CNRS Le Journal n°243 avril 2010
CNRS Le Journal n°243 avril 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°243 de avril 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,2 Mo

  • Dans ce numéro : La révolution laser

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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32 INSITU Entretien FINANCEMENT DE LA RECHERCHE « Une vraie dynamique s’est créée » L’Agence nationale de la recherche (ANR) fête son cinquième anniversaire. Sa directrice générale, Jacqueline Lecourtier, dresse un premier bilan, évoque la place de l’agence dans le paysage scientifique, ses relations avec le CNRS et les étapes à venir. Avant tout, quel est le rôle de l’ANR ? Jacqueline Lecourtier : Créée en 2005, l’ANR est une agence de financement de la recherche. Chaque année, nous lançons des appels à projets (AAP). Les chercheurs déposent ensuite leurs dossiers, et les meilleurs sont sélectionnés. Pour les AAP non thématiques, l’excellence scientifique et technique est l’unique critère de sélection. La pertinence économique entre également en jeu pour les projets menés par des entreprises. Les projets retenus sont financés pour une durée maximale de quatre ans. Mais cette durée peut être doublée quand nous finançons la suite de projets arrivés à leur terme : c’était le cas pour 15% des projets soutenus l’an passé. En 2009, 58 AAP ont été lancés, issus de sept programmes : biologie et santé ; écosystèmes ; énergie et écotechnologies ; Stic 1 et nanotechnologies ; sciences humaines et sociales ; matériaux, procédés, sécurité ; non thématique. Un budget de 657 millions d’euros a été alloué aux 1 341 dossiers retenus. Le journal du CNRS n°243 avril 2010 © J. Le Goff Quel bilan dressez-vous de l’agence depuis sa création ? J.L. : La demande s’est maintenue à un niveau élevé, avec environ 6000 projets soumis chaque année ! Autre enseignement, le financement moyen augmente : de 267000 € en 2005, il atteint aujourd’hui 480 000 €. Parallèlement, une vraie dynamique s’est créée : les projets pluridisciplinaires se multiplient, la qualité et la structuration des dossiers soumis s’améliorent, et des consortiums entre public et privé se sont mis en place pour répondre à nos appels. C’est une réelle satisfaction car un de nos objectifs est de stimuler la création de partenariats. Nous nous réjouissons aussi du taux de placement des jeunes chercheurs sur le marché de l’emploi après un CDD ou un postdoctorat financé grâce à l’ANR. Selon la dernière enquête, moins de 5% d’entre eux se retrouvent ensuite au chômage. Enfin, une des grandes évolutions concerne le pourcentage du budget consacré au programme non thématique. Il est passé de 28% en 2005 à 35% en 2009, et atteint 50% en 2010. Cette progression répond à la demande de scientifiques académiques pour qui la liberté de choix des sujets est une condition nécessaire de succès de la recherche et de l’innovation. C’était notamment celle de nombreuses équipes du CNRS. Conséquence : le nombre de demandes pour des projets non thématiques a bondi de 35% en 2010. D’autres modifications ont-elles été opérées depuis 2005 ? J.L. : Nous avons mis en place une démarche qualité qui a porté ses fruits. Tout d’abord, l’évaluation des projets et le processus de sélection se sont sensiblement améliorés 2. Les délais de réponse se sont homogénéisés et ne sont plus que de quatre mois maximum. Quant au temps nécessaire entre la sélection des dossiers et l’arrivée des fonds dans les laboratoires, il n’excède pas six mois. Parallèlement, les dossiers de demande de financement ont été simplifiés au maximum. Toutes les informations aujourd’hui demandées sont vraiment indispensables pour effectuer une évaluation pertinente, et permettent de gagner du temps sur la phase de contractualisation. Nous sommes également dans un processus d’amélioration continue des explications