© PHOTOS : IJL/CNRS PHOTOTHÈQUE w 07 Mousse rigide fabriquée à partir des tannins présents dans l’écorce des arbres. 08 Aérogels fabriqués avec ces mêmes tannins. 24 était jusqu’à présent une des rares matières premières végétales à être utilisée, ce n’est plus le cas. Ainsi, la lignine, qui colle les fibres du bois entre elles, autrefois vulgaire déchet des papetiers, s’apprête à trouver une seconde vie. En la brûlant dans des conditions bien particulières, les chercheurs sont en effet parvenus à mettre au point des charbons actifs très performants. Constituants des masques à gaz et des filtres à eau notamment, les charbons actifs permettent de piéger tout un tas de polluants. « L’avantage de la lignine sur ses concurrents, c’est d’abord son très faible coût, commente Alain Celzard, de l’Institut Jean- Lamour 2, à Épinal, où sont développés ces nouveaux matériaux. Et sa texture à l’échelle nanoscopique fait qu’elle est capable de retenir les molécules polluantes présentes même à l’état de trace. » LE SYNTHÉTIQUE CONCURRENCÉ PAR LES TANNINS Parmi les autres composés naturels promis à un brillant avenir : les tannins, présents dans l’écorce des arbres et bien connus pour le traitement du cuir. En les mélangeant à de l’eau et à divers réactifs chimiques, les chercheurs ont réussi à fabriquer des mousses rigides extrêmement légères, dotées de nombreuses vertus. Outre leur prix attractif là encore, « ces mousses sont très isolantes et très résistantes au feu, précise Alain Celzard. Qui plus est, elles sont naturelles à 95% et ne dégagent pas de fumée toxique en brûlant, contrairement aux mousses synthétiques du commerce ». Séduit par tous ces arguments, un grand groupe international a déjà manifesté son intérêt pour ce qui pourrait devenir un concurrent très sérieux de la laine de verre de nos maisons. La liste de ces matériaux verts ne devrait cesser de s’allonger dans le futur. « Parce qu’ils sont produits à partir de ressources non épuisables, les plantes, et de manière écologique, ces matériaux n’ont pas fini de concurrencer leurs homologues synthétiques, moins respectueux de l’environnement », se réjouit le chercheur. 1. Unité CNRS/Université Joseph-Fourier/Université de Savoie/IRD/Laboratoire central des ponts et chaussées. 2. Unité CNRS/Nancy-Université/Institut national polytechnique de Lorraine/Université Paul-Verlaine. 07 CONTACTS : Alain Celzard > alain.celzard@lcsm.uhp-nancy.fr Alain Manceau > alain.manceau@obs.ujf-grenoble.fr | L’enquête CNRS I LE JOURNAL 08 © B. RAJAU/CNRS PHOTOTHÈQUE/IBMP 09 Les généticiens Quel est le point commun entre l’observation en 1655 par Robert Hooke des premières cellules chez un être vivant et la mise en évidence des lois de l’hérédité par Gregor Mendel en 1865 ? Elles ont été faites grâce aux plantes. Aujourd’hui, le rôle pionnier des végétaux en biologie ne se dément pas. Dans les laboratoires de génétique et de biologie moléculaire, ils sont devenus le modèle par excellence de la recherche fondamentale. La clé de leur succès ? Leur cycle de développement court et leur caractère prolifique qui permet de créer rapidement des variations génétiques. Mais aussi la taille de leur génome, petit chez certaines espèces, et donc plus facile à étudier. Dotées de tant de vertus, il n’est pas étonnant que les plantes soient à l’origine d’une des avancées les plus importantes de ces dernières années en génétique : la découverte de l’ARN (l’acide ribonucléique) interférent, aussi baptisé ARN silencieux. L’ARN est surtout connu pour son rôle de messager. C’est lui qui transmet l’information génétique portée par l’ADN (l’acide désoxyribonucléique) au sein des cellules pour qu’elles fabriquent les protéines. Mais cette nouvelle classe d’ARN a une fonction bien différente. « Ces petits morceaux d’ARN interfèrent avec un ARN messager et empêchent ainsi la synthèse de la protéine correspondante, explique Pascal Genschik, directeur de l’Institut de biologie moléculaire des plantes, à Strasbourg. Leur rôle est essentiel dans la régulation de l’expression des gènes. Mais ces ARN ont une autre facette, très importante elle aussi : la lutte contre les virus. En interférant avec l’ARN du pathogène cette fois, ils défendent la |