CNRS Le Journal n°254 mars 2011
CNRS Le Journal n°254 mars 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°254 de mars 2011

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,9 Mo

  • Dans ce numéro : Faire face au vieillissement

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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© ÉQUIPE CASTRO/LORCA w 10 | Actualités CNRS I LE JOURNAL Chimie Un procédé plus propre pour le plastique PAR XAVIER MÜLLER w C’est un petit pas vers la chimie verte qui pourrait bien se transformer en botte de sept lieues. Une équipe de scientifiques a découvert un moyen plus propre de produire les matières plastiques omniprésentes dans notre quotidien. Ces plastiques sont produits par réactions de polymérisation en présence de catalyseurs toxiques comme le nickel ou le chrome. Or les chercheurs ont réussi à générer la polymérisation sans recourir à ces polluants 1. Un tour de force publié en décembre dans Angewandte Chemie, International Edition, qui augure de plastiques plus propres et moins coûteux. Lors de la polymérisation, les catalyseurs sont chargés d’assembler les composés chimiques de base – des hydrocarbures – en une longue chaîne moléculaire. En cherchant de nouveaux catalyseurs, Mostafa Taoufik, du laboratoire Chimie, catalyse, polymères et procédés 2, à Villeurbanne, a eu l’idée de MITOSE. Processus par lequel se divisent presque toutes les cellules de notre corps et qui aboutit à la formation de deux cellules « filles » génétiquement identiques à la cellule « mère ». PAR CLEMENTINE WALLACE POLYMÉRISATION. Réaction chimique entraînant l’union de plusieurs molécules d’un composé pour former une grosse molécule. w Les mécanismes d’action de Greatwall, une protéine qui s’avérerait indispensable dans le déclenchement de la mitose, viennent d’être élucidés. Ce nouveau chef d’orchestre, dont le nom reflète l’ampleur de la mission – Great Wall fait référence à la grande muraille de Chine –, pourrait être une cible thérapeutique mettre à l’épreuve un matériau à base d’alumine (Al 2 O 3) , un composé chimique utilisé pour fabriquer l’aluminium, sur lequel ont été greffés chimiquement des îlots moléculaires formés d’un atome d’aluminium et d’un atome d’hydrogène. « Nous avons été surpris de découvrir que le dérivé d’alumine possédait une efficacité catalytique, même si elle est bien inférieure à celle des catalyseurs usuels », raconte Régis Gauvin, qui a participé à l’étude. Ce dernier appartient à l’Unité de catalyse et de chimie du solide 3, à Villeneuve-d’Ascq. C’est ce même laboratoire qui, à l’aide d’une technique innovante de résonance magnétique nucléaire sur solide, spécificité de l’unité, a a priori percé l’origine du pouvoir catalytique des îlots moléculaires. « Nous avons observé que la liaison aluminium-hydrogène dans les îlots était anormalement forte », décrit Laurent Delevoye, le physicien qui s’est occupé de Biologie L’indispensable protéine Greatwall q La protéine Greatwall est indispensable au bon déroulement de la mitose. Sur ces images, l’ADN de la cellule est marqué en bleu. supplémentaire dans la lutte contre le cancer, selon l’équipe de Thierry Lorca et d’Anna Castro, du Centre de recherche de biochimie macromoléculaire 1 de Montpellier. Jusqu’à présent, la mise en route de la mitose était essentiellement attribuée à l’activation d’une autre protéine, la kinase Cdk1-cycline B. La fonction de Greatwall, elle, restait peu connue. « On pensait qu’elle avait un rôle secondaire, rappelle Thierry Lorca. Mais l’entrée en mitose repose en fait sur l’activation conjointe et indépendante de ces deux protéines. » Ainsi, les chercheurs ont d’abord observé que l’élimination de Greatwall bloque complètement l’entrée en mitose des cellules. Leurs derniers travaux, publiés dans Science, en décembre 2010, décrivent comment la protéine se rend indispensable. Alors que la Cdk1-cycline B agit en activant certains substrats essentiels pour l’entrée en mitose, une enzyme ce volet des recherches. C’est cette particularité qui procurerait son efficacité catalytique au dérivé d’alumine. Que cette efficacité soit modeste face à celle des métaux n’est pas un obstacle à une industrialisation massive. D’après les chercheurs, l’alumine pourrait largement compenser, par sa facilité d’utilisation, sa quasi-innocuité et son coût modeste. 1. Ces recherches ont bénéficié du soutien du réseau RMN Très hauts champs, géré par l’Institut de chimie du CNRS, et qui fait partie des Très grandes infrastructures de recherche. 2. Unité CNRS/Université Claude-Bernard- Lyon-I/CPE Lyon. 3. Unité CNRS/Université Lille-I/ENS Chimie Lille/Centrale Lille/Université d’Artois. CONTACTS : Unité de catalyse et de chimie du solide, Villeneuve-d’Ascq Laurent Delevoye > laurent.delevoye@ensc-lille.fr Chimie, catalyse, polymères et procédés, Villeurbanne Mostafa Taoufik > taoufik@cpe.fr nommée PP2A s’applique à faire exactement le travail inverse ! Or Greatwall inhibe cette enzyme, par l’intermédiaire de deux molécules aussi identifiées par l’équipe : c’est donc grâce à elle que la mitose peut être enclenchée. La création d’inhibiteurs de Greatwall pourrait être une nouvelle approche pour contenir l’évolution de certains cancers, en bloquant les divisions cellulaires incontrôlées qui les caractérisent. « Tous les cancers ne répondent pas de la même manière aux différentes drogues, il est donc toujours intéressant d’avoir le plus de cibles thérapeutiques possibles », conclut le scientifique. 1. Unité CNRS/Universités Montpellier-I et -II. CONTACT : Centre de recherche de biochimie macromoléculaire, Montpellier Thierry Lorca > thierry.lorca@crbm.cnrs.fr
