CNRS Le Journal n°254 mars 2011
CNRS Le Journal n°254 mars 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°254 de mars 2011

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,9 Mo

  • Dans ce numéro : Faire face au vieillissement

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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w PAR XAVIER MÜLLER 8 | Actualités CNRS I LE JOURNAL Nanosciences Des équipes françaises ont découvert qu’un phénomène physique, objet de très nombreuses recherches dans le monde, n’était pour l’heure qu’un mirage. La piézorésistance géante était un leurre C’était l’une des découvertes majeures en nanosciences en 2006 : l’observation par des chercheurs de l’université de Californie, à Berkeley, d’une piézorésistance géante dans des nanofils de silicium. La piézorésistance est la faculté d’un matériau à changer de résistance électrique lorsqu’il est étiré ou comprimé. Elle était alors dite géante, car les physiciens américains pensaient voir dans les nanofils un phénomène cent fois plus important que dans les matériaux classiques, tel le silicium massif. UN MIRAGE EXPÉRIMENTAL Rêve d’ingénieur, la piézorésistance géante était rapidement apparue comme le moyen de produire des capteurs de contraintes mécaniques ultrasensibles et économes en énergie. Les portes d’un vaste marché, allant du contrôle qualité des ailes d’avion jusqu’aux accéléromètres des smartphones, s’ouvraient, du moins le pensait-on. Car il semblerait que tout cet enthousiasme repose sur… un château de cartes. Une équipe emmenée par Alistair Rowe, du Laboratoire de physique de la matière condensée 1 de Palaiseau, vient en effet de reléguer la piézorésistance géante au rang d’artéfact, autrement dit de mirage expérimental 2. Au départ, Alistair Rowe ne cherchait pas à jouer les trouble-fête. Quand, avec son collègue SteveArscott, de l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie 3 de Villeneuve-d’Ascq, il décide de reproduire l’expérience de Berkeley, c’est dans l’espoir de mieux comprendre l’effet et d’identifier ensuite d’autres matériaux exhibant une piézorésistance géante. q Dans le cercle rouge, on distingue un microfil de silicium tendu entre deux électrodes roses. Grâce à ce dispositif, les chercheurs ont mis en évidence le malentendu sur la piézorésistance géante. Seulement voilà, lorsque les deux chercheurs déforment à leur tour des nanofils, rien ne se passe comme prévu : « Les mesures de la résistance électrique des nanofils changeaient tout le temps, rien n’était reproductible », se rappelle-t-il. LA PIÉZO FAIT DE LA RÉSISTANCE Une refonte totale du montage expérimental apportera l’explication : la résistance électrique des fils garde en fait la mémoire des mesures précédentes. De là, les pièces du puzzle s’assemblent, et les physiciens comprennent qu’ils n’observent pas en réalité de piézorésistance géante, mais juste des déplacements insoupçonnés de charges électriques entre la surface des nanofils et les électrodes qui y sont branchées. En clair, ils sont en train de mesurer un phénomène que leur instrumentation a créé : une chimère. Selon Alistair Rowe, l’équipe de Berkeley n’aurait pu réaliser en 2006 qu’elle était mystifiée, car elle employait une technique de mesure trop rudimentaire.
N°254 I MARS 2011 Actualités | 9 w « Je m’attends maintenant à ce que toutes les équipes ayant travaillé sur le phénomène reprennent leurs résultats », prévoit le physicien. La piézorésistance géante est-elle morte et enterrée définitivement avec ses promesses d’applications ? Pas si sûr. Les chercheurs espèrent à présent découvrir une forme de piézorésistance géante dans des nanofils sous contrainte où les déplacements de charges électriques seraient mieux contrôlés. La piézorésistance géante va-t-elle ressusciter ? 1. Unité CNRS/École polytechnique. 2. Travaux publiés dans Physical Review Letters en novembre 2010. 3. Unité CNRS/Université Lille-I/Université de Valenciennes/Isen. CONTACT : Laboratoire de physique de la matière condensée, Palaiseau Alistair Rowe > alistair.rowe@polytechnique.edu © S. ARSCOTT/IEMN LE SOLEIL RÉVÈLE SA FACE CACHÉE w Le 7 février 2011, à 3 h 55, les deux satellites de la mission Stereo étaient en opposition, nous dévoilant ainsi pour la première fois l’intégralité du Soleil. « Cette image est hautement symbolique : elle signifie que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l’étude du Soleil », explique Carine Briand, astronome au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique 1, à Meudon. Depuis cette date, les deux sondes jumelles sont braquées sur la moitié de l’astre non observable depuis la Terre. En combinant leurs mesures à celles d’autres satellites qui, au même moment, scrutent la partie visible de l’étoile, les scientifiques ont désormais accès en permanence à une image complète du Soleil. « Ces observations devraient nous permettre de mieux comprendre les mécanismes de déclenchement des éruptions solaires pour que l’on puisse, à terme, être capable de les prévoir », poursuit Carine Briand. Piloté par la Nasa, ce programme international a impliqué plusieurs équipes françaises, notamment du CNRS. Celles-ci ont participé à la conception de trois des quatre instruments embarqués à bord des deux sondes. G. F. 1. Unité CNRS/Observatoire de Paris/Université Paris-Diderot/UPMC. CONTACT : Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique, Meudon Carine Briand > carine.briand@obspm.fr À suivre Météorologie I La campagne ParisFog s’achèvera à la fin du mois. Effectuées à l’aide d’instruments installés sur le Site instrumental de recherche par télédétection atmosphérique, à Palaiseau, les mesures de la visibilité et des propriétés de l’eau atmosphérique doivent permettre de mieux comprendre le cycle de vie des brouillards afin d’en améliorer la prévision. Cette campagne est menée par l’Institut Pierre-Simon-Laplace, le Centre national de recherches météorologiques et le Centre d’enseignement et de recherche en environnement atmosphérique. Électronique I Quelle est l’influence des radiations naturelles sur les circuits électroniques de plus en plus miniaturisés ? Pour le savoir, une équipe du laboratoire Techniques de l’informatique Stereo B q À gauche, photomontage de la face cachée du Soleil, obtenu le 7 février grâce aux deux sondes Stereo. Celles-ci étaient alors alignées avec le Soleil (ci-dessous). Mercure Soleil Vénus Stereo A Terre Février 2011 et de la microélectronique pour l’architecture des systèmes intégrés a développé une carte électronique dotée d’un gigabit de mémoire du commerce pour être utilisée dans des ballons stratosphériques lancés par l’ Onera. Ces vols, dont le prochain aura lieu ce mois-ci à Kiruna, en Suède, permettent de repérer les erreurs critiques générées par les fortes radiations en altitude. © NASA



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