n°252-253 I JAnvIEr-févrIEr 2011 Stratégie | 33 est remplacé dans le secteur public. En contre partie, les contrats à durée déterminée (CDD) financés par la subvention d’État sont en baisse. « Il n’y a pas de volonté de multiplier les CDD, assure Alain Fuchs. En revanche, notre priorité en 2011 est de définir une véritable politique de nos droits et devoirs vis-à-vis de nos contractuels : veiller à recruter des primo-diplômés, accompagner la recherche d’emploi par des formations, etc. » Quant à l’embauche grâce à des contrats à durée indéterminée, elle devra rester exceptionnelle : « Le mode normal de recrutement reste le concours. » Autre priorité : les promotions, « qui seront plus nombreuses cette année que les années précédentes », indique Alain Fuchs. Par exemple, près de 1 200 ingénieurs techniciens (IT) pourront bénéficier d’une promotion en 2011 (changement de grade ou de corps). Les statuts des employés ont aussi fait l’objet de beaucoup d’interro gations. « Concernant les statuts, nous n’avons pas la maîtrise des textes législatifs, mais nous sommes favorables, par exemple, à la création d’un statut de chargé de recherche hors classe, à l’instar des enseignants-chercheurs, ou d’une prolongation du grade 1 », souligne le président. Au sujet de l’avenir du statut d’assistant ingénieur, dont la disparition est discutée actuellement au niveau du ministère au profit d’une intégration au corps des ingénieurs d’étude, Alain Fuchs réaffirme « l’attachement du CNRS au maintien d’un recrutement à Bac + 2 ». La réviSion généraLe deS PoLitiqueS PubLiqueS Engagée en 2007, la Révision générale des politiques publiques (RGPP) est un programme de modernisation des actions de l’État qui touche l’ensemble des politiques publiques, des ministères et des opérateurs de l’État dont le CNRS. Elle soulève des inquiétudes, en particulier en ce qui concerne l’emploi. « Le processus pour le CNRS vient de démarrer, donc il est un peu tôt pour tirer des conclusions, tient à rappeler Alain Fuchs. Le principe de l’audit est d’iden tifier le poids des différentes fonctions, les tâches qui peuvent être mutualisées, ce n’est pas une chasse à l’emploi. » La RGPP devrait donc permettre de mieux rationaliser et d’optimiser les ressources du CNRS. L’interdiSciPLinarité Croiser les disciplines scientifiques pour conquérir de nouveaux terrains de la connaissance, telle est l’ambition du CNRS. Dans ce domaine, l’organisme possède une véritable force : presque tous les champs scientifiques y sont représentés. Mais l’interdisciplinarité peut poser des difficultés, comme cela a été le cas pour ce chercheur dont la carrière a été ralentie parce qu’il n’a pas été reconnu comme spécialiste de l’une des disciplines relevant des sections du Comité national de la recherche scientifique. « En France, nous sommes les champions du cloisonnement des disciplines. Il faut que l’interdisciplinarité devienne une solution plutôt qu’un problème », estime Alain Fuchs. Adapter les moyens d’évaluation des chercheurs, recruter de jeunes scientifiques ayant des parcours atypiques, prêts à prendre des risques, sont autant de pistes à explorer pour faire éclore le potentiel énorme du CNRS aux interfaces entre les disciplines. La PoSition du cnrS danS Le PaySage de La recherche La recherche française est aujourd’hui en pleine mutation. Quelle y sera la place du CNRS ? Qu’apportera l’organisme dans le nouveau système de recherche ? À ces préoccupations, Alain Fuchs répond : « Le CNRS sera très présent dans le processus de création des grandes universités de recherche, rendu possible par la loi sur l’autonomie, le plan campus et les investissements d’avenir. En contrepoint à cette structu ration locale, il faudra une coordination nationale et interna tionale. Notre organisme est particulièrement bien placé pour assurer ce rôle. » D’ores et déjà, le CNRS est systématiquement sollicité pour participer aux gouvernances des Initiatives d’excellence (Idex), structures réunissant sur un même territoire des établissements d’enseignement supérieur et de recherche autour de projets scientifiques ambitieux, en partenariat étroit avec le tissu économique. « Nous sommes dans une phase de changement, dans une dynamique de progrès pour la mise en place de futures universités de classe mondiale, explique le président. Cela ne signifie pas la destruction du CNRS. Nous serons la locomotive de ce changement. » En conclusion, Alain Fuchs est très confiant dans l’avenir du CNRS et de la recherche en général. Il encourage les étudiants à entreprendre une thèse et à embrasser une carrière de chercheur en France après une expérience à l’étranger. Son enthousiasme semble être partagé : 9 500 candidats tenteront les concours de recrutement du CNRS cette année. C’est 700 de plus qu’en 2010. en Ligne. > L’intervention du président du CNRS dans son intégralité est à revoir sur : http:Ilintranet.cnrs.fr