© NASA/HST/CXC/ASU/J. Hester eTAL. w Médecine 10 | Actualités cnrs I LE JOURNAL Des plasmas contre les tumeurs par Clementine WALLAce wParce que certaines tumeurs résistent encore bel et bien aux traitements anticancéreux, la médecine s’intéresse toujours à de nouvelles approches thérapeutiques. Dans ce contexte, des travaux publiés en janvier dans la revue Plasma Medicine par des chercheurs français viennent de confirmer que l’usage de plasmas froids pourrait représenter une nouvelle voie. Les plasmas froids sont des gaz excités par des décharges électriques dans lesquels des électrons, des ions et différentes espèces chimiques induisent, à température ambiante, des réactions que l’on obtient généralement en chauffant énormément les matériaux. « Utilisés dans de nombreux domaines industriels, ces plasmas commencent à être employés dans le domaine médical. Par exemple, pour décontaminer et favoriser q Sur cette image, la nébuleuse du Crabe est observée à la fois dans le domaine des rayons X (en bleu) et dans celui de la lumière visible (en rouge). la croissance de tissus dans le traitement d’ulcères dermatologiques difficiles à cica triser », explique Éric Robert, du Groupe derecherches sur l’énergétique des milieux ionisés (Gremi) 1 d’Orléans. La littérature ayant aussi suggéré des effets sur des cellules cancéreuses in vitro, le Gremi, en collaboration avec le Centre d’imagerie du petit animal (Cipa) 2 d’Orléans, s’est lancé dans l’étude de ces effets in vivo 3. Pour cela, les chercheurs ont greffé sur des souris des glioblastomes, des tumeurs du cerveau humain très résistantes aux thérapies conventionnelles. Lorsque les tumeurs atteignaient un volume de 100 mm 3, les souris étaient traitées six minutes par jour, pen- dant cinq jours consécutifs, avec un plasma à 200 hertz. Dès l’arrêt du traitement, les chercheurs ont observé que le volume tumoral avait diminué de plus de moitié. À plus long terme, l’espérance de vie des souris traitées était de 60% supérieure à celle des souris non traitées. « Le but est d’arriver à induire une véritable régression de la tumeur en agissant sur la tension, la fréquence et la durée d’exposition », indique Éric Robert. Les chercheurs reproduisent désormais leurs expériences sur d’autres types de tumeurs, comme celles du côlon, du poumon et du pancréas. 1. Unité CNRS/Université d’Orléans. 2. Composante du laboratoire Transgénèse et archivage d’animaux modèles (Taam) du CNRS. 3. Le projet est soutenu par l’APR Région Centre, Plasmed, les sociétés Germitec et Inel. De bien étranges sursauts spatiaux wLa nébuleuse du Crabe, située à 6 300 années-lumière de la Terre, intrigue les astrophysiciens. C’est que ce vestige de supernova vient d’émettre deux « bouffées » de rayons gamma – des signaux lumineux très énergétiques – d’une violence exceptionnelle : l’une, en janvier 2009, d’une durée de seize jours au cours desquels le flux de rayons gamma a quadruplé par rapport à la normale ; l’autre, en septembre 2010, plus brève mais encore plus intense. « Nous ne nous attendions absolument pas à de tels flashs de rayons gamma », commente Marianne Lemoine- Goumard, du Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan 1. La scientifique a participé à la publication, en février, dans la revue Science, de ces observations obtenues grâce au télescope spatial Glast, projet dans lequel le cnrs est impliqué. « Tout indique que ces sursauts d’activité ne proviennent pas du pulsar – une étoile à neutrons qui tourne à toute vitesse sur elle-même – qui se trouve au centre de la nébuleuse, mais d’une région très proche et très compacte entourant le pulsar », poursuit-elle. Reste à élucider l’origine de tels phénomènes. « Nous devons maintenant attendre qu’un nouveau sursaut se produise pour lancer des observations dans des longueurs d’ondes qui nous permettront de sonder ce qui se passe à proximité immédiate du pulsar », conclut la chercheuse. P.T.-V. 1. Unité CNRS/Université Bordeaux-I. contact : Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan Marianne Lemoine-Goumard > lemoine@cenbg.in2p3.fr Contacts : Transgénèse et archivage d’animaux modèles, Orléans Stéphanie Lerondel > stephanie.lerondel@cnrs-orleans.fr Groupe de recherches sur l’énergétique des milieux ionisés, Orléans Éric Robert > eric.robert@univ-orleans.fr |