n°252-253 I JAnvIEr-févrIEr 2011 L’enquête | 17 w C’estunfait:lachimieestpartout.Mais,s’ilyabienundomaineoùelle occupeuneplacedechoix,c’estceluidelasanté.Pourprendresoin denousetinventerlamédecinededemain,leschimistessonteneffet surtouslesfronts:ilscréentdenouveauxmédicaments,améliorent lestechniquesdediagnosticouencoredéveloppentdenouveaux matériauximplantables.alorsquedébutel’annéeinternationalede lachimiedécrétéeparl’unesco,CNRS Le journal vousinviteàdécouvrir leursdernièresrecherchesetinnovations. une enquête de JULIEn bOUrDET, nIcOLAs cOnsTAns ET xAvIEr MüLLEr Inventer les médicaments de demain qu’on se le dise : les médecins ne sont pas les seules blouses blanches à veiller sur notre santé. Sans les chimistes, nous n’aurions pas de médicaments. Ces as de la paillasse sont de fait à la source du processus d’élaboration : « Ce sont eux qui, après avoir identifié une molécule intéressante, vont modifier telle partie pour rendre la molécule plus active et changer telle autre pour la rendre assimilable par l’organisme », explique Jean-Daniel Brion, du laboratoire Biomolécules : conception, isolement, synthèse 1, à Châtenay-Malabry. Chaque comprimé, pilule ou sirop que vous avalez porte en lui la trace de leur travail. Au cœur d’un médicament, diluée à l’intérieur des excipients qui constituent la grande majorité des ingrédients, on trouve en effet la molécule active, ou principe actif, mise au point par les chimistes, qui lui confère son pouvoir thérapeutique. Comment ? En allant s’accrocher à une molécule naturellement produite par notre organisme, mais dont le dysfonctionnement est à l’origine d’une maladie. Cette cible, comme l’appellent les chercheurs, est alors activée ou inactivée par la molécule chimique et retrouve son fonctionnement normal. Si le principe de fonctionnement d’un médicament paraît simple, sa mise au point, en revanche, est une longue route excipients. Substances qui vont donner au médicament ses caractéristiques physiques ou gustatives. Une sélection de photos en lien avec l’Icsn est à voir sur le journal feuilletable en ligne > www2.cnrs.fr/journal 01 01 Les plantes sont une source inépuisable d’inspiration pour les chimistes en quête de nouveaux médicaments. Elles sont d’abord séchées avant d’être disséquées, tels ces spécimens qui entourent vincent Dumontet, du Laboratoire des plantes médicinales de nouméa, en nouvelle-calédonie. semée d’embûches : dix ans au bas mot entre sa découverte et son utilisation par monsieur et madame Tout-le-monde. Première étape de cette aventure : la recher che d’une nouvelle molécule active. Cette phase a récemment fait l’objet d’une révolution qui a changé le quotidien des chimistes : le développement du criblage. Pour mesurer l’ampleur de ce changement, un retour en arrière s’impose. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, avec son équipe de l’Institut de chimie des substances naturelles (ICSN) du CNRS, Pierre Potier met au point deux molécules, la vinorelbine (Navelbine) et le docétaxel (Taxotère), qui comptent aujourd’hui parmi celles les plus utilisées pour soigner le cancer. « Dans les deux cas, raconte Claude Monneret, chercheur émérite au laboratoire Conception, ©g.MerMet