01 a conduit à la publication de cinq articles scien tifiques. » Si bien que débute, en 1999, la conception de l’actuelle version d’AMS. Mais, en 2003, l’accident de Columbia remet en cause tout le programme navette américain. Et le projet AMS est mis à la trappe. « S’est ensuivie une redoutable bataille politique dont le succès doit beaucoup aux efforts déployés par Samuel Ting, Prix Nobel de physique et porte- parole de l’expérience », poursuit Jean-Pierre Vialle. Bataille qui se solde par un vote du Congrès états-unien, en 2008, en faveur de la mise en orbite du détecteur. Si AMS est évidemment tributaire de la politique spatiale américaine, il s’agit d’un projet international qui implique 600 chercheurs travaillant dans une cinquantaine d’ins tituts, répartis dans seize pays, dont trois laboratoires rattachés à l’IN2P3 du 8 02 Détecteur à radiation DéteCteur AMS-02 de transition Détecteur de temps de vol Aimant Détecteur silicium de trajectoire des particules Détecteur de temps de vol Détecteur Cherenkov à imagerie annulaire Détecteur calorimétrique de particules électromagnétiques | L’événement cnrs I LE JOUrnAL 01 Le détecteur AMs (dans la cage au centre de l’image) a subi une batterie de tests dans cette chambre. celle-ci est équipée de murs qui absorbent les radiations pour faciliter l’interprétation des résultats. 02 schéma des différents éléments qui composent le détecteur AMs. © aMS-02Collaboration CNRS. Et Jean-Pierre Vialle d’ajouter : « Officiellement, AMS est un projet piloté par le Département de l’énergie (DOE) états-unien. Mais 95% de l’instrumentation a été réalisée en Europe et en Asie. » Au point que le centre de contrôle de l’expérience, qui recevra les données depuis le Centre de l’espace, à Houston, sera installé dans le temple européen de la physique des particules, le Cern, à Genève. Ce n’est pas un hasard. AMS est certes un observatoire astronomique, mais c’est aussi une expérience véritablement conçue « à la manière de la physique des particules ». La mission proLongée Ainsi, alors que les données accumulées par un satellite scientifique d’observation tombent généralement dans le domaine public un an après acquisition, celles d’AMS resteront propriétés de la collaboration, comme il est de coutume avec les données obtenues par un accélérateur. De même, alors que la réalisation de la plupart des satellites scientifiques est confiée à l’industrie, AMS a été entièrement pensé et assemblé dans les laboratoires, tels les grands détecteurs terrestres de particules. Une singularité à laquelle le détecteur doit peut-être une adaptation de dernière minute liée aux revirements de la politique américaine. Au printemps 2010, alors qu’AMS avait déjà passé tous les tests de validation à Genève et aux Pays-Bas, la mission de l’ISS a en effet été prolongée jusqu’en 2020, voire en 2028. Or, comme l’explique Jean-Pierre Vialle, « l’aimant supraconducteur d’AMS, adapté à la longévité initialement programmée pour la station, était conçu pour fonctionner de deux à trois ans. Nous avons alors pris la décision de rapatrier le détecteur au Cern pour le démonter entièrement afin de remplacer l’aimant supra par l’aimant permanent du premier détecteur, d’une durée de vie beaucoup plus longue ». dans Les starting-bLocks C’est ainsi qu’AMS a passé une dernière série de tests dans le faisceau de particules de l’accélérateur genevois, au cours de l’été dernier. Juste à temps pour embarquer, le 26 août 2010, à bord d’un avion C5 de l’armée américaine, de retour d’Afghanistan. Direction Cap Kennedy, en Floride, pour rejoindre la navette spatiale. Une fois en orbite, dans les semaines à venir, le mastodonte, après dix ans d’attente, n’aura plus qu’à se tourner vers le ciel. La pluie de particules qu’il recueillera révélera alors certains mystères du cosmos, tissant de nouveaux fils entre infiniment petit et infiniment grand. en Ligne. > www.ams02.org cOnTAcT : Laboratoire d’Annecy-le-vieux de physique des particules Jean-pierre vialle > jean-pierre.vialle@lapp.in2p3.fr ©M.FaMiglietti/aMS-02Collaboration |