© BRIDGEMAN/GIRAUDON w 38 Événement | Culture CNRS I LE JOURNAL À la découverte des langues q Le mythe de la tour de Babel, représentée ici par Bruegel l’Ancien, évoque les questionnements de l’homme devant la diversité des langues sur Terre. Emilio Bonvini, Joëlle Busuttil et Alain Peyraube (dir.), PUF, coll. « Quadrige/Dicos Poche », 1 744 p. – 49 € w Au nord-ouest du Canada, ils ne sont plus qu’une centaine à parler le peau-de-lièvre. Les Bourouchos du Pakistan, eux, ne se sont mis que très récemment à écrire leur langue, le bourouchaski. Quant aux Basques, ils utilisent une langue qui n’a de liens avec aucune autre et qui serait la plus vieille d’Europe. Ce n’est là qu’un très léger aperçu de la somme d’informations regroupées dans l’impressionnant Dictionnaire des langues paru en janvier aux Presses universitaires de France. Plus de dix ans de labeur et 150 auteurs français et étrangers auront été nécessaires pour éditer ces 1 744 pages consacrées aux langues du monde, à une partie en tout cas : « Aujourd’hui, on considère qu’il existe entre 6 000 et 6 500 langues sur la planète, indique Alain Peyraube, directeur de recherche CNRS au Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale 1, qui a codirigé l’ouvrage avec Emilio Bonvini et Joëlle Busuttil, respectivement directeur de recherche émérite et ingénieure de recherche au CNRS. Notre dictionnaire en compte un peu moins de 200. Le choix a été dicté par leur intérêt scientifique. Il n’était pas question de ne traiter que les langues ayant pignon sur rue. » Des langues les plus courantes aux dialectes les plus obscurs en passant par quelques langues mortes, ce livre fait l’état de l’art en matière de linguistique. « Le dernier dictionnaire francophone des langues remonte au début du xx e siècle, explique Alain Peyraube. Or les connaissances que nous avons aujourd’hui ont considérablement augmenté. » Chaque notice a été construite selon un même plan : une contextualisation historique et culturelle suivie de détails techniques sur la graphie, la phonétique, la syntaxe… Au final, l’ouvrage, destiné à un public cultivé, regorge d’informations, certes parfois absconses pour les non-initiés, mais très souvent passionnantes, en particulier quand elles abordent l’histoire. Il est aussi un témoignage précieux d’une diversité en péril : au moins la moitié des 6 000 langues de l’humanité seraient vouées à disparaître avant la fin du siècle. F. D. 1. Unité CNRS/EHESS/Inalco. CONTACT : Centre de recherches linguistiques sur l’Asie orientale, Paris Alain Peyraube > peyraube@ehess.fr |