CNRS Le Journal n°248-249 sep/oct 2010
CNRS Le Journal n°248-249 sep/oct 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°248-249 de sep/oct 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,5 Mo

  • Dans ce numéro : Les mille vertus des plantes

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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w PAR SEBASTIÁN ESCALÓN Mais qui donc parviendra à dompter ces ondes électromagnétiques très particulières qui se propagent à la surface des métaux ? Générés lorsqu’un faisceau de lumière frappe une surface métallique, les plasmons de surface se comportent à la fois comme des photons et comme des électrons. Ils sont l’objet de recherches très intenses, car on pourrait leur trouver une foule d’applications. Mais avant cela, il faut être en mesure de les produire et les contrôler. Ce sont deux grandes premières dans ce sens que viennent de présenter deux équipes comptant des chercheurs du CNRS. Pourquoi tant d’efforts ? Les plasmons présentent un avantage fondamental visà-vis de la lumière : pour être conduite, celle-ci a besoin de guides ou de fibres optiques relativement volumineuses. Or, grâce aux plasmons de surface, on peut confiner l’énergie contenue dans un faisceau lumineux sur une surface métallique, dans un espace minuscule, largement inférieur à la longueur d’onde de ce faisceau. Conséquence, les plasmons pourraient permettre de transmettre des informations à une fréquence bien supérieure à celle du courant électrique. DEUX DÉCOUVERTES MAJEURES « Grâce aux plasmons, le rêve de mettre dans un même circuit l’électronique et l’optique semble plus palpable », affirme Stefan Enoch, chercheur à l’Institut Fresnel. Bien d’autres technologies pourraient entrer dans l’ère des plasmons : les cellules photovoltaïques, les systèmes de détection de composés chimiques ou encore la microscopie à champ proche. La 8 | Actualités CNRS I LE JOURNAL Ingénierie Les scientifiques s’intéressent de très près au contrôle des plasmons de surface en raison de leurs nombreuses applications potentielles. Résultat, les avancées se multiplient dans ce domaine émergent. Les plasmons de surface bientôt maîtrisés ? © J. RENGER, R. QUIDANT/ICFO-BARCELONA q Des chercheurs sont parvenus à contrôler la propagation des plasmons de surface grâce à un matériau composite, observé ici au microscope. Celui-ci est constitué de plots nanométriques en dioxyde de titane placés sur une surface en or. première équipe de chercheurs, menée par l’Institut d’électronique fondamentale (IEF) 1 et l’Institut Langevin 2, vient de rendre ce rêve encore un peu plus accessible en créant une source de plasmons ultracompacte 3. « Jusqu’à présent, pour générer les plasmons et les injecter dans le guide métallique chargé de les transporter, nous devions passer par un système volumineux et peu pratique », raconte Raffaele Colombelli, chercheur à l’IEF. La prouesse de nos chercheurs ? Fabriquer une source à plasmons comprenant : un laser à semi-conducteurs dont la lumière traverse un matériau qui amplifie son intensité ; un dispositif appelé coupleur qui injecte les plasmons dans le guide ; et le guide lui-même. Le tout dans un dispositif qui ne mesure que 1 millimètre de long sur 20 micromètres de large ! L’exploit de notre seconde équipe, constituée de chercheurs de l’Institut Fresnel 4 et de l’Institut de Ciències Fotòniques barcelonais, est sans doute plus fondamental, mais non moins chargé de promesses. « Nous avons obtenu la première preuve expérimentale que l’on peut contrôler la propagation des plasmons grâce aux métamatériaux », explique Stefan Enoch. Le métamatériau mis au point par nos chercheurs consiste en une surface en or semée d’un réseau de plots nanométriques en dioxyde de titane. Normalement, la trajectoire des plasmons REPÈRE. Un métamatériau est un matériau composite structuré de façon à obtenir des propriétés qu’aucun matériau naturel ne possède.
N°248-249 I SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010 Actualités | 9 w sur une surface est rectiligne. Ce matériau, en revanche, les contraint à décrire une trajectoire courbe. Ainsi, les plasmons peuvent contourner un obstacle placé entre la source et l’observateur. L’obstacle devient tout à fait invisible à l’observateur qui reçoit les plasmons. Un tour de force qui ouvre l’optique de transformation, méthode permettant de maîtriser la propagation de la lumière, aux plasmons. Même s’il est difficile de prévoir le jour où nos objets usuels contiendront tous une source à plasmons, une chose est sûre, nous allons entendre parler de plus en plus souvent de ces ondes si particulières. 1. Unité CNRS/Université Paris-Sud-XI. 2. Unité CNRS/ESPCI ParisTech/UPMC/Université Paris Diderot. 3. En collaboration avec le Laboratoire de photonique et de nanostructures (Unité CNRS) et le laboratoire Matériaux et phénomènes quantiques (Unité CNRS/Université Paris Diderot). 4. Unité CNRS/Université de Provence/Université Paul-Cézanne/Centrale Marseille. CONTACTS : Institut d’électronique fondamentale, Orsay Raffaele Colombelli > raffaele.colombelli@ief.u-psud.fr Institut Fresnel, Marseille Stefan Enoch > stefan.enoch@fresnel.fr q Les dents du Morotochoerus ugandensis (dans la main) semblent bien minuscules comparées à celles de son plus proche parent actuel, l’hippopotame. 11 C’est le nombre de populations de serpents qui connaissent actuellement un déclin catastrophique… sur les 17 étudiées par des chercheurs de différents continents, dont ceux du Centre d’études biologiques de Chizé. En ce qui concerne les six autres populations, cinq sont stables et une est en très légère augmentation. Cette étude a été publiée dans Biology Letters. Paléontologie L’ancêtre des hippopotames ne pesait que 30 kilos PAR CLÉMENTINE WALLACE w Les découvertes sur les origines des hippopotames ne cessent de surprendre. Tout récemment, des chercheurs ont identifié un hippopotame datant de 21 millions d’années (Ma), ce qui en fait le plus vieux représentant de cette famille découvert à ce jour. Or celui-ci, Morotochoerus ugandensis, ne pesait que 30 kilogrammes ! Déroutant lorsque l’on sait que le plus petit des hippopotames actuels pèse dans les 200 kilogrammes. Cela fait plus d’un siècle que les paléontologues débattent de l’origine de ces mammifères. L’hypothèse aujourd’hui en vogue suggère qu’avec les baleines, ils descendraient d’un ancêtre commun appartenant au groupe des cétartiodactyles. De cet ancêtre hypothétique, vieux de 60 Ma, descendraient deux branches, celle des cétacés et celle des anthracothères, dont tous les descendants auraient disparu… sauf les hippopotames. « Depuis une quinzaine d’année les paléontologues sont à la recherche de fossiles qui témoigneraient de ce lien », explique Fabrice Lihoreau, paléontologue à © ISEM l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (ISE-M) 1. C’est dans ce contexte qu’une équipe franco-américaine 2 a découvert, en Ouganda, les restes dentaires d’un mammifère vieux de 21 Ma, Morotochoerus, jusqu’alors considéré comme un cousin éteint des sangliers. À première vue, cet animal de 30 kilogrammes ne ressemblait guère au plus vieil hippopotame découvert jusqu’alors, Kenyapotamus, datant de 15 Ma, et qui pesait quelque 200 kilogrammes. En observant le patron dentaire de ce spécimen, les chercheurs ont découvert de grandes similitudes morphologiques avec les anthracothères, mais aussi avec les hippopotames. « Morotochoerus était indubitablement plus proche des hippopotames que des sangliers », affirme Maeva Orliac, post-doctorante à l’ISE-M, et premier auteur de l’étude publiée en juin dans PNAS. Une analyse phylogénétique incluant ce spécimen et de nombreux groupes de cétartiodactyles a ensuite confirmé que Morotochoerus était bien le plus vieil hippopotame et que le groupe Morotochoerus-hippopotame s’enracinait bien chez les anthracothères. « C’est l’une des clés qui nous manquaient pour comprendre l’histoire évolutive de ces animaux », explique Maeva Orliac. Les recherches se tournent désormais vers des spécimens plus anciens pour les comparer aux patrons dentaires primitifs de baleines, fossiles qui datent de 55 Ma. 1. Unité CNRS/Université Montpellier-II. 2. Dirigée parL. MacLatchy et A. Arbor, Michigan. CONTACTS : Institut des sciences de l’évolution de Montpellier Fabrice Lihoreau > fabrice.lihoreau@univ-montp2.fr Maeva Orliac > maeva.orliac@univ-montp2.fr



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