© E. AMICE/CNRS PHOTOTHÈQUE CNRS I LE JOURNAL w 32 | Rubrique Stratégie Développement durable Quel avenir pour le Bassin méditerranéen ? PAR PHILIPPE TESTARD-VAILLANT w Du 30 mars au 1 er avril, 200 chercheurs, décideurs politiques et aménageurs de 25 nationalités se réunissent à Malte lors d’un colloque organisé par le CNRS 1 et douze autres institutions françaises 2. Une réunion d’envergure pour un enjeu essentiel : l’avenir de l’espace méditerranéen. Du fait de son climat et de sa structure géographique et géodynamique, l’aire méditerranéenne apparaît aujourd’hui comme particulièrement vulnérable aux risques naturels et aux impacts du changement global. Et ce qu’ils soient directement d’origine climatique (événements extrêmes associés au cycle de l’eau, activité sismique et volcanique…) ou liés aux évolutions des sociétés (pression démographique, urbanisation, artificialisation du littoral, pollutions en tout genre…). « L’ensemble du Bassin méditerranéen est affecté par des évolutions qui, si l’on ne fait rien, risquent d’entraîner une sévère dégra dation de son habitabilité », confirme Étienne Ruellan, de l’Institut national des sciences de l’Univers (Insu) du CNRS. Objectif de la réunion maltaise, promouvoir l’essor international de Mistrals, un programme décennal multidisciplinaire qui implique déjà des pays européens et du pourtour méditerranéen afin d’anticiper, à l’horizon d’un siècle, l’évolution des écosystèmes et des sociétés humaines de la Méditerranée. Et de contribuer ainsi, grâce aux données d’observation, d’expérimentation et de modélisation recueillies, à l’adoption Innovation Plus de sécurité pour les plongeurs q Une nouvelle technologie pourrait faire baisser le nombre d’accidents dits de désaturation. PAR VAHÉ TER MINASSIAN w Côtoyer les poissons des profondeurs n’est pas sans danger. Parmi les risques qui guettent les plongeurs, l’accident de désaturation survient lors d’une remontée trop rapide, lorsque de microbulles d’azote gazeux se forment dans les tissus puis dans le sang. S’ensuivent des douleurs articulaires, voire des paralysies partielles ou totales… Malgré les procédures de sécurité qui consistent à respecter des paliers de décompression, on compte entre un et cinq accidents de ce type pour 10 000 plongées effectuées. Une innovation du Laboratoire de mécanique et d’acoustique 1, à Marseille, et de l’entreprise BF Systèmes, à Toulon, pourrait faire baisser ce chiffre. Réunies depuis septembre dernier dans le projet Bora, soutenu par le pôle de compétitivité Mer- Paca et bénéficiant du financement de la Direction générale de l’armement, ces équipes ont en effet mis au point un dispositif capable de mesurer le taux de bulles d’un individu au cours de son périple sous- marin. La solution retenue fait appel à un capteur placé contre la peau émettant des ultrasons selon le principe de l’échographie. Ce sondage acoustique permet de détecter et de compter les de mesures concrètes qui favoriseront le développement durable de la région. « Nous souhaitons aussi lancer de nouvelles actions pour mieux comprendre les mécanismes qui modèlent et influencent les paysages, l’environnement et l’anthropisation du monde méditerranéen », ajoute Étienne Ruellan. 1. Le colloque est organisé par l’Insu avec la collaboration de l’INSHS et de l’Inee. 2. Ademe, BRGM, CEA, Cirad, Cemagref, Cnes, Ifremer, IFP, Inra, IRD, IRSN, Météo-France. Avec le CNRS, ils constituent le CIO-Mistrals. CONTACTS : Institut de recherche pour le développement, Le Caire Abdelghani Chehbouni > ghani.chehbouni@ird.fr Institut national des sciences de l’Univers, La Seyne-sur-Mer Étienne Ruellan > etienne.ruellan@dt.insu.cnrs.fr microbulles. « Actuellement, cette donnée ne peut être déter minée qu’à la sortie de l’eau par un opérateur, ce qui oblige le plongeur à suivre des procédures de remontée définies à l’avance, explique Axel Barbaud, directeur général de BF Systèmes. Effectuer cette opération de façon automatisée pendant et après la plongée pourrait amener à personnaliser les paliers en fonction de la physio logie de chaque plongeur. Ce qui devrait contribuer à écarter la possibilité d’un accident. » Le système fait déjà l’objet de campagnes d’essais. De nouvelles améliorations sont attendues : les chercheurs voudraient par exemple l’adapter aux besoins d’autres professions comme les tunneliers ou les personnes soumises à un milieu hyperbare, notamment lors de certaines appli cations médicales. 1. Unité CNRS/Université de Provence/Centrale Marseille/Université de la Méditerranée. CONTACTS : Laboratoire de mécanique et d’acoustique, Marseille Philippe Lasaygues > lasaygues@lma.cnrs-mrs.fr BF Systèmes, Toulon Axel Barbaud > contact@bf-systemes.fr |