CNRS Le Journal n°244 mai 2010
CNRS Le Journal n°244 mai 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°244 de mai 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,9 Mo

  • Dans ce numéro : Afrique le nouvel élan

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 30 - 31  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
30 31
30 7 ZOOM 7 Les prises de vue automatiques ont permis de reconstituer l’évolution temporelle de la cascade Shiva-Lingam dans les Alpes. On la voit clairement se constituer et s’épaissir entre (de gauche à droite) le 24 novembre 2008, le 10 janvier 2009 et le 9 mars 2009. Sur le dernier cliché, on la voit en train de se briser. 8 9 En observant une section horizontale d’une stalactite en lumière blanche (en bas) et en lumière polarisée (en haut), les chercheurs parviennent à visualiser les bulles d’air emprisonnées dans la glace ainsi que la répartition des cristaux. 10 En plus de prélever des stalactites, les chercheurs analysent la résistance de la glace. Ici par exemple, ils mesurent, à l’aide de l’appareil au premier plan, la force nécessaire pour rompre la structure. © Photos : M. Montagnat > des évènements en direct. Un jour de janvier 2008, un gros bloc de glace s’est cassé sur une cascade voisine de la nôtre ! » La cause de ce phénomène, bête noire des grimpeurs ? Les chutes brutales de température, selon la scientifique. En effet, celles-ci provoquent la contraction de la glace. Or, comme elles sont accrochées à la roche par le haut et le bas, les cascades free standing ne peuvent pas se contracter. Du coup elles sont soumises à des contraintes mécaniques qui peuvent engendrer une propagation très rapide d’une fissure naturellement formée ou créée par un coup de piolet. « Les grimpeurs expérimentés ont une bonne intuition de ce phénomène, rapporte Maurine Montagnat. Beaucoup évitent toute sortie après un coup de froid soudain. » Tous ces résultats paraîtront bientôt dans la revue Journal of Glaciology. Mais ce n’est qu’un début : la 9 fondation Petzl parle déjà de financer de 8 10 nouvelles recherches pour les années 2011 à 2014. Maurine Montagnat et son équipe pourraient alors venir accrocher crampons et piolets aux cascades de glace de l’Est américain. Tout aussi vertigineuses que les françaises, elles sont beaucoup plus froides : la température descend jusqu’à –30 °C. Pas de quoi impressionner nos scientifiques de l’extrême. Ulysse Fudour 1. Unité CNRS/Université de Grenoble-I. 2. Installés par Luc Moreau, glaciologue indépendant rattaché au laboratoire Edytem à Chambéry. CONTACT ➔ Maurine Montagnat LGGE, Grenoble mautagnat@lgge.obs.ujf-grenoble.fr ©L. Moreau © M. Dalmasso
Michel Gras Directeur de l’École française de Rome Pensée romaine Très pris par ses fonctions de directeur de la très prestigieuse École française de Rome (EFR) 1, Michel Gras profite d’un passage éclair dans la capitale parisienne pour organiser une rapide rencontre. « Voilà l’occasion rêvée pour faire le bilan de quarante ans de carrière », note ce souriant sexagénaire à l’allure décontractée. Directeur de recherche de classe exceptionnelle au CNRS, unique membre étranger du conseil scientifique général du CNR (l’équivalent italien du CNRS), l’homme est plutôt du genre coureur de fond. À la fois historien et archéologue, il a su alterner entre recherche, enseignement et administration. Un équilibre parfait à l’origine de son poste de directeur de l’EFR : installé au second étage du palais Farnèse, au-dessus de l’ambassade de France, cet institut de recherche français compte 18 membres sélectionnés parmi des doctorants ou postdoctorants en histoire, en archéologie et en sciences sociales, et plus de 120 boursiers accueillis un ou deux mois. L’aboutissement d’un parcours scientifique brillant et atypique qui prend racine dans le sud de la France. Né à Montpellier, Michel Gras y fait ses études jusqu’à l’agrégation d’histoire en 1968. Très attaché à sa ville natale, il ne s’imagine pas quitter « le pays ». Pourtant, avec les premiers résultats de fouilles organisées en Languedoc, sa curiosité est piquée au vif. Comment des céramiques étrusques ont-elles pu arriver là, et surtout pourquoi ? « Jusqu’à l’université, reconnaît le scientifique, seule la démarche historique m’intéressait. Quand j’ai découvert que l’archéologie était indispensable pour comprendre l’histoire des sociétés du passé et éventuellement éclairer celles du présent, mon approche a changé. Je me suis fait archéologue pour pouvoir déchiffrer mes sources. » Ses interrogations et sa passion pour Rome et la Méditerranée le poussent à mettre tout en œuvre pour partir travailler en Italie, longtemps considérée comme la référence internationale en matière d’archéologie classique. Dans les années 1970, afin d’être sur le terrain, le passage par l’EFR était obligatoire. Il n’y avait alors DR « Mon objectif était clair : aller à Paris pour partir à Rome. » pas de concours mais un simple choix du directeur en accord avec l’une des trois grandes écoles parisiennes, l’École normale supérieure, l’École nationale des Chartes, et enfin l’École pratique des hautes études pour laquelle il optera. « Pour avoir toutes ses chances, observe le chercheur, il valait mieux être parisien. Mon objectif était clair : aller à Paris pour partir à Rome. » Cette période marque aussi le début d’une longue carrière au CNRS. Recruté une première fois à la Fondation Thiers, puis une seconde fois en tant qu’attaché de recherche contractuel. En 1973, il entre enfin à l’École française de Rome. « Pour devenir membre, je me suis présenté trois fois. Mon profil n’intéressait pas le directeur de l’EFR, confie-t-il amusé. Ce n’est qu’au moment de mon intégration que j’ai pu lui exposer mon projet. » Travailler non pas uniquement sur les Étrusques mais sur la Méditerranée. Il réalise alors sa thèse de doctorat d’État sur les trafics à l’époque archaïque (entre le VII e et le V e siècle av. J.-C.) et ceux de la mer Tyrrhénienne en particulier. Une orientation qui est le départ d’un long périple rythmé par trois thèmes de recherche : les échanges économiques maritimes, la naissance de l’urbanisme grec en Occident et les rituels funéraires. En sillonnant l’Italie continentale, la Sardaigne et la Sicile, Michel Gras pénètre au cœur de l’histoire des civilisations RENCONTREAVEC 31 étrusque, grecque d’Italie du sud et de Sicile, ou phénicienne. Parti à Rome pour trois ans, il y restera douze ans. De retour à Paris en 1985, il poursuit son marathon. Il réintègre le CNRS comme directeur de recherche, enseigne l’archéologie à l’université Paris-I, devient ensuite directeur adjoint du département Sciences humaines et sociales. Loin d’être à bout de souffle, il sera encore vice-président du Conseil national de la recherche archéologique et membre du conseil ministériel de la recherche au ministère de la Culture jusqu’en 2003. Avant de repartir, donc, dans l’un des plus beaux palazzi romains pour prendre la direction de l’EFR. Sa dernière mission. Après laquelle il aimerait se plonger dans l’historiographie 2 des XIX e et XX e siècles, la littérature française et italienne. Géraldine Véron 1. Il s’agit d’un établissement public, scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) pour la recherche et la formation à la recherche, sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. 2. Celle-ci a pour objet la manière dont l’histoire d’une époque est écrite. CONTACT ➔ Michel Gras École française de Rome direction@efrome.it Le palais Farnèse abrite l’École française de Rome. Le journal du CNRS n°244 mai 2010 © Z. Colantoni/Ambassade de France en Italie



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :