© M. CERF PAR GÉRALDINE VÉRON 36 w L’édification du clocher de la collégiale Saint-Martin-d’Angers ne date pas du XI e siècle comme l’estimaient les spécialistes, mais de la fin du IX e siècle. Une rectification de taille, parmi d’autres, que l’on doit aux membres du Groupement de recherche européen Terres cuites architecturales et nouvelles méthodes de datation (GDRE TCA). Et ce n’est pas fini, puisque ce GDRE qui réunit douze équipes issues du CNRS et de laboratoires européens (un britannique, deux italiens et un belge) vient tout juste d’être reconduit jusqu’à la fin 2012. La trentaine d’experts va donc poursuivre la relecture de l’histoire des monuments médiévaux du VI e au XI e siècle. Imaginé en 2005 par l’archéologue Christian Sapin de l’unité Archéologie, terre, histoire, sociétés 1 et le physicien Pierre Guibert de l’Institut de recherche | On en parle CNRS I LE JOURNAL Partenariat européen Les spécialistes en datation revisitent l’histoire sur les archéomatériaux 2, le GDRE est né d’une volonté des archéologues, des historiens de l’art et des spécialistes en datation de structurer leurs recherches et d’évaluer avec des méthodes ultraperformantes la datation des matériaux de construction de sites emblématiques. Parmi celles-ci : la datation au carbone 14, utile pour déterminer l’âge d’une branche ayant donné du charbon de bois retrouvé dans un mortier ; la dendrochronologie, qui sert à dater les objets en bois ; la thermoluminescence, qui permet de préciser le moment de cuisson des briques ; et l’archéomagnétisme, le moment de chauffe du matériau. « En croisant les différents résultats, nous obtenons des informations étonnantes sur la réutilisation de matériaux, leur production ou la chronologie de monuments comme Notre-Dame-sous- Terre au Mont-Saint-Michel 3 », s’enthousiasme Pierre Guibert. Des conclusions PAR GÉRALDINE VÉRON w Événement le 21 octobre prochain : l’Institut de biologie physico-chimique (IBPC) 1 célèbre son 80 e anni versaire. Pour cela, il organise, avec le soutien de la région Île-de-France et de la ville de Paris, une journée intitulée Au cœur de la biologie. Au programme : conférences scientifiques et historiques, et cérémonie d’inauguration de l’IBPC rénové. Responsable scientifique et administratif de l’Institut depuis 1997, le CNRS a en effet décidé en 2000 de redonner une nouvelle jeunesse au bâtiment de la montagne Sainte-Geneviève à Paris. Fondé par le baron Edmond de Rothschild et le Prix Nobel de physique (1926) Jean Perrin, futur créateur du CNRS en 1939, l’IBPC était à ses débuts la seule institution scientifique à employer à plein temps des chercheurs venus de différentes disciplines chargés d’étudier les mécanismes physico-chimiques du vivant. « Aucune autre institution de ce genre, en France ou en Europe, ne permettait à l’époque aux chercheurs d’exprimer leur créativité et leur originalité en toute autonomie et dans une véritable interdisciplinarité », note son directeur, Francis-André Wollman. qui poussent nos chercheurs à affiner et à élargir les champs d’application de ces techniques, et à étendre leurs actions à l’Est de la France, en Italie… « Notre objectif, annonce Christian Sapin, est d’obtenir une reconnaissance de la communauté scientifique et de poursuivre la construction d’un réseau international sur cette thématique. » 1. Unité CNRS/Université de Bourgogne/Ministère de la Culture et de la Communication. 2. Unité CNRS/Université Michel de Montaigne/Université d’Orléans/UTBM. 3. Lire « Concordance des temps au Mont-Saint-Michel », Le journal du CNRS, n°220, mai 2008,pp. 28-30. CONTACTS : Archéologie, terre, histoire, sociétés, Dijon Christian Sapin > sapin.christian@wanadoo.fr Direction Europe de la recherche et coopération internationale du CNRS, Paris Francesca Grassia > francesca.grassia@cnrs-dir.fr Institut de recherche sur les archéomatériaux, Bordeaux Pierre Guibert > guibert@u-bordeaux3.fr Anniversaire Les 80 ans d’un laboratoire hors du commun q C’est au physicien Jean Perrin (1870-1942) que l’on doit la création de l’IBPC et celle du CNRS. EN LIGNE : > www.ibpc.fr Ainsi, l’IBPC a donné de grands noms à la recherche, comme ceux de Boris Ephrussi, pionnier de la génétique en France, ou encore Pierre Joliot, codécouvreur du mécanisme d’émission d’oxygène lors de la photosynthèse, tous deux médaillés d’or du CNRS. Pour cette journée du 21 octobre, chercheurs de l’IBPC et invités américains, suisses, allemands et anglais aborderont plusieurs découvertes en lien avec les thèmes des unités de recherche de l’Institut, tels que le fonctionnement du système moléculaire complexe impliqué dans la photosynthèse, la modélisation par ordinateur du comportement des molécules du vivant ou encore l’expression génétique microbienne. Enfin, une présentation de l’histoire institutionnelle et scientifique montrera comment l’IBPC a modifié au cours de ses quatre-vingts années d’existence ses domaines d’exploration tout en préservant sa philosophie et ses principes d’origine. 1. L’IBPC héberge six unités de recherche associées au CNRS, à l’UPMC et à l’université Paris Diderot. CONTACT : Institut de biologie physico-chimique, Paris Catherine Larget, secrétaire générale > catherine.larget@ibpc.fr |