CNRS Le Journal n°254 mars 2011
CNRS Le Journal n°254 mars 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°254 de mars 2011

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,9 Mo

  • Dans ce numéro : Faire face au vieillissement

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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07 16 Visionnez un extrait du film Golem Grad, l’île aux reptiles et une sélection de photos sur le journal feuilletable en ligne > www2.cnrs.fr/journal 08 | En images CNRS I LE JOURNAL 07 Les trois scientifiques collectent par poignées des couleuvres tessellées sur les berges de Golem Grad. Celles-ci, placées dans de petits sacs numérotés en coton, seront relâchées à l’endroit de la capture après un examen. 08 Mesure de la longueur d’un des spécimens femelles collectés. 09 La taille des mâchoires d’une couleuvre tessellée noire est également relevée. Sa couleur lui permet probablement d’absorber une plus grande quantité de chaleur et donc de se protéger du froid. 10 Marquage individuel d’une vipère ammodyte, autre espèce de serpent relativement abondante sur l’île : des demi-écailles ventrales sont coupées suivant un code précis. Ces marques légères serviront à identifier l’animal s’il est à nouveau capturé. 09 10 nous avons déjà marqué 3 000 serpents et 2 500 tortues, des chiffres que l’on atteint normalement en une décennie ! Dans ces conditions exceptionnelles, nos recherches avancent à grands pas. » Xavier Bonnet et ses collaborateurs ont déjà émis plusieurs hypothèses pour expliquer les phénomènes étranges qu’abrite l’île. La couleur noire permet probablement aux couleuvres d’absorber plus de chaleur et ainsi de se protéger du froid. « Nous avons cependant observé que les couleuvres tessellées ne naissent pas noires, mais le deviennent au cours de leur vie », note le biologiste. Parés trop tôt de cet habit voyant, les jeunes serpents seraient des proies faciles pour les prédateurs tels que les oiseaux et les loutres. Quant aux tortues mâles, deux scénarios peuvent expliquer leur surreprésentation sur les plateaux, et donc leur tendance à l’homosexualité. « Sur les hauteurs, il fait plus chaud qu’en bas, commente Xavier Bonnet. La température d’incubation dans les nids est donc probablement supérieure, ce qui a tendance à produire des mâles. Autre piste : nous avons remarqué que les mâles des plages s’aventurent plus volontiers que les femelles vers le haut en empruntant les rares passages de l’île qui relient plages et plateau, puis ils s’y installent. » L’équipe internationale est sur le point de publier ses résultats et prépare activement sa prochaine expédition. Car les tortues et les serpents tatoués de l’île de Golem Grad ont encore bien des choses à révéler sur leur étrange écosystème. 1. Unité CNRS. CONTACT : Centre d’études biologiques de Chizé, Beauvoir-sur-Niort Xavier Bonnet > xavier.bonnet@cebc.cnrs.fr © PHOTOS : L. RONAT/CNRS IMAGES
N°254 I MARS 2011 Décryptage | 17 Histoire Il y a tout juste cent ans, Marie Curie recevait son second prix Nobel. À l’occasion de la Journée mondiale de la femme, Hélène Langevin-Joliot revient sur sa carrière emblématique. Le parcours hors norme de Marie Curie PAR ÉMILIE BADIN « Marie Curie, féministe ? s’interroge Hélène Langevin- Joliot, sa petite-fille. Elle n’a jamais été l’instigatrice de revendications, mais elle était persuadée de l’égalité intellectuelle entre les hommes et les femmes. » Il fallait bien cette intime conviction, à contre-courant des mœurs de son temps, pour que Marya Sklodowska, arrivée à Paris de Varsovie en 1891, décroche deux prix Nobel. Celui de physique, en 1903, avec son mari, Pierre Curie, pour ses travaux sur la radioactivité, que le couple partage avec Henri Becquerel. Puis celui de chimie, en 1911, dont on célè bre le centenaire, pour avoir découvert le polonium et le radium, et isolé ce dernier. Si ce parcours est aujourd’hui légendaire, il fut semé d’obstacles érigés par les tenants d’une société paternaliste que le génie de Marie Curie venait bousculer. Ainsi, sans l’intervention d’un académicien suédois et l’insistance de Pierre, elle n’aurait pas été associée au prix Nobel de 1903. « Alors que c’est elle, rappelle Hélène Langevin-Joliot, qui a établi le caractère atomique du rayonnement de l’uranium et dénommé radio activité le phénomène d’émission spontanée qu’elle observe dans plusieurs éléments, dont le polonium et le radium. » En 1906, la mort brutale de son mari provoque un tel émoi qu’en dépit du conservatisme ambiant, Marie Curie se voit confier la charge du cours de physique que Pierre dispensait à la Sorbonne. Elle devient la première femme à y occuper une chaire. « Dans un numéro de L’Illustration, un auteur, que je soupçonne être Anatole France, avait saisi l’occasion pour railler le machisme de l’époque, raconte Hélène Langevin-Joliot : « C’est une grande victoire féministe que nous célébrons en ce jour. Si la femme est admise à donner l’enseignement aux deux sexes, où sera la prétendue supériorité de l’homme mâle ? En vérité, je vous le dis, le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains. » » Marie sait pertinemment qu’elle ne doit cette « victoire » qu’au décès de son mari. Elle perd d’ailleurs une bataille quand, en 1911, on lui refuse l’entrée à l’Académie des sciences. Qu’importe, elle poursuit ses recherches. « Elle était de nature timide, mais prit de l’assurance au fil de sa vie, indique Hélène Langevin-Joliot. Lors des réunions à l’étranger, elle défendait énergiquement son laboratoire, au point que certains la trouvaient encombrante. » Évidemment, rien n’empêche sa figure d’héroïne des sciences de s’imposer dans le monde entier. En France, son exemple a sans doute poussé les femmes à embrasser des carrières scientifiques. « Aux États-Unis, cela n’a pas été si simple, remarque Hélène Langevin-Joliot : plus individualistes et plus préoccupées par l’idée d’être « the best », les Américaines ont pu être découragées par ce parcours impossible à égaler. » Mais le succès n’était pas un but en soi pour Marie Curie. Avec son mari et ses filles, elle savait alterner recherche et loisirs. « L’essentiel pour elle et Pierre, et plus tard pour mes parents, souligne sa petite-fille, c’était le plaisir de la découverte, même si elle est de faible importance. » C’est sans doute pour éviter aux jeunes l’écueil de l’intimidation que, lors de l’inaugu ration de l’Année mondiale de la chimie, à l’Unesco, en janvier 2011, Hélène Langevin-Joliot a insisté pour « ne pas faire de Marie Curie un mythe ». Tout juste une grande dame de la science. © ACJC-FONDS CURIE ET JOLIOT-CURIE HÉLÈNE LANGEVIN-JOLIOT Petite-fille de Pierre et Marie Curie, cette physicienne est directrice de recherche émérite au CNRS. Elle vient de publier Lettres, Marie Curie et ses filles aux éditions Pygmalion. CONTACT : Institut de physique nucléaire d’Orsay Hélène Langevin-Joliot > langevin@ipno.in2p3.fr Visionnez un extrait du film La Radioactivité sur le journal feuilletable en ligne > www2.cnrs.fr/journal DR



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