CNRS Le Journal n°255 avril 2011
CNRS Le Journal n°255 avril 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°255 de avril 2011

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,5 Mo

  • Dans ce numéro : La supraconductivité prend son envol

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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© NASA/HST/CXC/ASU/J. Hester eTAL. w Médecine 10 | Actualités cnrs I LE JOURNAL Des plasmas contre les tumeurs par Clementine WALLAce wParce que certaines tumeurs résistent encore bel et bien aux traitements anticancéreux, la médecine s’intéresse toujours à de nouvelles approches thérapeutiques. Dans ce contexte, des travaux publiés en janvier dans la revue Plasma Medicine par des chercheurs français viennent de confirmer que l’usage de plasmas froids pourrait représenter une nouvelle voie. Les plasmas froids sont des gaz excités par des décharges électriques dans lesquels des électrons, des ions et différentes espèces chimiques induisent, à température ambiante, des réactions que l’on obtient généralement en chauffant énormément les matériaux. « Utilisés dans de nombreux domaines industriels, ces plasmas commencent à être employés dans le domaine médical. Par exemple, pour décontaminer et favoriser q Sur cette image, la nébuleuse du Crabe est observée à la fois dans le domaine des rayons X (en bleu) et dans celui de la lumière visible (en rouge). la croissance de tissus dans le traitement d’ulcères dermatologiques difficiles à cica triser », explique Éric Robert, du Groupe derecherches sur l’énergétique des milieux ionisés (Gremi) 1 d’Orléans. La littérature ayant aussi suggéré des effets sur des cellules cancéreuses in vitro, le Gremi, en collaboration avec le Centre d’imagerie du petit animal (Cipa) 2 d’Orléans, s’est lancé dans l’étude de ces effets in vivo 3. Pour cela, les chercheurs ont greffé sur des souris des glioblastomes, des tumeurs du cerveau humain très résistantes aux thérapies conventionnelles. Lorsque les tumeurs atteignaient un volume de 100 mm 3, les souris étaient traitées six minutes par jour, pen- dant cinq jours consécutifs, avec un plasma à 200 hertz. Dès l’arrêt du traitement, les chercheurs ont observé que le volume tumoral avait diminué de plus de moitié. À plus long terme, l’espérance de vie des souris traitées était de 60% supérieure à celle des souris non traitées. « Le but est d’arriver à induire une véritable régression de la tumeur en agissant sur la tension, la fréquence et la durée d’exposition », indique Éric Robert. Les chercheurs reproduisent désormais leurs expériences sur d’autres types de tumeurs, comme celles du côlon, du poumon et du pancréas. 1. Unité CNRS/Université d’Orléans. 2. Composante du laboratoire Transgénèse et archivage d’animaux modèles (Taam) du CNRS. 3. Le projet est soutenu par l’APR Région Centre, Plasmed, les sociétés Germitec et Inel. De bien étranges sursauts spatiaux wLa nébuleuse du Crabe, située à 6 300 années-lumière de la Terre, intrigue les astrophysiciens. C’est que ce vestige de supernova vient d’émettre deux « bouffées » de rayons gamma – des signaux lumineux très énergétiques – d’une violence exceptionnelle : l’une, en janvier 2009, d’une durée de seize jours au cours desquels le flux de rayons gamma a quadruplé par rapport à la normale ; l’autre, en septembre 2010, plus brève mais encore plus intense. « Nous ne nous attendions absolument pas à de tels flashs de rayons gamma », commente Marianne Lemoine- Goumard, du Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan 1. La scientifique a participé à la publication, en février, dans la revue Science, de ces observations obtenues grâce au télescope spatial Glast, projet dans lequel le cnrs est impliqué. « Tout indique que ces sursauts d’activité ne proviennent pas du pulsar – une étoile à neutrons qui tourne à toute vitesse sur elle-même – qui se trouve au centre de la nébuleuse, mais d’une région très proche et très compacte entourant le pulsar », poursuit-elle. Reste à élucider l’origine de tels phénomènes. « Nous devons maintenant attendre qu’un nouveau sursaut se produise pour lancer des observations dans des longueurs d’ondes qui nous permettront de sonder ce qui se passe à proximité immédiate du pulsar », conclut la chercheuse. P.T.-V. 1. Unité CNRS/Université Bordeaux-I. contact : Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan Marianne Lemoine-Goumard > lemoine@cenbg.in2p3.fr Contacts : Transgénèse et archivage d’animaux modèles, Orléans Stéphanie Lerondel > stephanie.lerondel@cnrs-orleans.fr Groupe de recherches sur l’énergétique des milieux ionisés, Orléans Éric Robert > eric.robert@univ-orleans.fr
