CNRS Le Journal n°250 novembre 2010
CNRS Le Journal n°250 novembre 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°250 de novembre 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,3 Mo

  • Dans ce numéro : Jusqu'où ira l'informatique ?

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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16 Comprenant un grand sanctuaire religieux, le Létôon, l’ensemble du site, fouillé sans interruption depuis 1950, forme aujourd’hui l’un des plus remarquables chantiers archéologiques de Turquie et figure sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Un des noyaux originels de la ville de Xanthos a été exploré de manière quasi exhaustive et « nous avons acquis beaucoup de connaissances nouvelles sur la cité à l’époque romaine et byzantine », s’enthousiasme Jacques des Courtils. Il se réjouit aussi de la découverte récente d’un autre secteur où gisent des vestiges datant de la fondation de la cité et de la perspective de passer, enfin, à la prospection des quartiers d’habitation. La campagne 2010 a été consacrée en partie à la restauration d’enduits peints et de mosaïques, à la mise en route de fouilles d’un cimetière de la fin de l’époque byzantine et à la manière de présenter aux touristes l’une des places antiques de la ville. En ce qui concerne le sanctuaire du Létôon, fouillé désormais aux quatre cinquièmes, la dernière campagne a surtout porté sur la prospection de ses bâtiments périphériques, où « il semble que nous ayons trouvé une des salles de banquet où l’on consommait la viande des animaux sacrifiés lors des cérémonies religieuses », précise le chercheur. Par ailleurs, le dépouillement de nombreuses données sur le fonctionnement religieux du site se poursuit afin de mettre en lumière les différents types de sacrifices pratiqués, la périodicité des fêtes, etc. Dans la ville de Xanthos comme dans le sanctuaire du Létôon, les fouilles incluent un programme poussé de restauration : dans un cas, de monuments funéraires et, dans l’autre, d’un temple d’époque grecque | En images cnrs I LE JOUrnAL 09 07 08 consacré à Léto, la mère d’Apollon et d’Artémis, et qui a conservé 75 à 80% de ses éléments, fait très rare pour un temple hellénistique. Reconstruire pierre par pierre, de façon scientifique, « est à la fois bon pour nous, puisque cela permet de vulgariser notre travail auprès du grand public, et bon pour la Turquie, car cela stimule le développement du tourisme dans cette région magnifique », remarque Jacques des Courtils, toujours fasciné par « le charme et l’étrangeté » qui imprègnent chaque mission en Lycie. 1.CNRs/UniversitéMichel-de-Montaigne-Bordeaux-III. 2.Auxxiv e etxiii e sièclesavant J.-C.,lesfrontièresduroyaume hittiteenserraientlaplusgrandepartiedel’AsieMineure. Le reportage photo complet est à voir sur le journal feuilletable en ligne > www2.cnrs.fr/journal 10 07 cette large voie d’époque romaine, en cours de dégagement, constituait la principale voie de circulation de la ville de Xanthos. 08 La découverte d’un cimetière byzantin, en plein milieu de la grande voie dallée qui traverse Xanthos, permet de mener des études anthropologiques et médicales (durée de vie, cause des décès, niveau d’hygiène…) sur la population de l’époque. 09 ce pilier funéraire, découvert à Xanthos, est revêtu de la plus longue inscription lycienne conservée. Le lycien est une langue indoeuropéenne apparentée au hittite et encore imparfaitement comprise. son écriture a été empruntée aux Grecs et adaptée par les Lyciens à leur propre langue vers 500 avant J.-c. 10 Au fond, le temple de Léto, en cours de reconstruction. Plus près, les ruines du temple d’Artémis et, au premier plan, la mosaïque conservée dans le temple d’Apollon. Trois édifices grecs où les archéologues ont trouvé les traces de temples lyciens plus anciens. cOnTAcT : Ausonius : Institut de recherche sur l’Antiquité et le moyen Âge, Pessac Jacques des Courtils > courtils@u-bordeaux3.fr ©photos:h.RAGUEt/CNRsphotothèqUE
