CNRS Le Journal n°243 avril 2010
CNRS Le Journal n°243 avril 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°243 de avril 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,2 Mo

  • Dans ce numéro : La révolution laser

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 38 - 39  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
38 39
38 GUIDE Livres 3 questions à… Lionel Naccache Perdons-nous connaissance ? De la mythologie à la neurologie Éd. Odile Jacob, coll. « Sciences », février 2010, 256 p. – 22 € Lionel Naccache est neurologue, maître de conférence en neurophysiologie à l’université Paris-VI et membre du Centre de recherche de l’institut du cerveau et de la moelle épinière (CNRS/Université Paris-VI/Inserm). Votre essai passionnant commence par une interrogation inquiétante Perdons-nous connaissance ? pour se terminer par une exhortation à relever un défi. Que se passe-t-il entre cet étrange évanouissement sociétal et la fin du livre ? Pour la société occidentale, depuis les origines de la culture, la connaissance a une double facette : elle est, à la fois, définie comme une expérience extraordinaire et enrichissante, et comme une source potentielle de danger existentiel. C’est-àdire que, depuis trois mille ans, elle est aussi pensée comme un poison vital ! La façon la plus simple de s’en convaincre – c’est ce que j’ai fait dans la première partie de mon livre– est de se tourner vers la mythologie européenne et, notamment, vers ce Le journal du CNRS n°243 avril 2010 qu’elle nous dit du danger de la connaissance, danger qui lui est inhérent, et que nous retrouvons, par exemple, dans plusieurs mythes grecs (Icare, Œdipe, Tirésias) qui, chacun à leur façon, nous révèlent que connaître peut parfois constituer une menace. Les autres courants de notre culture convergent à l’unisson vers cette idée : Adam et Ève sont devenus mortels en consommant le fruit de l’arbre de la connaissance ; à sa manière, le mythe de Faust répète le même motif d’une damnation par la connaissance. Toutes ces sources culturelles célèbrent, par ailleurs, la richesse de l’expérience de la connaissance. Or, aujourd’hui, nous avons coupé le cordon avec ces mythes universels : avons-nous, en agissant ainsi, réussi Les vrais révolutionnaires du numérique Michel Berry, Christophe Deshayes, éd. Autrement, coll. « Frontières », mars 2010, 168 p. – 19 € Ce livre plonge le lecteur dans un monde où les révolutionnaires sont des citoyens ordinaires, de tous âges, toutes confessions, toutes origines sociales, mus par des motivations variées, inattendues, parfois loufoques, souvent peu durables, mais qui peuvent changer le monde minute après minute. Un exemple : le créateur involontaire de Facebook. Observateurs reconnus des transformations de la société, les deux auteurs montrent toutes les composantes de cette révolution numérique dans tous les domaines où elle opère « sans effusion de sang ni idéologie, mais de manière ludique et joyeuse ». En complément, un site internet aux nombreux liens (www.revolutionnairesdunumerique.com), belvédère idéal pour observer d’un peu plus haut les formes d’une inédite socialité chère à Michel Maffesoli. à libérer la connaissance des menaces qui lui étaient associées depuis la nuit des temps ou, à l’inverse, avons-nous perdu la compréhension des dangers de la connaissance ? C’est pourquoi j’ai posé cette question dans mon titre : perdons-nous connaissance ? Que nous disent les neurosciences ? Réfléchir à la connaissance est, évidemment, l’affaire des philosophes, mais c’est également un sujet pertinent pour les spécialistes de l’organe qui connaît : le cerveau. Leurs travaux nous ont fait découvrir que lorsque nous sommes conscients, nous nous racontons une histoire dont la finalité est qu’elle fasse sens à nos yeux. Être conscient consiste à produire un système de fictions interprétations croyances. À la lumière de cette conception, il est possible de donner une définition de la connaissance : c’est une expérience à travers laquelle l’identité d’un sujet court le risque de se transformer en rencontrant des informations de nature très diverse. Il saute alors aux yeux que la connaissance ne se résume pas aux informations qui en sont l’objet. C’est parce qu’aujourd’hui, nous avons tendance à confondre la connaissance avec l’information que nous sommes devenus aveugles aux dangers de la connaissance pour l’individu. À y regarder de plus près, certaines informations continuent, d’ailleurs, à nous déranger comme, par exemple, l’exploration neuroscientifique des rouages de notre subjectivité et la découverte que « je » est une fiction. Face à de telles informations, nous réagissons souvent à l’aide de défenses que je nomme des neurorésistances. Il y aurait donc comme un défi à relever avec nous-même ? Oui ! Chaque époque peut choisir quelles utopies deviendront sa réalité. Je pense que, dans la situation instable à laquelle nous sommes parvenus aujourd’hui, nous avons la possibilité de choisir de construire une société de la connaissance sur l’ossature de la société de l’information et, la première étape, sur cette voie, ne consiste-t-elle pas à reprendre conscience de ce qu’est la connaissance ? Propos recueillis par A.L. La chimie et la santé au service de l’homme Coordination Minh-Thu Dinh-Audouain, Rose Agnès Jacquesy, Danièle Olivier, Paul Rigny, éd. EDP Sciences, coll. « L’actualité chimique », décembre 2009, 180 p. – 19 € Cet ouvrage s’adresse à un large public. Il a pour ambition de lever les fausses idées qui traînent encore aujourd’hui faisant de la chimie et de la santé d’irréductibles ennemies. Il montre comment, selon l’expression de Pierre Potier, « tout est chimie » (combinaisons) dès l’échelle moléculaire et comment fonctionne ce système. Il traite aussi de la nouvelle pharmacologie qu’initient les nouvelles technologies de diagnostic et de détection précoce, techniques qui permettront de plus en plus de « passer du souci de compréhension du vivant à une stratégie de soin et de guérison ». Bonne santé pour tous, à tout jamais ? Des réponses au rêve déraisonnable du lecteur.
