CNRS Le Journal n°251 décembre 2010
CNRS Le Journal n°251 décembre 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°251 de décembre 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6 Mo

  • Dans ce numéro : Sauver Lascaux

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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©G.FeRey/CNRSPhotothèque w rePère. La chimie organique concerne les éléments carbone, hydrogène, oxygène, azote, soufre et phosphore. Par opposition, on parle de chimie inorganique. Les minéraux sont généralement inorganiques. 01 6 | L’événement cnrs I LE JOUrnAL Médailled’orduCNRS Le16décembre,lechimiste,spécialistemondial dessolidesporeux,reçoit,àlaSorbonne,laplushautedistinctionscientifiquefrançaise. Gérard Férey, architectedelamatière Par ÉmILIE bAdIn D’un pas mesuré, Gérard Férey traverse le salon de son appartement parisien pour prendre place au milieu du canapé. Lentement, il tire une cigarette de son paquet, la parcourt du doigt, mais ne l’allume pas. Soudain, sa main se fige et son regard bleu s’éclaire : « Ma spécialité ? s’amuse-t-il, malicieux. Concevoir des solides poreux (lire l’encadré p. 8) hybrides organiques-inorganiques, c’est-à-dire des matériaux gruyère comportant à l’échelle atomique des arrangements réguliers de trous que je veux les plus grands possibles. L’intérêt ? Puisque la nature a horreur du vide, ces trous sont des pièges, pour le CO 2 par exemple. » Avec son équipe de l’Institut Lavoisier de Versailles 1, ce chimiste a appris à maîtriser la fabrication de ces matériaux aux nombreuses applications pour l’environnement et la santé. Mais il a aussi appris à prédire leur structure. « Nous avons déposé une dizaine de brevets CNRS, annonce-t-il. Beaucoup d’industriels s’y intéressent… » des débuts d’instituteur Pour ce travail au retentissement international et pour l’ensemble de sa brillante carrière, Gérard Férey reçoit aujourd’hui la médaille d’or 2010 du CNRS, la plus importante distinction scientifique française. Chimiste de haut vol, ce Normand de 69 ans revendique en même temps le statut d’artiste. Pour s’en convaincre, un coup d’œil dans son bureau suffit : les livres d’art sont plus nombreux que ceux de chimie, les murs 01 Le mIL-101, mis au point par l’équipe de Gérard Férey, est un matériau poreux comportant à l’échelle atomique des cages comme celle-ci. Il est capable de piéger 400 fois son volume de gaz ! sont constellés de dessins et de gravures. « Je suis un grand admirateur de Michel-Ange », avoue-t-il de sa voix grave et légèrement voilée. D’ailleurs, si Gérard Férey s’est lancé dans la chimie, c’est notamment par amour pour le dessin, qu’il a découvert enfant grâce aux enseignements d’un oncle instituteur bienveillant. « À l’échelle atomique, l’ordre de la matière est magnifique, s’enthousiasme-t-il. On dirait du Vasarely ! » À l’aube de sa carrière, le jeune homme résiste pourtant à la beauté des molécules. Poussé par son milieu familial, il devient instituteur à 19 ans et crée le collège de Saint-Clair-surl’Elle, en Basse-Normandie. Mais la lecture d’un ouvrage de Linus Pauling 2 l’incite à renouer avec ses premières amours. « C’est lui là-bas, dit-il en désignant une vieille photographie sur laquelle il pose au côté du célèbre chimiste, et qui trône sur sa bibliothèque. Il était Prix Nobel de chimie et Prix Nobel de la paix. Il s’est parfois trompé, mais il a aussi eu des idées de génie. Je lui voue une admiration sans bornes. » Trois ans plus tard, nous sommes en 1963, Gérard Férey quitte le collège qu’il a créé pour continuer ses études à l’université de Caen. « Là, raconte-t-il, deux professeurs m’ont définitivement donné le goût de la chimie : Maurice Bernard, et sa présentation lumineuse de la discipline, et Alfred Deschanvres, qui savait extraire de la recherche ses mystères persistants pour nous montrer combien celle-ci était nécessaire. » une soiF de connaissances Le chimiste poursuit alors avec une thèse de troisième cycle, à l’issue de laquelle il est nommé assistant au département de chimie de l’IUT du Mans. Il y apprend les bases de la chimie du solide, une discipline nouvelle centrée sur les réactions au sein de solides et non au sein de solutions, comme dans la chimie classique. Après trois années à tâtonner sur un sujet stérile, il obtient carte blanche pour travailler sur ses propres idées et, au début des années 1970, il s’intéresse aux fluorures – les minéraux à base de fluor –, dont il deviendra un grand spécialiste. Mais Gérard Férey veut aller plus loin : pénétrer les secrets de la matière, saisir comment s’arrangent entre elles les briques qui la composent. Il apprend l’art de la cristallographie, cette
n°251 I dÉcEmbrE 2010 L’événement | 7 w ©F.PLaS/CNRSPhotothèque Gérard Férey en 5 dates 1941 naissance à bréhal (50) 1968 doctorat de chimie à l’université de caen 1996 création de l’Institut Lavoisier de Versailles 2005 mise au point du révolutionnaire mIL-101 2010 médaille d’or du cnrs Visionnez, à partir du 17 décembre, le portrait de Gérard Férey sur le journal feuilletable en ligne > www2.cnrs.fr/journal



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