envoyées aux porteurs de projets non sélectionnés : près de 4 500 refus doivent être expliqués chaque année ! Enfin, en février 2008, l’agence s’est dotée d’un Conseil de prospective afin d’anticiper au mieux sur les sujets qui feront l’actualité de demain. Nous organisons aussi cinq à six ateliers de réflexion prospective par an, ciblés sur des questions stratégiques telles que la réduction des dépenses de santé ou le réchauffement climatique. Quels liens entretient l’ANR avec le CNRS ? J.L. : Précisons tout d’abord que plusieurs experts issus du CNRS figurent dans nos rangs : Alain Aspect, directeur de recherche au CNRS et Médaille d’or de l’organisme en 2005, est membre du Conseil d’administration présidé par Jacques Stern, lui-même Médaille d’or du CNRS en 2006 ; Patrick Chaussepied dirige le département biologie-santé. La responsabilité de nombreux programmes de l’ANR est également confiée à certains de ses chercheurs. Par ailleurs, la mobilisation des scientifiques du CNRS est forte pour nous aider à évaluer les projets, notamment ceux du programme blanc où ils BIOLOGIE SANTÉ 28% STIC NANOTECHNOLOGIES 28% RÉPARTITION DES FINANCEMENTS POUR LES APPELS À PROJETS THÉMATIQUES (de 2005 à 2008) représentent près de 50% des experts sollicités. Depuis la création de l’agence, l’unité support 3 pour la gestion de ce programme est d’ailleurs une unité propre du CNRS. Et grâce à sa récente réforme en Instituts thématiques, il devrait être encore plus pertinent pour nous aider à la programmation scientifique, et à dresser le bilan des projets arrivés à terme. Côté financements, le CNRS est le premier bénéficiaire des dotations accordées par l’ANR depuis sa création, à égalité avec les universités (environ 24% chacun). Plus largement, comment se positionne l’ANR dans le paysage scientifique français récemment redessiné ? J.L. : Même si son budget ne représente que 8% de la dépense publique nationale de recherche, l’agence apporte de la flexibilité dans le L’ANR EN CHIFFRES 150 personnes/Environ 50 appels à projets par an/Près de 6000 projets soumis chaque année/5800 projets et 20000 équipes financés entre 2005 et 2009/Budget total attribué depuis 2005 : 2,4 milliards d’euros/Budget 2009 : 860 millions d’euros dont 3,2% affectés aux frais de fonctionnement/Taux de sélection 2009 : 22,5% /Aide moyenne par projet en 2009 : 430000 € (projets académiques), 870000 € (projets partenariaux)
© D. Zitoun/CNRS Photothèque ; V. Gurchenkov/CNRS Photothèque/Institut Jacques Monod ; H. Deleuze, M. Birot/CNRS Photothèque/ISM ; C. Delhaye/CNRS Photothèque ; pepere24/Fotolia ; Y. Arcurs/Fotolia ; delmo07/Fotolia SÉCURITÉ GLOBALE 2% SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES 3% dispositif français. En effet, tous les acteurs sont éligibles à ses financements quelle que soit leur nature : organismes de recherche publique, établissements publics à caractère industriel et commercial, centres de recherche plus finalisée, entreprises… En outre, les projets peuvent couvrir des travaux fondamentaux ou plus appliqués en prise directe avec les besoins de la société, menés par une seule équipe ou en partenariat. L’ANR collabore également avec tous les acteurs de la politique de la recherche française. Le président du Haut Conseil de la science et de la technologie créé en 2006 siège dans notre Conseil d’administration. Installée en mars 2007, l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) nous renseigne sur les laboratoires financés. Nous prenons aussi en compte les avis et les demandes du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie. Et dans ce paysage scientifique redessiné, les universités autonomes pourraient constituer des forces de proposition très efficaces. Quels sont vos prochains objectifs ? J.L. : Le développement à l’international devrait s’intensifier. D’une cinquantaine en 2006, le nombre de projets transnationaux