12 © CSNSM-IN2P3-CNRS-Univ. Paris-Sud VIEDESLABOS Actualités ASTRONOMIE De la poussière de comètes découverte en Antarctique C’est une toute nouvelle famille de micrométéorites qui a été découverte par des chercheurs du Centre de spectrométrie nucléaire et de spectrométrie de masse (CSNSM) 1 dans la neige de l’Antarctique, près de la station scientifique Concordia. Grâce à des conditions favorables (vent soufflant du pôle vers les côtes, altitude de 3 200 mètres), l’endroit est une véritable salle blanche naturelle, conservant intact tout ce qui tombe du ciel. Soutenue par l’Institut polaire français Paul- Émile-Victor, l’équipe y exhume Le journal du CNRS n°245 juin 2010 depuis dix ans des micrométéorites, témoins des premiers instants du système solaire. Cette nouvelle espèce, décrite début mai dans la revue Science, pourrait être la première provenant d’une comète. La quantité de matière trouvée est faible : à peine six micrométéorites, toutes de la taille de grains de poussière domestique (0,1 mm). Les 4 mètres de profondeur où elles ont été trouvées situent leur atterrissage au pôle Sud dans les années 1960. Malgré leur petite dimension, elles ont pu être fragmentées et leurs morceaux distribués à trois laboratoires 2 à des fins d’analyses diverses. Ce qui a permis de révéler la composition isotopique de l’hydrogène des particules, signature de leur origine extraterrestre. À l’arrivée, les résultats des analyses ont stupéfait les chercheurs : au milieu des assemblages des minéraux habituels des météorites (formés à base d’oxygène, de magnésium, de silicium…), les particules contiennent une forte proportion de carbone sous forme organique. Plus de la moitié de la masse de chaque grain est ainsi formée de matière carbonée, une proportion encore inédite dans le paysage des micrométéorites. D’où viennent ces grains ? Plusieurs indices attribuent leur paternité aux comètes dont la Terre traverse le sillage. Notamment la composition des minéraux, qui est proche de celle des fragments de poussières de la comète Wild 2, rapportés en 2004 par la sonde Stardust, de la Nasa. Or « les comètes se sont formées dans les PALÉONTOLOGIE Deux australopithèques bien proches de nous En 2008, au hasard d’une promenade, le paléontologue américain Lee Berger découvre dans une grotte située à 40 kilomètres de Johannesburg, en Afrique du Sud, les squelettes de deux petits êtres d’environ 1,30 m chacun. Il ne le sait pas encore, mais sa découverte va bientôt faire le tour du monde. En effet, tous deux appartiennent à une espèce d’australopithèques jamais décrite auparavant. Il s’agit d’une femelle adulte et d’un enfant d’une dizaine d’années, qui vécurent il y a 1,9 million d’années, et qui seraient morts en même temps après être tombés dans la grotte où ils ont été retrouvés. La revue Science du 9 avril dernier publie la découverte de cette nouvelle espèce d’hominidés, baptisée Australopithecus sediba, ainsi Cette micrométéorite d’un nouveau genre, vue ici au microscope électronique à balayage, a été retrouvée près de la station Concordia. que les résultats des premières analyses des fossiles. Celles-ci ont été réalisées par une équipe internationale dont fait partie Geoffrey King, chercheur à l’Institut de physique du globe de Paris 1. Ces fossiles pourraient représenter une avancée importante pour comprendre l’évolution des hominidés. « Les squelettes ont été retrouvés dans des conditions de conservation extraordinaires. Ils ont été recouverts de sédiments très fins et ne présentent pas les traces d’érosion que l’on retrouve dans la plupart des fossiles retrouvés dans la vallée du rift, en Éthiopie. Ils sont tellement bien conservés que l’on peut même observer les points d’insertion du muscle à l’os ! », affirme Geoffrey King. Mais ce n’est pas tout. « Ces fossiles ont un peu moins de 2 millions d’années, et c’est à cette époque que sont apparus les premiers hominidés du genre Homo. Or justement, Sediba, tout en restant un australopithèque, présente de nombreux caractères proches d’espèces comme Homo erectus », ajoute le chercheur. D’après les premières analyses des squelettes, ces australopithèques devaient être de bons grimpeurs, mais ils étaient aussi capables de se déplacer et même de courir comme des humains. Seraient-ils donc une sorte de chaînon manquant entre les australopithèques et le genre Homo auquel nous appartenons ? Pour certains spécialistes, parmi lesquels leur découvreur, Lee Berger, cette nouvelle espèce est effectivement un sérieux candidat au titre de plus proche ancêtre des Homo. régions froides du disque de gaz qui a donné naissance aux planètes, il y a 4,5 milliards d’années », souligne Jean Duprat, qui a dirigé les recherches au CSNSM. Les régions froides étaient suffisamment éloignées du centre du disque pour permettre la condensation de glaces (d’eau, de monoxyde de carbone, etc.), constituants majoritaires des comètes. Les chercheurs viennent ainsi peut-être de trouver les premières archives sur Terre de ces zones reculées dans le temps et l’espace. Xavier Müller 1. Unité CNRS/Université Paris-XI. 2. Le service national Nanosims du Laboratoire de minéralogie et cosmochimie (Laboratoire CNRS/Muséum national d’histoire naturelle), l’Unité matériaux et transformations (Unité CNRS/Université de Lille-I/ENS Chimie Lille) et le Laboratoire de géologie de l’École normale supérieure (Laboratoire CNRS/ENS Paris). CONTACT ➔ Jean Duprat Centre de spectrométrie nucléaire et de spectrométrie de masse (CSNSM) jean.duprat@csnsm.in2p3.fr Geoffrey King reste néanmoins prudent et pense que les très vives controverses sur les ancêtres du genre Homo ne se résoudront pas grâce à cette découverte. « Je pense que la découverte de Sediba va activer le débat plutôt que de le clore, admetil. De plus, il y a de très nombreux endroits en Afrique du Sud qui n’ont pas du tout été explorés et où l’on pourrait découvrir bien des espèces intermédiaires entre les premiers Homo et leurs ancêtres. » Sébastian Escalón 1. Unité CNRS/IPGP/Universités Paris-VI et -VII/Université de la Réunion. CONTACT ➔ Geoffrey King Institut de physique du globe de Paris king@ipgp.jussieu.fr |