CNRS Le Journal n°251 décembre 2010
CNRS Le Journal n°251 décembre 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°251 de décembre 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6 Mo

  • Dans ce numéro : Sauver Lascaux

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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w Économie 12 | Actualités cnrs I LE JOUrnAL Les vertus méconnues de l’opacité Par sEbAstIán EscALón w « Hier, à la Bourse de Paris, l’anxiété était grande, et les indices ont fortement reculé à la suite de l’annonce de la Banque centrale européenne qui pourrait relever son taux d’intérêt d’un demipoint. » Jouraprèsjour,desinformations decetypeprouventquelesmarchésréagissentauxcommuniquésdesbanques centrales. Deux économistes, Camille Cornand, du Bureau d’économie théoriqueetappliquée 1, etRomainBaeriswyl, delaBanquenationalesuisse,ontdécidé d’analysercephénomènedansuneétude publiée en septembre dans Journal of Monetary Economics. « Chaque décision prise par une banque centrale constitue, d’une part, une action directe sur le marché et, d’autre part, un signal qui indique ce qu’elle pense de l’état de l’économie », expliqueCamilleCornand.Certes,encore faut-il savoir si les banquescentrales jouentlatransparenceenexpliquantles raisonsdeleursdécisions. Danslesannées1970et1980,cellesci communiquaient peu et aimaient q de haut en bas, visualisation des différentes étapes de la formation du cyclobutadiène à partir d’une molécule d’a-pyrone soumise à des rayons ultraviolets. manipuler les agentséconomiques à l’aidedesignauxambigus.Tandisqu’aujourd’huilatendanceestàtoujoursplus detransparence.Cetteévolutiona-t-elle desconséquences ? oui,répondentles deuxéconomistes: « Nous avons justement montré que la politique monétaire optimale dépend directement du degré de transparence de la banque centrale : ce qui marche bien lorsque la banque centrale est opaque, ne marche pas forcément si elle rend compte clairement de ses décisions. » C’estainsique « nos modèles montrent que, dans certains cas de figure, la transparence n’est pas souhaitable, et qu’un peu d’opacité sur les décisions prises serait plus efficace », poursuit Camille Cornand. Imaginons, par exemple, qu’une banque centrale élaboreunplandesauvetaged’unebanque commerciale. « Il serait fâcheux que ses agissements monétaires révèlent aux marchés financiers l’imminence de ce plan », remarquelachercheuse.Cequi pourrait bien entendu entamer la confiancedesmarchés.Maisilestvrai que, dans une société démocratique, lesecretetl’opacitén’ontplusvéritablement de place dans la gestion des institutions… 1.UnitéCNRS/UniversitédeStrasbourg/Nancy-Université. cOntAct : bureau d’économie théorique et appliquée, strasbourg camille cornand > cornand@cournot.u-strasbg.fr q Le 10 mai 2010, à la bourse de new York, les annonces de la banque centrale européenne pour sauver de la crise la zone euro sont suivies avec attention. ILSoNTSAISIL’INSAISISSABLE wDes chercheurs de l’institut européen des membranes (iem) 1 ont réussi à déterminer la structure du cyclobutadiène 2. surnommée la mona Lisa de la chimie organique, cette molécule composée d’un cycle de quatre atomes de carbone, chacun relié à un atome d’hydrogène, a fait l’objet en quarante ans de 2 000 articles sans qu’on ait pu établir sa géométrie. très instable et ultraréactive, elle se décompose ou se transforme si rapidement qu’il a été impossible jusqu’à présent de saisir son image en 3d. Pour accomplir cet exploit, l’équipe nanosystèmes supramoléculaires adaptatifs de l’IEm a imaginé une matrice cristalline poreuse pour piéger le cyclobutadiène et ralentir sa transformation le temps d’une expérience. Elle y a introduit une molécule d’a-pyrone, laquelle s’est transformée progressivement en cyclobutadiène sous l’action de rayons ultraviolets. En analysant l’échantillon à l’aide de rayons x, les chimistes ont pu observer deux structures de la molécule rebelle, dont l’une, ressemblant à un rectangle plié, s’avère la forme thermodynamiquement la plus stable. v.t.m. 1.CNRS/ENSCM/UniversitéMontpellier-II. 2.Y.-M.Legrand,A.vanderLeeetM.Barboiu,Science, 2010,vol.329. ©B.NoRMAN/THENEwYoRkTIMES/REDUX/REA ©Y.-M.LEgRANDETM.BARBoIU
n°251 I décEmbrE 2010 Actualités | 13 w génétique i La peste serait apparue en Chine il y a plus de 2 600 ans. Voilà l’une des conclusions d’une équipe internationale de chercheurs, dont deux de l’unité Origine, structure et évolution de la biodiversité, qui vient de détailler pour la première fois l’histoire évolutive de cette maladie. En analysant 17 génomes complets de la bactérie Yersinia pestis et une collection unique de près de 300 souches, les scientifiques ont aussi montré que les différentes vagues épidémiques qui ont touché l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Nord ont toutes pour sources l’Asie centrale et la Chine. médecine i L’utilisation d’un curare déjà commercialisé, lecisatracurium,diminuerait notablementlamortalité despatientshospitalisés enétatdedétresserespiratoire trèsgrave.Telleestlaconclusion del’étudeAcurasysmenée depuisdixansdansvingtcentres deréanimationenfranceet coordonnéeparunchercheur del’Unitéderecherche surlesmaladiesinfectieuses ettropicalesémergentes. Cetraitementpermettrait aussideréduireladuréesous ventilationartificielleetcelle d’hospitalisationenréanimation. climat i Dans l’hémisphère nord, le vent souffle moins fort qu’il y a trente ans. une analyse des enregistrements de plus de 800 stations de mesures, effectuée notamment au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, a mis en évidence une baisse de 10% de la vitesse du vent aux États-unis, en chine et dans plusieurs pays d’europe. une des causes évoquées : l’augmentation de la végétation qui aurait pour effet de freiner les vents. Plus d’actualités sur www2.cnrs.fr/presse/Neurobiologie L’étuded’unembryondesourisapermisd’identifier lesgènesquiserventauxvertébrésàinspireretàexpirer. L’horlogerespiratoire démontée Par mArIE LEscrOArt au cours de sa vie, un être humain respire en moyenne 600 millions de fois. Ce mouvement s’opère inconsciemment grâce à une horloge respiratoire localisée à l’arrière du cerveau, dans le tronc cérébral. Les scientifiques ont déjà montré que cette horloge faisait intervenir deux groupes distincts de neurones rythmiques : l’oscillateur parafacial et l’oscillateur preBötzinger (preBötC). Ceux-ci s’activent à environ deux tiers de la période de gestation chez la souris. En créant des souris mutantes, des chercheurs de l’Insermet du CNRS 1 sont parvenus à identifier les gènes qui conditionnent la formation de chacun de ces oscillateurs et à préciser leur rôle respectif dans le contrôle du rythme respiratoire 2. En l’absence d’expression du gène Egr2, l’oscillateur parafacial ne se développe pas. Le rythme respiratoire de l’embryon est ralenti, et les chances de survie à la naissance sont faibles. En outre, cet oscillateur conditionne l’adaptation de la fréquence respiratoire au taux de dioxyde de carbone (CO 2) dans le sang. L’étude révèle aussi que les neurones qui constituent cet oscillateur requièrent pour leur survie le gène Phox2b. « Or, chez l’homme, le syndrome d’hypoventilation alvéolaire centrale congénitale, dit syndrome d’Ondine, qui se traduit par une perte complète de sensibilité au CO 2, est provoqué par des mutations de ce gène », pointe Gilles Fortin, coauteur de ces travaux. q La respiration implique l’activité de neurones au sein du complexe prebötc (à gauche). ce dernier devient inactif en l’absence du gène Dbx1 (au centre) et il n’y a plus de respiration. Lorsque le gène Robo3 n’est pas exprimé, le rythme respiratoire est préservé, mais la synchronisation entre la droite et la gauche n’a plus lieu (à droite). Quant à l’oscillateur preBötC, sa mise en place est contrôlée par le gène Dbx1, dont la suppression se traduit par l’absence totale de respiration. « L’oscillateur preBötC est essentiel à la respiration, tandis que l’oscillateur parafacial joue un rôle important mais subsidiaire », précise Gilles Fortin. L’expression de Dbx1 conditionne aussi le devenir des neurones qui traversent l’axe médian du corps et imposent la synchronisation de la commande respiratoire entre la droite et la gauche du cerveau. Pour le démontrer, les biologistes ont empêché l’expression du gène Robo3, qui permet aux neurones de traverser cet axe médian, uniquement dans les neurones dérivés des cellules embryonnaires exprimant Dbx1. « Les souris mutantes présentent, à droite et à gauche du cerveau, des oscillateurs preBötC rythmiquement actifs mais totalement désynchronisés, explique Gilles Fortin. Elles ne survivent pas à la naissance. » En identifiant de nouvelles cibles thérapeutiques pour certaines pathologies respiratoires, tel le syndrome d’Ondine, ces travaux ouvrent des perspectives intéressantes en recherche clinique. Sur un plan plus fondamental, ils offrent une avancée dans la compréhension de l’émergence de circuits fonctionnels dans le système nerveux central au cours du développement de l’embryon comme durant l’évolution des vertébrés. 1.InsermU7814etU968,InstitutAlfred-fessard(CNRS),Institutde lavision(CNRS/UPMC/Inserm),InstitutJacques-MonodetCentre épigénétiqueetdestincellulaire(CNRS/UniversitéParis-Diderot). 2.TravauxpubliésdansNature Neuroscience(août2009etsept.2010). cOntAct : neurobiologie et développement, Gif-sur-Yvette gilles Fortin > gilles.fortin@iaf.cnrs-gif.fr ©g.foRTIN,J.BoUVIER



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