34 © Photos : Fondation IPH INSITU PALÉONTOLOGIE Un siècle aux sources de l’humanité Des fouilles sur le terrain à la diffusion des savoirs, l’Institut de paléontologie humaine se consacre depuis 100 ans à la vie des premiers humains. Retour sur ses succès, mis à l’honneur au cours des prochains mois. Au 1, rue René-Panhard, à Paris, les préparatifs vont bon train. Dans l’imposante bâtisse qui l’accueille depuis sa création, l’Institut de paléontologie humaine s’apprête à fêter son centenaire. Une célébration qui verra se succéder des conférences pour le grand public, une exposition itinérante, le lancement d’un timbre commémoratif francomonégasque, un spectacle. Et, cerise sur le gâteau ! Un colloque international où, du 2 au 6 juin, 78 chercheurs de tous domaines – géologues, paléontologues, paléobotanistes…– et de tous horizons – 24 pays – tenteront de mieux cerner les us et coutumes de nos lointains ancêtres. Car l’Institut de paléontologie humaine est entièrement dévoué à cette science de la préhistoire qui tente de décrypter la vie des premiers humains. Qui étaient-ils ? Comment vivaient-ils au quotidien ? Quelles ont été les conséquences des grandes avancées technologiques que sont la taille des outils ou l’invention du feu ? Autant d’énigmes que les membres de l’IPH ont à cœur de résoudre depuis sa naissance, en 1910. Fêter le centenaire du plus ancien centre de recherche au monde entièrement dédié à l’étude de l’homme fossile, c’est d’abord évoquer son fondateur, le prince Albert I er de Monaco. « Savant et érudit, il portait un grand intérêt aux origines de l’homme tant d’un point de vue scientifique que philosophique, explique le professeur Henry de Lumley, directeur de l’IPH depuis Le journal du CNRS n°244 mai 2010 1981. C’est après une visite des peintures pariétales paléolithiques des grottes de Cantabrie, en juillet 1909, et sur les conseils de l’abbé Breuil et de Marcellin Boule, professeur de paléontologie au Muséum d’histoire naturelle, qu’il a décidé de financer l’Institut avec la volonté de ne le rattacher à aucun autre établissement. » Tout sauf poussiéreux, l’établissement de 1 200 m 2 et récemment rénové possède une collection riche d’une dizaine de milliers d’ossements et d’objets préhistoriques qu’il met à disposition des chercheurs du monde entier. Il accueille également une structure de recherche associée au CNRS – l’unité « Histoire naturelle de l’homme préhistorique » 1 – ainsi qu’une plateforme technique en continuelle évolution. Sans oublier la scanothèque, déjà forte des images obtenues par scanner Fragment de mandibule d’Australopithecus anamensis, un hominidé bipède daté de 4 millions d’années, mis au jour en Éthiopie. médical d’une quinzaine de spécimens fossiles d’Europe et d’Asie. En quête des plus anciennes traces laissées par nos ancêtres, c’est toutefois sur le terrain que l’IPH joue à plein son rôle de coordinateur autant que d’organe de financement des recherches de pointe. Les sites sont généralement choisis pour leurs longues successions de couches géologiques : de quoi remonter loin dans le temps (Pleistocène inférieur et moyen) via un panel de méthodes, magnétostratigraphie, géochronologie, palynologie (étude des pollens et spores), etc. Où ? En France bien sûr (grottes de Tautavel et du Lazaret au pied du Mont-Bégo), mais aussi en Afrique (Éthiopie et Mauritanie) et en Asie (Inde, Chine, Corée-du-Sud). « Dans toutes nos missions en cours, l’axe de recherche dominant est la connaissance des premiers habitants et de leur vie quotidienne sur les différents continents », souligne Henry de Lumley. Avec des résultats plus que satisfaisants. Par exemple, l’exploration de la région de Fejej dans le sud de l’Éthiopie a permis en 2002 la découverte de restes d’hominidés archaïques de type Australopithecus anamensis. Comme l’explique Henry de Lumley : « En s’ap- |