6 © Photos : Kaksonen/CNRS Photothèque/EDF VIEDESLABOS Reportage DÉVELOPPEMENT DURABLE Les maisons écolos du futur Des scientifiques préparent l’habitat écologique de demain au sein d’un laboratoire commun au Centre de thermique de Lyon et à EDF. Alors que ces deux partenaires viennent de renouveler pour quatre ans leur accord de coopération, visite guidée de ce que sera peut-être le bâtiment du futur. En cette fraîche journée de février, le soleil brille sur le campus de la Doua, à Villeurbanne. « Du coup, aujourd’hui, le bâtiment d’enseignement que vous voyez risque la surchauffe : en effet, l’isolation est tellement bonne que l’énergie accumulée ne peut pas être évacuée », explique Jean- Jacques Roux, du Centre de thermique de Lyon (Cethil) 1. Spécialiste depuis plus de vingt-cinq ans du comportement thermique des bâtiments, il copilote le laboratoire commun Bâtiments à haute efficacité énergétique (BHEE) avec son collègue Jean-Luc Hubert, d’EDF recherche & développement. Créé il y a cinq ans par EDF et le Cethil, le BHEE compte aujourd’hui une cinquantaine de personnes 2. C’est deux fois plus qu’il y a quatre ans. Leur objectif ? Assurer des bases solides à la quête d’efficacité énergétique et de basse consommation dans les bâtiments en développant des modèles de comportement énergétique fiables, nourris de données précises sur les matériaux utilisés. Alors que le Grenelle de l’environnement a proposé d’imposer une norme de construction à « énergie positive » – des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment – à partir de 2020, les chercheurs du BHEE s’attellent à montrer comment y parvenir. « Jusqu’à présent, les efforts se sont concentrés sur la période de chauffage, résume Jean-Jacques Roux. Le journal du CNRS n°243 avril 2010 D’où la tendance à construire des coquilles très isolées. Est-ce bien la solution ? D’une part on réduit les apports solaires en période hivernale, et d’autre part on piège l’excédent de chaleur parfois produit en interne, qu’il est alors difficile d’évacuer. » De plus, à quoi sert de réduire la facture énergétique hivernale s’il faut climatiser dès la mi-saison ? La solution doit être optimale pour l’ensemble de l’année. UN LIEU SOUS CONTRÔLE Au BHEE, les chercheurs étudient principalement l’enveloppe des bâtiments (façades, toit) et l’intégration de technologies solaires à celle-ci. Deux axes qui reposent autant sur l’étude des performances des matériaux que sur la modélisation des bâtiments, effectuée à l’aide d’outils de simulations validés par des expériences grandeur nature. Dans le grand hall qui accueille une partie des expériences du BHEE, on découvre ainsi Minibat, une « habitation » dont l’environnement climatique est totalement contrôlé. La température et l’humidité de l’air y sont réglées pour reproduire les conditions extérieures ou simuler la présence d’un logement contigu. En cours de rénovation, Minibat est aujourd’hui une pièce vide, de six mètres sur trois et deux mètres cinquante de hauteur. La façade donne sur le générateur climati- Minibat est une pièce dont l’environnement climatique est totalement contrôlé. Elle recevra bientôt une façade en briques de verre incorporant de la cire, éclairée par un soleil artificiel. |