w 36 PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE DEMARTHON La Mission pour la place des femmes au CNRS et la Direction des ressources humaines viennent de publier le Livret sur la parité dans les métiers du CNRS. Est-elle atteinte aujourd’hui ? Pascale Bukhari : Non, elle constitue un objectif. Le CNRS emploie 42,6% de femmes, soit un indice de parité (IP) global de 0,74 1. On considère que la parité est atteinte dès lors que cet indice est compris entre 0,95 et 1,05. La situation est néanmoins contrastée selon les métiers. On dénombre ainsi 51,2% de femmes parmi les techni ciens et les ingénieurs, soit un IP de 1,05, mais seulement 32% parmi les chercheurs, soit un IP de 0,47. Si la parité est globalement atteinte chez les techniciens et les ingénieurs, à l’exception des ingénieurs de recherche, elle est donc loin de l’être chez les chercheurs. Comment expliquer cette faible proportion de femmes ? P.B. : L’indice de parité varie selon la discipline. Les femmes représentent plus de 40% des effectifs en sciences de la vie et en sciences humaines et sociales, mais elles ne sont que 15,6% en mathématiques. Leur sous-représentation s’explique en partie par la faiblesse du vivier dans certaines disciplines. Mais pas seulement. À titre d’exemple, en ce qui concerne les recrutements de chargés de recherche de deuxième classe en 2009 toutes disciplines confondues, si une femme a été admise à concourir pour deux hommes, seule une femme pour trois hommes a finalement été recrutée. Quels sont les ressorts qui jouent lors du recrutement ? Chacun doit s’interroger : à compétence et expérience égales, vers quel sexe se porte mon choix ? Et pour quelles raisons ? | On en parle CNRS I LE JOURNAL Vie interne Pascale Bukhari, qui dirige la Mission pour la place des femmes au CNRS, commente le bilan 2008-2009 sur l’égalité des sexes au sein de l’institution. Parité au CNRS : l’état des lieux © J. CHATIN/CNRS PHOTOTHÈQUE INDICE DE PARITÉ. Il indique le ratio entre les femmes et les hommes. q Les femmes sont mieux représentées dans les sciences humaines et sociales que dans les autres disciplines, mais elles y sont aussi plus confrontées au plafond de verre. Se pose également la question de leur accès aux postes à responsabilité… P.B. : À la disparité au recrutement succède en effet une inégalité à l’avancement. Si l’indice général de parité est de 0,47 pour les chercheurs, celui des chargés de recherche lui est supérieur : 0,60. Mais, au cours de la carrière, dans le corps plus élevé des directeurs de recherche, l’indice de parité chute de près de la moitié : 0,32. Cela est particulièrement vrai en sciences biologiques et en sciences humaines et sociales, parmi les disciplines les plus affectées au CNRS par le phénomène dit du plafond de verre. Phénomène qui se renforce encore au sommet de la carrière avec, pour les directrices de recherche de classe exceptionnelle, seulement une femme pour dix hommes. Quelles actions proposez-vous pour favoriser la parité au sein du CNRS ? P.B. : La parution annuelle du Livret sur la parité vise à réduire le décalage entre la perception que l’on a de la réalité et la réalité elle-même. Informer est le premier axe du plan d’action que le CNRS s’est engagé à élaborer dans son contrat d’objectifs 2009-2013 avec l’État afin de veiller à l’équilibre entre femmes et hommes. Les autres axes traitent de la formation et sensibilisation à cet enjeu, du recrutement, des carrières, de l’accès aux postes à responsabilité, de l’articulation entre vie professionnelle et vie privée, de la prévention des discriminations… Un exemple d’action : le partenariat instauré entre la Mission et l’Association femmes et mathématiques, autour de l’organisation du 10 e Forum des jeunes mathématiciennes 2. Ces doctorantes et post-doctorantes, très minoritaires dans leurs laboratoires, ont ainsi pu se constituer un réseau de partage d’informations, d’aide à l’insertion professionnelle et de préparation aux concours de recrutement. D’autres actions pourraient être menées : pour la composition des instances, jurys, etc., il conviendrait de tendre vers l’objectif de 40% de personnes du sexe sousreprésenté, aussi bien pour les membres nommés que pour les élus. Pour les prix, la vigilance devrait s’imposer tant pour la proposition de candidatures que pour la sélection. L’égalité professionnelle entre hommes et femmes est un des éléments de l’attractivité du CNRS. 1. Données 2008-2009. 2. Également soutenu par l’Insmi et l’INS2I, il s’est déroulé du 22 au 24 novembre 2010 au Centre international de rencontres mathématiques (Cirm), à Marseille. À LIRE. > www.cnrs.fr/mpdf/spip.php ? article518 CONTACT : Mission pour la place des femmes au CNRS, Paris Pascale Bukhari > pascale.bukhari@cnrs-dir.fr |