CNRS Le Journal n°250 novembre 2010
CNRS Le Journal n°250 novembre 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°250 de novembre 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,3 Mo

  • Dans ce numéro : Jusqu'où ira l'informatique ?

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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© M. BrEga/LookatscIEncEs 02 w 22 02 à l’avenir, les prothèses électroniques, comme celle du projet cyberhand, seront directement reliées au système nerveux. contrôlent le freinage, la suspension, la combustion ou la jauge de carburant…] –, sont pour l’instant déconnectés les uns des autres. Demain, avec l’Internet des objets, toutes ces machines communiqueront entre elles sans intervention humaine pour produire collectivement de nouvelles applications. Les infrastructures routières parleront aux véhicules afin de les avertir des limitations de vitesse, de leur signaler les embouteillages et de les protéger des accidents. Les prothèses électroniques seront directement branchées sur le système nerveux, et les circuits dont seront équipés les malades enverront directement des informations sur leur état de santé à l’ordinateur du centre hospitalier. À la limite, ce sera le médecin qui appellera le patient en cas de problème et non le contraire ! » Dans le même temps, la façon dont nous commanderons aux machines conçues pour recevoir nos instructions changera, elle aussi, radicalement. Écrans tactiles et détecteurs de mouvement pourraient remplacer claviers et souris d’ordinateurs de bureau. Et, avec les progrès du Web sémantique, nous disposerons de moteurs de recherche intelligents, capables de retrouver une information sur la Toile à partir du sens d’une question et non plus sur la base de sa seule syntaxe. Enfin, « avec le développement des applications de type Twitter ou Facebook, mais aussi avec le succès commercial des smartphones – iPhone ou BlackBerry – le Web a changé de fonction : il n’est plus seulement une bibliothèque où l’utilisateur vient chercher de l’information, mais un espace de communication interactif entre humains auquel certains sont d’ores et déjà reliés en permanence via ©kaksonEn/InrIa | L’enquête cnrs I LE JOUrnAL 03 leurs téléphones portables », observe Serge Abiteboul, membre du Laboratoire de recherche en infor matique 2, qui travaille sur la gestion de données et de connaissances sur le Web où l’information est disséminée sur quantité de machines différentes (ordinateurs, téléphones portables, sites Web, Facebook, etc.). une adaptation permanente Un tel chamboulement ne saurait se produire sans heurts ni adaptations. « Malgré sa capacité à intégrer de nouvelles technologies et applications, qui est l’une des clés de son succès, Internet est fragilisé par cette évolution, confirme ainsi Serge Fdida, professeur au Laboratoire d’informatique de Paris-6 3 et coordinateur de la plateforme européenne OneLab. Même Une sélection de photos dans le cadre de l’exposition itinérante Un monde numérique est à découvrir sur le journal feuilletable en ligne > www2.cnrs.fr/journal s’il peut difficilement être cassé, il n’a pas été conçu pour absorber à grande échelle de nouveaux besoins tels que la mobilité, la sécurité et la diversité, dont l’association perturbe son organisation actuelle. Il faut, en effet, se souvenir que le cahier des charges initial de l’Internet était fondé sur l’hypothèse de machines fixes et d’inter locuteurs de confiance, clairement iden tifiés, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. De plus, le système s’est petit à petit imposé comme support de nombreux services (distributions de contenus, paiement en ligne…), ce qui a conduit au développement de solutions ad hoc. Le problème, c’est que celles-ci sont en général mal intégrées et complexifient le management du réseau et son efficacité. » Conséquence de ce phénomène : plusieurs pays, dont les États-Unis, le Japon et l’Allemagne, ont lancé voici quatre ou cinq ans d’ambitieux programmes
n°250 I nOvEmbrE 2010 L’enquête | 23 w 03 Les écrans tactiles multipoints utilisés par l’équipe iPArLA (Labri/Inria) permettent de manipuler les objets 3D. 04 La multiplication des terminaux mobiles nécessite d’étudier de nouvelles architectures réseaux. Ici, les systèmes de l’équipe Pops (Lifl/Inria/Ircica). de recherche dans le but de construire les bases d’un Internet du futur, plus modulable que l’actuel. Ainsi, le projet européen Fire vise notamment à constituer d’ici à 2015 une plateforme expérimentale sur laquelle des scientifiques, des industriels et des PME pourraient concevoir, déployer et tester en toute sécurité de nouveaux outils et services Internet. One-Lab en constitue la première étape 4. Opérationnel depuis trois ans, ce prototype fournit un accès à un réseau restreint à 1000 ordinateurs connectés à travers le monde ainsi qu’à d’autres plateformes de recherche. Il a d’ores et 04 déjà permis de tester de nombreuses applications comme la distribution de contenus (vidéo, eBooks, musique) via le réseau mondial ou encore la géolocalisation d’adresses IP, le numéro permettant d’identifier chaque ordinateur qui est connecté à Internet. L’un des autres problèmes de taille, lié à la mobilité croissante des usagers, réside dans les limites des technologies radio pour les services informatiques mobiles. « Les réseaux de la téléphonie mobile de la seconde génération, type GSM, ont été conçus pour transmettre de la voix et non des images, de la vidéo ou pour se connecter à la télévision numérique ou à Internet, rappelle Pierre Duhamel, directeur de recherche au Laboratoire des signaux et systèmes 5. Résultat, ils sont souvent à la limite de la saturation dans les grandes villes. » Plusieurs solutions sont à l’étude, dont le network coding, qui consiste à faire transiter les données via un réseau formé par les autres mobiles. Ceux-ci joueraient alors, selon les cas, le rôle d’émetteur, de récepteur, de relais ou de routeur. Quoi qu’il en soit, nos chercheurs ont pris le taureau par les cornes. Pour preuve, depuis septembre dernier, Pierre Duhamel coordonne, dans le cadre du Réseau thématique de recherche avancée (RTRA) Digiteo d’Île-de-France, le premier gros projet consacré à ce secteur innovant de la coopération dans les réseaux. La sécurité, et en premier lieu celle des hommes, est également une pré occupation majeure des spécialistes. Les myriades de processeurs embarqués qui assurent des fonctions variées dans notre environnement sans intervention humaine offrent déjà des garanties appréciables en matière ©c.LEBEDInsky/InrIa de réactivité, de disponibilité et d’autonomie. Au point que les ingénieurs n’hésitent plus aujourd’hui à confier à certains d’entre eux, dits critiques, des tâches mettant en jeu la vie humaine : pilotage d’avion, contrôle de centrales nucléaires ou chirurgie assistée par ordinateur. Problème, « la conception de ces systèmes est extrêmement coûteuse, signale Joseph Sifakis, directeur de recherche au Laboratoire Verimag 6, à Gières, et titulaire en 2007 du prestigieux prix Turing, l’équivalent du prix Nobel en infor matique. Le développement d’un logiciel critique fait appel à des méthodologies de développement spécifiques, coûte 1000 fois plus cher que celui d’un code ordinaire et nécessite le passage devant une autorité de certification ». sécuriser Les systèmes Autre complication : si elles ont le mérite d’exister, ces méthodes industrielles de vérification des systèmes embarqués par model-checking, dont Joseph Sifakis fut l’un des inventeurs, s’avèrent inopérantes au-delà d’un certain degré de complexité. « Ce qui interdit l’arrivée de plusieurs technologies nécessitant une disponibilité ou une réactivité importantes, commente le chercheur. C’est le cas d’applications touchant à la médecine et à la conduite automobile, mais aussi du Web des objets, où l’on doit franchir une étape supplémentaire en faisant coopérer entre eux des systèmes embarqués dans un environnement Internet non critique, c’està-dire peu sécurisé. » Face à ces difficultés, certains scientifiques, à l’instar de Joseph Sifakis, se sont résolus à revisiter la théorie afin de rechercher des solutions qui évitent la vérification a posteriori. « Lorsqu’un ingénieur construit un pont, il dispose d’équations mathématiques lui garantissant que son ouvrage d’art ne s’effondrera pas, note ce dernier. L’informaticien, lui, n’a rien de tel : il n’a d’autres choix que de fabriquer des systèmes dont il doit tester le bon fonctionnement ensuite. Ce que mes collègues et moi-même tentons de faire, c’est d’essayer d’identifier les bases théoriques qui nous permettront de



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