagmemories.eu Treize scientifiques européens – des anthropologues, des géographes, des historiens et des sociologues –, de huit nationalités différentes, partent donc à la recherche des rescapés des goulags dans leurs pays d’origine ou d’accueil, voire en Sibérie et au Kazakhstan pour ceux qui sont restés là où ils avaient été déportés, soixante ans plus tôt. Ils vont en retrouver 160. Qui sont-ils ? « Avant la guerre, ce sont surtout des membres des élites économiques, socia les ou politiques des pays nouvellement annexés », explique Marta Craveri. Après la guerre, les arrestations et déportations concernent les collaborateurs des nazis, vrais ou supposés, les combattants nationalistes et tous ceux qui sont soupçonnés de les aider, souvent des paysans. Des villages entiers sont brûlés, et les populations envoyées en Sibérie. Dans les camps du Goulag et les villagesperdus dans la taïga, la vie s’organise
N°255 I avril 2011 Culture | 39 w tant bien que mal. Les témoins parlent de la faim, de la maladie, du travailharassant dans les champs, les scieries ou les mines… Mais aussi de moments de joie. À la mort de Staline, en 1953, les prisonniers sont peu à peu libérés, les exilés ont l’espoir de rentrer au pays, mais leur retour ne sera pas facile : les anciensdéportés sont isolés, leurs biens ont été saisis. Certains restent sur place, par choix ou par nécessité. Dans le musée virtuel, tous ces récits, agrémentés de textes, de photos et de vidéos, se croisent pour construire une histoire que beaucoup d’Européens ignorent. Mais qui fait désormais partie de leur mémoire commune. F. D. 1.Unité CNRS/EHESS. 2. Unité CNRS/Ministère des Affaires étrangères. Contacts : Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, Paris Alain Blum > blum@ehess.fr Marta Craveri >m.craveri@noos.fr 03 04 05 © J. Eidikavicius © E. LoHMUS © R. Ruzgys livre i Une démocratie corruptible Arrangements, favoritisme et conflits d’intérêts Pierre Lascoumes, Seuil, coll. « La république des idées », 112 p. – 11,50 € wRégulièrement, la classe politique française est secouée par un scandale. Tel élu a utilisé des fonds publics pour son usage privé, tel autre a accordé des passedroits à ses amis ou aux membres de sa famille, un autre encore est plongé dans des conflits d’intérêts. Accusés de corruption, ces hommes et femmes politiques sont assez peu inquiétés : ils gardent leurs fonctions et sont parfois réélus. Pourquoi les citoyens ne les sanctionnent-ils pas ? Le sociologue Pierre Lascoumes tente de comprendre ce paradoxe : alors que leur défiance vis-à-vis de la classe politique et des instances publiques est de plus en plus grande, les Français font montre d’une réelle indulgence à leur égard. Un ouvrage particulièrement instructif sur les ambiguïtés de la démocratie. livre i Une histoire de la médecine Ou le souffle d’Hippocrate Jean-Claude Ameisen, Patrick Berche et Yvan Brohard, Université Paris-Descartes/Éditions de La Martinière, 224 p. – 35 € wSur la façade monumentale du centre des Saints-Pères de l’université Paris- Descartes, on peut voir 45 médaillons gravés illustrant l’histoire de la médecine. Ces médaillons ont inspiré les trois auteurs pour relater la grande aventure médicale. L’ouvrage, divisé en trois grands chapitres – le corps, le monde invisible et l’esprit – et magnifiquement illustré, traverse ainsi les âges, de l’Antiquité à nos jours, et nous conte les tâtonnements et les progrès d’une science dont l’homme est le pilier. livres i Les Premières Cités et la Naissance de l’écriture Pascal Vernus (dir.), Actes Sud/Alphabets, 208 p. – 24 € Archéologues et historiens relatent la naissance de l’écriture en différents endroits de la planète et exposent les nouvelles découvertes, dont certaines modifient les dates et les lieux de ses premiers balbutiements. L’Écologie des autres. L’anthropologie et la question de la nature Philippe Descola, Éditions Quæ, coll. « Sciences en questions », 112 p. – 8,50 € Le texte d’une conférence donnée par Philippe Descola, directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale, qui milite pour que l’anthropologie se libère enfin du dualisme entre nature et culture, et renonce à l’anthropocentrisme pour sortir des débats entre déterminismes naturels et culturels. Climat. Une planète et des hommes Aline Chabreuil et Michel Petit (dir.), Cherche Midi, 336 p. – 18 € Vingt-six chercheurs français de renom international s’allient pour expliquer le changement climatique et répondent par la même occasion aux « climato-sceptiques ». La Vie écrite. Thérèse de Lisieux Philippe Artières, Les Belles Lettres, coll. « Histoire de profil », 242 p. – 25 € Une plongée dans les écrits de la carmélite Thérèse Martin, plus connue sous le nom de sainte Thérèse de Lisieux, et dans ceux qu’elle suscita, d’où émerge le portrait de la société française aux lendemains de la Commune. Les Langues de bois Hermès n°58, cnrs Éditions, 230 p. – 25 € Allocutions fleuves des dictateurs ou prose convenue des politiciens démocrates, la langue de bois se retrouve partout, dans des formes variées. Dans ce numéro d’Hermès, des spécialistes de la communication étudient l’éventail de ces discours et cherchent à définir ce qui fait la langue de bois.



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