N°254 I MARS 2011 Actualités | 11 w zoologie i Le plus célèbre oiseau disparu, le dodo (Raphus cucullatus), n’était peut-être pas aussi gras qu’on a bien voulu le croire. Une étude associant plusieurs laboratoires, dont deux du CNRS, suggère un poids d’une dizaine de kilos, soit deux fois moins que ce que l’on pensait. Les plus anciennes représentations montrant un oiseau assez svelte seraient donc exactes. planétologie i Le noyau de la Lune consiste en une graine solide entourée d’une couche en fusion et d’une autre partiellement fondue. La graine, riche en fer, contiendrait moins de 6% d’éléments légers tels que le soufre. Ce sont là quelques enseignements tirés d’une nouvelle analyse des données des missions Apollo, réalisée par une équipe internationale à laquelle a participé un chercheur de l’Institut de physique du globe de Paris. biochimie i Une nouvelle molécule anticancéreuse a été mise au point à l’Institut de biologie et chimie des protéines. Ce peptide tueur, ou poropeptide, perfore les mitochondries des cellules tumorales (leurs centrales énergétiques), ce qui a pour effet de déclencher leur suicide par apoptose. physique i La lumière pourrait être rendue superfluide, selon deux chercheurs du Laboratoire de physique théorique et modèles statistiques. Cette qualité se traduit par l’absence d’effet des obstacles dans l’écoulement d’un fluide. D’après leurs équations, il serait possible de réaliser des conditions dans lesquelles la lumière se propagerait sans être diffusée par les éventuels obstacles présents sur son chemin. Plus d’actualités sur www2.cnrs.fr/presse/q Visage d’une femme néandertalienne reconstitué à partir du moulage d’un crâne retrouvé en Charente-Maritime. Paléontologie Neandertal terrassé par le Soleil ? PAR LAURE CAILLOCE w Les causes de la disparition de l’homme de Neandertal, entre 40 000 et 30 000 ans avant notre ère, restent controversées. Plusieurs hypothèses ont ainsi été avancées : il aurait pu être victime d’un épisode de refroidissement climatique ou encore de la concurrence de l’homme moderne. Aujourd’hui, Jean-Pierre Valet, directeur de recherche au Laboratoire de paléomagnétisme de l’Institut de physique du globe de Paris 1, et Hélène Valladas, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement 2 de Gif-sur- Yvette, avancent une autre explication : Neandertal pourrait avoir été victime d’un accroissement des UV-B solaires (les rayons ultra-violets) dû à une baisse du champ magnétique terrestre 3. Les chercheurs ont en effet remarqué que la dernière grande excursion, c’est-à-dire l’inversion avortée, du champ magnétique terrestre, survenue entre 40 000 et 33 000 ans, recouvrait la période d’extinction de Neandertal. Et si les deux événements étaient liés ? « Pendant cette excursion, le champ magnétique terrestre qui nous protège des protons solaires grâce à la magnétosphère a vu son intensité divisée par un facteur 10, explique Jean-Pierre Valet. Lors des éruptions solaires, les protons ont pénétré jusqu’aux couches basses de l’atmosphère, avec laquelle ils ont réagi pour donner naissance à de l’oxyde nitrique, connu pour attaquer la couche d’ozone. » Amincie des régions polaires jusqu’aux latitudes moyennes, dont le continent européen, où Neandertal était principalement établi, cette dernière n’aurait plus joué son rôle de barrière contre les UV-B. Selon des études récentes, Neandertal avait la peau claire et une pilosité semblable à la nôtre, ce qui l’aurait rendu particulièrement vulnérable aux effets délétères de ce rayonnement : les UV-B sont responsables de cancers de la peau, d’un affaiblissement du système immunitaire et de lésions des tissus oculaires, autant d’affections qui auraient accéléré la disparition d’une population néandertalienne déjà affaiblie. Les hommes modernes auraient dû leur survie à leur plus vaste implantation géographique, qui s’étendait aux basses latitudes. 1. Unité CNRS/IPGP/UPMC/Université Paris-Diderot/Université de la Réunion. 2. Unité CNRS/CEA/Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. 3. Travaux publiés en décembre 2010 dans Quaternary Science Reviews. CONTACTS : Institut de physique du globe de Paris Jean-Pierre Valet > valet@ipgp.fr Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, Gif-sur-Yvette Hélène Valladas > helene.valladas@lsce.ipsl.fr © P.PLAILLY/EURELIOS/LOOKATSCIENCES - RECONSTITUTION ELISABETH DAYNES PARIS



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