22 > L’ENQUÊTE LA PRODUCTION ARTISTIQUE Les Gaulois comptent dans leurs rangs des artistes de haut vol dont les productions ne nous sont accessibles que par des monnaies, des parures (bracelets, torques, fibules, sortes de broches servant à tenir ensemble deux pans d’un vêtement), des armes ornées, des vases… « La qualité de ces petits objets nous incite à penser que des constructions beaucoup plus grandes, avec pour support le bois, telles les statues retrouvées à Fellbach-Schmiden, au Bade-Wurtemberg, et qui représentent des animaux tenus par un personnage dont il ne reste que la main sur la croupe d’une sorte de bouquetin, présentaient une décoration aussi riche, affirme Germaine Leman, du laboratoire Histoire, archéologie, littérature des mondes anciens-Institut de papyrologie et d’égyptologie de Lille 4. La plupart de ces œuvres ont malheureusement disparu, le bois ne se conservant que dans des conditions exceptionnelles. » L’art gaulois courtise l’abstraction. Les représentations de l’homme et des dieux, systématiques chez les Grecs et chez les Romains, pour qui l’art consiste à imiter la nature, sont rarissimes, et celles des paysages et des constructions humaines, inexistantes. Les figures les plus courantes sont celles d’êtres fantastiques, les fragments de corps (œil, bec, patte…) ou les corps déformés (visages aplatis montrant leur face et leur profil), sans oublier une multitude de compositions géométriques d’une complexité inouïe. L’art gaulois connaît son plein épanouissement entre les V e et III e siècles av. J.-C., avant de tomber dans un réalisme sans grande originalité. LES CROYANCES RELIGIEUSES Si religieux qu’ils rient des dieux l’élite gauloise. Tout à la fois savants romains figurés comme des êtres versés dans l’observation des astres humains, les Gaulois vénèrent moult à des fins divinatoires, l’étude des divinités, tels Taranis, maître du mathématiques et de la géométrie, ciel, et Teutatès, dieu de la guerre. la pharmacopée…, philosophes, D’autres sont plus spécifiques : théologiens et accessoirement Cernunnos, dieu de la fécondité juges, ces prêtres transmettent à cornes de cerf, Épona, protectrice leur savoir par tradition orale des chevaux, Lugus, gardien du aux enfants des familles nobles. feu… Existe-t-il un seul et même Le druidisme règne sur la Gaule panthéon pour toute la Gaule ? entre les V e et II e siècles avant Chaque peuple peut avoir ses notre ère, avant de décliner pour divinités propres, même si certaines disparaître complètement au figures sont récurrentes. La mort ? tournant de l’ère chrétienne. Un passage vers le monde d’en haut ou, pour ceux qui ne peuvent y accéder, une descente sous la terre avant que l’âme ne se réincarne et revive. Quant à la pratique du sacrifice humain, leitmotiv des textes antiques visant à rabaisser les Gaulois, les vestiges archéologiques venant l’étayer sont extrêmement rares. « Sans doute a-t-elle existé avant le V e siècle av. J.-C., mais à très petite échelle, confie Jean-Louis Brunaux. Et elle a disparu au profit de sacrifices d’animaux domestiques (taureaux, vaches, bœufs, moutons, porcs…), comme le montrent, par exemple, les ossements exhumés en grande quantité dans le sanctuaire de Gournay-sur-Aronde, dans l’Oise. » Les druides forment une partie de Statuette en bronze d’un dieu guerrier gaulois, découverte à Saint-Maur, dans l’Oise. Le journal du CNRS n°246-247 juillet-août 2010 G. Blot/RMN © E. Lessing/akg-images Cette sculpture de deux têtes jointes par l’arrière du crâne (300 av. J.-C.) a été découverte à Roquepertuse, dans les Bouchesdu-Rhône. © P.-Y. Lambert Pour écrire, les Gaulois utilisaient souvent les alphabets étrangers, comme sur ce bloc de pierre portant une inscription gallo-grecque. Ce tableau peint vers 1900 par Henri-Paul Motte figure la cueillette du gui, rite célèbre pratiqué par les druides. |