est passé à 158 en 2009 et devrait encore augmenter dans les années à venir. En effet, la collaboration entre équipes françaises et étrangères ne doit pas constituer un frein pour solliciter nos financements. Pour y parvenir, l’ANR a tissé des liens avec toutes ses agences sœurs de par le monde et est aujourd’hui reconnue au niveau mondial. Nous MATÉRIAUX CHIMIE DURABLE 4% ÉCOSYSTÈME DÉVELOPPEMENT 12% ÉNERGIE DURABLE ENVIRONNEMENT 23% allons également améliorer les partenariats entre public et privé, notamment avec les PME, via des appels à projets encore plus attractifs et la consolidation du dispositif Carnot 4. Parallèlement, les liens extrêmement forts noués avec les pôles de compétitivité devraient encore se renforcer. L’agence augmente son financement de 7% pour les partenaires de projets de pôles afin de les conforter dans leur dynamique. Mis en place en 2009, notre soutien financier pour le retour en France de postdoctorants qui se situent dans un parcours d’excellence devrait aussi porter ses fruits ; plus de cent demandes nous sont déjà parvenues l’an passé. Enfin, les AAP stimulant des domaines à l’interface entre sciences dures, humaines et sociales seront amplifiés. Propos recueillis par Jean-Philippe Braly ➔ En savoir plus : www.agence-nationale-recherche.fr 1. Sciences et technologies de l’information et de la communication. 2. Le processus de sélection des projets a obtenu la certification Iso 9 001 de l’Afnor en 2008. 3. L’unité support est une entité qui aide l’ANR dans la gestion d’un programme. Dans le cas du programme blanc, c’est une unité du CNRS, l’Usar, qui a été chargée d’assurer l’animation, la gestion et le suivi scientifique ainsi que la gestion administrative et financière. 4. Les instituts labellisés Carnot reçoivent un abondement financier de l’ANR en fonction des contrats de recherche menés avec des acteurs du monde économique. CONTACT ➔ Jacqueline Lecourtier Agence nationale de la recherche, Paris communication@agencenationalerecherche.fr BRÈVES INSITU Coup d’envoi pour Guinevere Le 4 mars dernier, à Mol, en Belgique, a eu lieu l’inauguration de Guinevere, la maquette du futur démonstrateur Myrrha, un « système piloté par accélérateur » (ADS) destiné au traitement des déchets nucléaires. Ce projet, qui implique entre autres le Centre d’étude de l’énergie nucléaire belge (SCK-CEN), le CNRS et le CEA, a pour objectif de prouver la capacité des ADS à incinérer les déchets nucléaires à l’aide de neutrons rapides. Un ADS consiste en un réacteur nucléaire dit « sous-critique », couplé à un accélérateur de particules. Pour pouvoir fonctionner et produire les neutrons rapides, le réacteur a besoin d’un apport d’énergie extérieur, fourni par l’accélérateur. Avant la construction de Myrrha et sa mise en fonction en 2022-2023, il était indispensable de réaliser des expériences afin d’appréhender les spécificités d’un ADS. C’est désormais possible grâce à Guinevere. Le CNRS et l’IRSN font recherche commune Deux nouveaux laboratoires communs de recherche ont été créés par le CNRS et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le C3R (Cinétique chimique, combustion et réactivité), qui implique le laboratoire de physicochimie des processus de combustion et de l’atmosphère 1, étudiera la cinétique chimique, la radiochimie et la combustion. L’Etic (Étude de l’incendie en milieu confiné), auquel participe l’Institut universitaire des systèmes thermiques industriels 2, s’intéressera quant à lui à la modélisation de l’incendie en milieu confiné. Fruits de collaborations établies de longue date, ces laboratoires permettront de conduire les recherches nécessaires à l’appréciation des risques liés aux activités nucléaires. 1. Unité CNRS/Université Lille-I. 2. Unité CNRS/Universités d’Aix-Marseille-I et -II. Le journal du CNRS n°243 avril 2010 33



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