w Par XAvIEr MüLLEr 32 C’est un nouveau-né qui ne possède pas encore de nom. Pour l’instant, il porte l’étiquette administrative de Réseau français de recherche et technologie sur les batteries. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, a signé son acte de naissance au mois de juillet. Destinée à réunir organismes publics (CNRS et CEA) et industriels, cette structure a pour ambition de faire de la France un acteur de premier plan dans la fabrication des batteries, amenées à jouer un rôle capital dans le paysage énergétique, alors qu’aujourd’hui le pays se contente souvent d’apporter de la matière grise. « Les grands fabricants de batteries sont asiatiques, explique Jean-Marie Tarascon, membre de l’Académie des sciences et du Laboratoire réactivité et chimie des solides (LRCS) 1 d’Amiens, qui cochapeautera la structure. Le but du réseau est d’accélérer la recherche française dans le domaine des batteries et des supercondensateurs (un type d’accumulateur électrique), mais aussi de passer rapidement d’un concept à sa commercialisation. Sur le futur site de recherche, qui sera construit pour l’occasion avec l’aide du conseil général de Picardie, il y aura des ingénieurs qui feront du prétransfert de technologie », c’est-à-dire qui ébaucheront les applications possibles des recherches. l’induStrie au rendez-vouS Le réseau a déjà reçu de beaux cadeaux de naissance : 15 contrats de postdoctorants de trois ans vont être créés par le ministère de la Recherche et 33 postes de chercheurs et d’ingénieurs par le CNRS. Des représentants de plusieurs grands groupes tels EDF, Renault ou Air Liquide assistaient à la signature, signe de l’engouement des | Stratégie cnrs I LE JOUrnAL Partenariat Pourdynamiserlarecherchedanslesecteurtrèsconcurrentiel desbatteries,leCNRSvaréunirunréseauscientifiqued’acteurspublicsetprivés. LeCNRSrecharge ses batteries ©ILLUSTRaTIoN:L.BazaRTPoURCNRSLeJoURNaL à noter. Jean-Marie Tarascon a reçu le prix NIMS 2010 remis par le National Institute for Material Science, au Japon, pour ses travaux sur les batteries lithium-ion. industriels pour le projet. Il faut dire que l’enjeu est de taille. Sevrage en pétrole oblige, on assiste à une ruée scientifique vers l’or blanc, autrement dit le lithium, principal constituant des batteries. La France dispose d’atouts pour remporter cette course, en particulier le LRCS où travaille Jean-Marie Tarascon. Laboratoire de réputation mondiale, le LRCS compte à son palmarès le principe de l’utilisation de LiFePO4, le matériau le plus en vogue pour la prochaine génération de batteries, et le dernier-né des matériaux pour électrodes positives, LiFeSO4F. Le laboratoire constituera d’ailleurs le cœur du réseau, dirigé par Jean-Marie Tarascon et par Patrice Simon, du Centre interuniversitaire de recherche et d’ingénierie des matériaux (Cirimat) 2 de Toulouse. un réSeau amené à S’agrandir Si le réseau articulera au départ les recherches menées dans ses sept laboratoires fondateurs, le nombre de partenaires publics définitif n’est pas fixé. « Dans les mois qui viennent, nous ferons venir des laboratoires qui apporteront une valeur ajoutée pour atteindre les objectifs scientifiques du réseau », annonce Jean- Marie Tarascon. En tête de ces objectifs, la conception de batteries pour véhicules moins chères, moins polluantes, plus autonomes, fiables et durables que la génération actuelle. Des technologies émergentes, telles que lithium-air, Li-S, Na-ion, Li-ion organique et redox flow seront mises à contribution pour réaliser ces batteries nouvelle génération. Les recherches porteront aussi sur les supercondensateurs qui servent dans les transports (pour l’accélération et la récupération d’énergie de freinage) et dans la stabilisation du réseau électrique. Enfin, la mise au point de batteries et de supercondensateurs de faible capacité, pour les Mems (les systèmes micro-électromécaniques), les stimulateurs cardiaques ou les téléphones portables, ainsi que le développement de batteries plus vertes sont également au programme. Ce nouveau réseau ne porte peut-être pas encore de nom, mais il a déjà du pain sur la planche. 1.UnitéCNRS/UniversitédePicardie-JulesVerne. 2.UnitéCNRS/UniversitéPaul-Sabatier/INPToulouse. cOntAct : Laboratoire réactivité et chimie des solides (Lrcs), Amiens Jean-marie tarascon > jean-marie.tarascon@u-picardie.fr |