©3DCeraM/CHu-LIMogeS w 26 | L’enquête cnrs I LE JOUrnAL ces matériaux quiréparentlecorps Les êtres dotés de corps étrangers sont déjà là, ce n’est plus de la science- fiction. Et nous sommes tous concernés. En nombre croissant, implants et prothèses permettent aujourd’hui de remplacer partiellement, voire totalement, certains organes déficients. Rien qu’en France 120 000 prothèses de hanche posées chaque année améliorent la locomotion de personnes souffrant de douleurs au bassin. En Europe, ce sont 1,5 million de greffes osseuses qui sont réalisées par an. Des chiffres impressionnants et un passage obligé : la chimie. « Cette discipline est indis pensable pour fabriquer la matière de la prothèse, pour élaborer ses propriétés de biocompatibilité – la tolérance de l’implant par l’organisme hôte – et de durabilité », rappelle Didier Letourneur, qui dirige le Laboratoire de bio-ingénierie de polymères cardio-vasculaires 1, à Villetaneuse. L’os est un bon exemple des progrès récents en matière de greffons artificiels. Pendant longtemps, on a rabiboché les os cassés à l’aide d’implants en métal ou bien taillés dans une autre partie osseuse du patient, souvent les côtes. Désormais, 20% des greffes osseuses utilisent des matériaux artificiels issus tout droit de la chimie : des céramiques en phosphate de calcium, à la composition et, surtout, à la structure poreuse proche de l’os. des prothèses sur mesure Directeur du laboratoire Science des procédés céramiques et de traitements de surface 2 de Limoges et spécialiste des procédés de mise en forme des céramiques, Thierry Chartier a ainsi développé un 18 19 18 fabriqué en céramique hydroxyapatite, cet implant crânien sur mesure sert à remplacer des défauts osseux importants. 19 structure cristalline de l’hydroxyapatite phosphocalcique, de l’os synthétique. Dr procédé innovant de fabrication en trois dimensions, qui vient d’être employé par une société pour produire des prothèses osseuses sur mesure. La technique consiste à produire la prothèse dans un mélange de résine et de poudre de céramique. Un faisceau laser y dessine ensuite, couche après couche, la forme de la prothèse repérée au préalable par scanner sur le patient. Puis la résine est brûlée et disparaît du matériau, conférant à celui-ci son caractère poreux. La technique a été développée par la société 3DCeram, en collaboration avec le CHU de Limoges. Une étude clinique menée au CHU vient de montrer que des implants crâniens de plus de 10 centimètres pouvaient être réalisés grâce à ce procédé. Dans certaines situations, remplacer l’os cassé ne suffit pas. C’est le cas de l’ostéoporose, une fragilité des os dont souffrent beaucoup de femmes après 50 ans. La blessure la plus courante est une fracture du col du fémur. Soigner ce type de fracture à l’aide d’une prothèse ou d’un clou est un pis-aller, car l’ostéoporose touche le cœur des os et, tôt ou tard, l’os cassera ailleurs. des impLants osseux bioactifs Bruno Bujoli, qui dirige l’unité Chimie et interdisciplinarité : synthèse, analyse, modélisation 3, à Nantes, avec l’appui de ses partenaires – l’Insermet la société Graftys –, a trouvé la parade. L’astuce consiste en des implants médicaments capables de libérer lentement un principe actif. Concrètement, l’idée du chercheur prend la forme d’une pâte blanchâtre. Celle-ci contient du phosphate de calcium qui va se solidifier et former de l’os artificiel, mais aussi un bisphosphonate, une molécule utilisée dans le traitement de l’ostéoporose. Après injection par chirurgie mini-invasive dans la fracture, la pâte se solidifie, puis, des mois durant, largue son médicament. « Nous sommes |