©k.beNCheNaNeetaL. w PAr nIcOLAs cOnstAns 12 Pour ne pas être enseveli sous le fatras des choses qu’il apprend, notre cerveau fait le tri en permanence. On présumait depuis longtemps que ce tri s’opérait au sein de deux régions du cerveau : l’hippocampe, sorte de centre de stockage à court terme accueillant le tout-venant de l’information, et le cortex préfrontal, où est ensuite transférée une fraction seulement de cette information, celle qui doit être mémorisée pour un stockage à long terme. Restait à le prouver | Actualités cnrs I LE JOUrnAL Neurobiologie Commentnotrecerveaufait-illetriparmilesinformationsqu’ilcollecte enpermanence ? Unélémentderéponsevientd’êtreapportéparuneéquipeduCNRS. Du nouveau sur les mécanismes denotremémoire en l’observant au niveau de l’activité des neurones. C’est désormais chose faite grâce à une expérience menée sur le rat par une équipe du Laboratoire de physiologie de la perception et de l’action 1, qui a publié ses conclusions cet été sur le site de la revue Neuron 2. Pour cela, un rat a été placé face à une bifurcation entre deux routes. Encouragé par une récompense, il apprenait à choisir une des deux voies. Pendant l’expérience, les chercheurs ont enregistré l’activité électrique du cortex préfrontal et de l’hippocampe du rat. Résultat, dans chacune q ce pic d’activité électrique (du bleu jusqu’au rouge) montre que la communication s’établit entre cortex préfrontal et hippocampe au moment où le rat fait son choix. rePère. On appelle synapse la zone située entre deux neurones (cellules nerveuses) et qui assure la transmission des informations de l’un à l’autre. des deux régions du cerveau se forment des groupes de neurones agissant de concert. « Au moment précis où le rat se décide pour une des directions, raconte Karim Benchenane, chercheur dans le laboratoire de Neurobiologie des processus adaptatifs 3, à Paris, les activités électriques des groupes de neurones de l’hippocampe et du cortex préfrontal se synchronisent. Et cette synchronisation atteint son maximum une fois que le rat a compris la tâche à accomplir. » Ce processus implique qu’une communication s’établit entre les groupes de neurones de l’hippocampe et ceux du cortex préfrontal. En effet, lorsque deux neurones sont synchronisés, les connexions entre les deux – les synapses – se renforcent. L’équipe a aussi montré que la connexion entre hippocampe et cortex préfrontal était consolidée peu à peu au cours des nuits suivantes. Car, pendant le sommeil qui suit l’apprentissage, les mêmes groupes de neurones se synchronisent à nouveau, d’où un renforcement supplémentaire des synapses. C’est la première fois qu’est mis en évidence, au niveau des neurones, ce transfert d’information de l’hippocampe au cortex préfrontal au cours de l’apprentissage. D’autres expériences, pour lesquelles l’hippocampe et le cortex préfrontal étaient mis hors d’état de fonctionner, avaient montré que, chez le rongeur, ce transfert d’information semble durer à peu près un mois. Tandis qu’il serait beaucoup plus long chez l’homme, ainsi que l’ont suggéré des études plus anciennes sur des patients amnésiques dont l’hippocampe était lésé. L’équipe va désormais tenter d’en savoir plus sur la manière dont ces informations sont transcrites au niveau des neurones. 1.LaboratoireCNRS/CollègedeFrance. 2.Publiédans Neuron, le24juin2010. 3.UnitéCNRS/UPMC. cOntAct : neurobiologie des processus adaptatifs, Paris Karim Benchenane > karim.benchenane@snv.jussieu.fr |