Apprendre malgré le handicap ou la maladie Béatrice Descamps-Latscha et Yves Quéré, éd. Odile Jacob, février 2010, 240 p. – 19,50 € Comment répondre au désir d’apprendre des enfants et des adolescents qui souffrent d’un lourd handicap ou d’une grave maladie et ne peuvent être accueillis à l’école ? Une solution existe. À condition que l’école vienne à eux pour les mener, malgré le handicap, où il est légitime qu’ils aient envie d’aller (culture, savoirs, diplômes). C’est ce « malgré » qui est important et que, désormais, les professionels devraient prendre en considération. À partir de nombreux témoignages sont abordés ici tous les aspects pratiques avec contraintes pédagogiques et exemples d’émouvantes réussites d’un tel enseignement appliqué par l’association « Votre école chez vous ». Afin d’inspirer d’autres expériences à enseigner « malgré ». Ce que soulève la jupe Identités, transgressions, résistances Christine Bard, éd. Autrement, coll. « Mutations/Sexes en tous genres » n°261, mars 2010, 176 p. – 17 € La jupe est aujourd’hui définie comme « une partie de l’habillement féminin qui descend de la ceinture à une hauteur variable ». Historienne féministe, Christine Bard propose ici, dans un style amusant une étude rigoureuse et quelque peu pessimiste sur les identités de genre à travers la jupe qui, depuis les années 1960, occupe une place certaine et très ambivalente sur les corps ou dans les garde-robes. Une histoire éloquente, d’un temps où les pantalons étaient interdits aux femmes à un autre où la jupe est proposée aux hommes. Et où l’on se demande, avec l’auteur, quelle signification comporte le port d’une jupe au sein de la virilisation vestimentaire ambiante. Grandeurs et décadences de la girafe Jean-Louis Hartenberger, éd. Belin, coll. « Pour la science », février 2010, 192 p. – 19 € Cette « grande arpenteuse des savanes » est venue des contreforts de l’Himalaya peupler l’Afrique voici 5 millions d’années et, depuis cette époque, côtoie nos ancêtres sous les acacias africains dont elle se délecte. Plus pour longtemps car la désertification de la planète la menace. Paléontologue, l’auteur raconte comment il a fait connaissance de cet « être surdimensionné aussi beau qu’inutile » au point que les scientifiques ne s’y sont pas beaucoup intéressés et montre comment, au sein de notre société productiviste, cette « géante de la nature » entrera dans son crépuscule dans quelques décennies à peine. Il convoque ses amis anciens (et quelque peu négligents vis-à-vis d’elle) et ceux, fidèles, actuels – comme la Ligue des droits de l’animal, la World Wild Foundation. Les dérangements du temps 500 ans de chaud et de froid en Europe Emmanuel Garnier, éd. Plon, janvier 2010, 256 p. – 22 € La culture de la chambre Préadolescence et culture contemporaine dans l’espace familial GUIDE 39 Éclairage impertinent, cet essai d’un historien attentif au climat montre que, davantage que les changements climatiques, ce sont les vulnérabilités résultant d’erreurs d’aménagements (urbains, littoraux) qui donnent toute sa gravité à une crise climatique. Comme le montre l’observation sur cinq siècles, les évènements extrêmes qui focalisent l’opinion publique actuelle faisaient déjà partie du quotidien des sociétés anciennes. Et quant à la notion d’État providence, elle mérite d’être revue et corrigée : les archives révèlent, dès le XVIII e siècle, les premières mesures d’indemnisation massive au profit des sinistrés ou la mise en œuvre par les monarchies européennes de véritables mobilisations en faveur de régions entières face aux caprices de la nature. À l’aune des recherches les plus récentes, des réponses aux questions concrètes que scientifiques, citoyens et médias se posent à l’heure de la contestation du rôle de l’État. Hervé Glévarec, éd. La documentation française, coll. « Questions de culture », janvier 2010, 184 p. – 19 € Les sociologues identifient aujourd’hui une nouvelle période de la vie : la préadolescence. Elle se développe sous le signe de la culture de l’écran et de la révolution numérique, concerne l’individu de 7 à 13 ans et a pour lieuclé sa chambre, véritable quartier général d’où s’organisent les rapports avec le monde extérieur grâce à des objets singuliers : ordinateurs, lecteursmp3, téléphones mobiles. À partir d’entretiens réalisés auprès des enfants et parents et d’observations des espaces domestiques (les chambres), l’auteur met en évidence, à l’aide de données statistiques, les formes de la nouvelle précocité de l’émancipation des jeunes dont les racines poussent entre plusieurs pôles : la famille, son héritage culturel, ses ambitions et les services des industries culturelles. Le journal du CNRS n°243 avril 2010



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :