PAR SEBASTIÁN ESCALÓN CNRS I LE JOURNAL w 12 | Rubrique Actualités Histoire de l’art Des rayons X pour faire parler les toiles w Comment Léonard de Vinci obtenait-il son inimitable sfumato, cet effet vaporeux qui estompe les lignes et les contours et qui a tant contribué à sa renommée ? Pour tenter d’y voir plus clair, une analyse chimique quantitative, la première de ce genre, a été effectuée sur les sept tableaux du grand maître que possède le musée du Louvre. Elle a été réalisée par une équipe menée par Philippe Walter, chercheur au Laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France 1, en collaboration avec l’Installation européenne de rayonnement synchrotron. Les chercheurs ont utilisé la spectrométrie de fluorescence des rayonsX, technique qui ne nécessite aucun prélèvement sur les tableaux, afin de déterminer la composition et l’épaisseur des couches de matière déposées sur les toiles. L’analyse s’est portée sur les visages de neuf personnages. En effet, les têtes sont emblématiques du sfumato de Léonard de Vinci. Pour obtenir cet effet, l’artiste utilisait avec brio la technique des glacis : il appliquait minutieusement de très fines couches de peinture translucide ne contenant que très peu de pigments. Les chercheurs ont montré qu’il a pu superposer par endroits jusqu’à 20 ou 30 microcouches de 1 à 2 microns d’épaisseur ! LE SATELLITE PLANCK NOUS DÉVOILE LE CIEL w L’une des plus belles images de l’histoire de l’astrophysique ? Sans doute ! Mystérieuse et troublante, elle nous montre le premier relevé de l’ensemble du ciel effectué par Planck, satellite lancé en 2009 afin d’observer les premières lueurs de l’Univers, un projet dans lequel le CNRS est très impliqué. L’image a été créée afin de mettre en évidence les deux sources de rayonnement micro-ondes les plus importantes dans notre ciel : au premier plan, la Voie lactée et, en arrière-plan, le rayonnement fossile, vestige de la première lumière émise par l’Univers lorsque celui-ci n’avait que 380 000 ans. Au centre de l’image, le disque brillant de notre propre galaxie. Autour, sur toute la partie centrale, une sorte de brume : c’est l’émission du milieu interstellaire, le mélange de gaz et de poussières qui remplit la Voie lactée. L’analyse de ce rayonnement permettra de mieux comprendre la formation d’étoiles dans notre galaxie. Enfin, tout en haut et tout en bas de l’image, on observe la structure granuleuse qui caractérise le rayonnement fossile. Elle correspond aux petites variations de densité que présentait l’Univers lorsqu’il n’était encore qu’une soupe de particules extrêmement chaude et dense. Ces inhomogénéités, qui q Les analyses ont été réalisées directement devant les œuvres de Léonard de Vinci au musée du Louvre. Même la célèbre Joconde a été soumise à la question. Comme s’il s’agissait de verres teintés, ces couches permettent d’obtenir un nombre presque infini de nuances en dégradé. Lorsque l’on sait que chaque couche devait sécher plusieurs jours avant que la suivante puisse être appliquée, on comprend pourquoi chaque tableau pouvait demander plusieurs années de travail à Léonard de Vinci. Les résultats de cette étude ont été publiés le 15 juillet dans Angewandte Chemie International Edition. 1. Unité CNRS/Ministère de la Culture et de la Communication. CONTACT : Laboratoire du Centre de recherche et de restauration des musées de France, Paris Philippe Walter > philippe.walter@culture.gouv.fr À suivre Biodiversité I La 10 e réunion de la Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (COP10) se tient à Nagoya, au Japon, du 18 au 29 octobre. Les 193 pays signataires de la convention se fixeront de nouveaux objectifs pour lutter contre l’érosion de la biodiversité. > www.cbd.int Santé I La ville de Berlin accueille le 2 e Sommet mondial de la santé du 10 au 13 octobre 2010. Il s’agit du plus important sommet international de chercheurs, physiciens, politiciens et intervenants sur les systèmes de soins. > www.worldhealthsummit.org Environnement I Équipé d’un moteur à hydrogène, le voilier Zéro CO 2 poursuit son périple en Méditerranée et sa collecte de données. Parmi ces dernières, des mesures de la pollution et de l’air effectuées grâce à l’analyseur de gaz Sara sur lequel ont travaillé des chercheurs du CNRS. > www.zeroco2sailing.com plus tard ont donné naissance aux étoiles et aux galaxies, intéressent grandement les cosmologistes. Cette image splendide présentée par l’Agence spatiale européenne est un véritable avant-goût de la moisson de découvertes que Planck devrait permettre de récolter. CONTACT : Institut d’astrophysique de Paris François Bouchet > bouchet@iap.fr © V.A. SOLÉ/ESRF © ESA, HFI ET LFI CONSORTIA |