N°255 I avril 2011 Actualités | 11 par Sebastián Escalón Cognition Pour comprendre la signification d’un sourire, il semblerait que nous mimions inconsciemment son auteur afin de saisir son état d’esprit. Une imitation qui fait sourire Franc, dédaigneux, embarrassé, hypocrite… Aucune autre expression du visage ne peut prendre autant de significations que le sourire. Alors, au quotidien, comment parvienton à en saisir le sens ? Bien que la recherche sur le sujet soit très active, il lui manquait un cadre théorique permettant d’interpréter un fourmillement d’observations éparses. Une équipe franco-allemande menée par Paula Niedenthal, directrice de recher ches CNRS au Laboratoire de psychologie sociale et cognitive 1, à Clermont- Ferrand, vient d’apporter l’ambitieuse théorie qui faisait défaut : le modèle de la simulation des sourires 2. q Il existe de très nombreux types de sourires, adaptés aux différents messages qu’ils peuvent servir à véhiculer. Mais il arrive souvent que cette expression faciale se révèle bien ambiguë… des expressions de trois types « Nous avons d’abord défini trois catégories de sourires : les sourires d’affiliation, qui visent à établir ou à renforcer les liens sociaux ; les sourires de dominance, servant à marquer une hiérarchie ; et enfin les sourires de plaisir, qui récompensent entre autres, celui qui les reçoit », explique Paula Niedenthal. Lorsqu’un sourire est ambigu, c’est-à-dire dans la plupart des cas, le mécanisme de simulation des sourires que les chercheurs ont détaillé se déclenche. Inconsciemment, notre cerveau et nos muscles s’activent de façon à recréer en nous « l’état d’âme » de notre interlocuteur. D’une part, nos muscles faciaux miment le sourire de la personne en face. Cette mimique peut être si subtile que seule la mesure de l’activité électrique des muscles permet de la détecter. D’autre part, instinctivement, différentes aires de notre cerveau s’activent suivant le sens du sourire : par exemple, devant un sourire jovial, ce sont nos systèmes du plaisir et de la récompense, ainsi que certaines aires bien déterminées du cortex cérébral. Cette stimulation, associée à l’activation des muscles, nous permet d’imiter en nous l’émotion de notre interlocuteur. Et c’est cette imitation qui nous aide à prendre conscience du sens de son sourire. Les chercheurs ont aussi établi que cette simulation des sourires se déclenche automatiquement lorsque celui qui sourit regarde droit dans les yeux celui à qui le sourire est destiné. Pour découvrir ce mécanisme, ils ont montré à un groupe d’étudiants des photos de visages souriants regardant tantôt droit devant et tantôt sur le côté. le rôle important du regard Ils ont ainsi déterminé que le sens donné à un sourire identique pouvait varier selon la direction du regard. Bien entendu, dans la vie réelle, le contexte ou la conversation nous donnent aussi une multitude d’informations servant à interpréter les sourires. Cette théorie peut maintenant servir de point de w départ à de nombreuses recherches. Ainsi, dans le développement émotionnel des enfants, la mimique inconsciente des expressions des autres pourrait avoir un rôle fondamental et encore largement méconnu. 1. Unité CNRS/Université Blaise-Pascal. 2. Article publié en ligne le 20 décembre 2010 dans Behavioral and Brain Sciences. Contact : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, Clermont-Ferrand Paula Niedenthal > niedenthal@wisc.edu © Kurhan/fotoLIA



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