N°250 I Novembre 2010 Décryptage | 17 Agronomie Le 15 août dernier, des faucheurs ont détruit la totalité des vignes transgéniques expérimentées par l’Inra. Le biologiste Yves Dessaux explique les conséquences d’un tel acte. Fauchage des vignes OGM : une perte pour la recherche Par julIeN bourdet Difficile de mener des recherches sur les OGM en France… Le 15 août dernier, l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) en a fait l’amère expérience. Ses 70 pieds de vigne transgéniques cultivés à Colmar pour évaluer leur résistance au court-noué, une maladie due à un virus qui touche actuellement 60% du vignoble français et cause d’importantes pertes pour les viticulteurs, ont été détruits par des faucheurs volontaires venus de tout l’Hexagone. Un acte, condamné fermement par le CNRS, qui porte un coup d’arrêt à un essai en plein champ, réalisé pourtant de manière exemplaire, en concertation avec des représentants du monde agricole, des collectivités locales et des associations écologistes. « Il y a un côté obscurantiste chez les faucheurs, estime Yves Dessaux. Ils croient par principe que les OGM sont dangereux sans même chercher à savoir si c’est le cas. Une démarche à mille lieues de celles des scientifiques : pour nous, les OGM ne sont ni bons ni mauvais. Il est nécessaire de les évaluer au cas par cas avant de pouvoir les introduire ou non dans l’agriculture. » C’était précisément l’objectif des chercheurs de l’Inra, qui avaient démarré leur essai en 2005. Ils devaient dire si oui ou non les vignes génétiquement modifiées présentent un plus grand intérêt dans la lutte contre le court-noué que deux autres techniques, elles aussi en cours d’expérimentation : l’utilisation de plantes qui tuent naturellement les vers responsables de la propagation du virus et la sélection variétale de plants résistants au ver ou direc tement au virus. Et, pour éviter les risques de dissémination du transgène – un petit morceau du génome du virus – dans l’environnement, toutes les précautions avaient été prises : les pieds de vigne OGM ne produisaient pas de fleurs, et les fleurs du cépage, non OGM, greffées sur ces pieds de vigne, étaient coupées avant leur floraison. « On allait enfin avoir une réponse transparente sur l’intérêt des vignes transgéniques, commente notre expert. Et si le bénéfice était avéré, pouvoir mesurer précisément les risques potentiels que les OGM représentent en termes de dissémination des gènes et d’impact sur les microorganismes du sol, dont l’activité est vitale pour les plantes. En détruisant cet essai, les faucheurs se sont tiré une balle dans le pied, car si les OGM s’étaient révélés être une solution risquée ou inefficace, croyez bien que les chercheurs ne l’auraient pas caché. » © M. tAnnIères/Isv-cnrs Yves Dessaux q Chercheurs en train de planter les 70 pieds de vigne transgéniques au centre du champ expérimental de l’Inra, à Colmar, en juin. Cet écologiste microbien est spécialiste de l’évaluation des risques des plantes oGm pour l’environnement et de leur impact sur les micro-organismes présents dans le sol. Il est directeur de recherche à l’Institut des sciences du végétal du CNrS et chargé de mission à l’Institut écologie et environnement. L’Inra a annoncé son intention de reprendre ses expérimentations, mais le mal est fait, et c’est toute la recherche française sur les OGM qui pourrait subir les conséquences de cet arrachage. « Par peur de voir leurs essais détruits, les scientifiques hésitent de plus en plus à mener des travaux sur les OGM, regrette Yves Dessaux. À l’Agence nationale pour la recherche, on constate même une baisse des budgets consacrés à ce genre d’études. C’est là tout le paradoxe : pour prendre les bonnes décisions, les politiques demandent aux chercheurs des données objectives sur les OGM. Mais les peines encourues par les faucheurs ne sont pas assez dissuasives pour protéger ces recherches. » Au risque de voir un jour débarquer en France des OGM commercialisés par des sociétés privées et dont l’impact sur l’environnement n’aura pas été mesuré. CoNtaCt : Institut écologie et environnement, Paris Yves Dessaux > yves.dessaux@cnrs-dir.fr ©c. MAItre/InrA



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