CNRS Le Journal n°243 avril 2010
CNRS Le Journal n°243 avril 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°243 de avril 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,2 Mo

  • Dans ce numéro : La révolution laser

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
< Pages précédentes
Pages : 28 - 29  |  Aller à la page   OK
Pages suivantes >
28 29
28 © Photos : L.H. Fage 1 ZOOM ARCHÉOLOGIE Jeux de mains à Bornéo Longtemps restées inviolées, les grottes de Bornéo renferment de véritables chefs-d’œuvre : des dessins de mains en négatif réalisés par des humains il y a plus de 10000 ans. Entre 1994 et 2006, un scientifique et un explorateur, Jean-Michel Chazine et Luc-Henri Fage, ont découvert près de 2000 empreintes de mains, une abondance sans équivalent dans le monde. Ils publient aujourd’hui un ouvrage magnifiquement illustré qui permet de découvrir ces trésors. 2 Le journal du CNRS n°243 avril 2010
3 Après plusieurs jours de marche dans la jungle puis une ascension périlleuse de la falaise où il faut s’agripper au moindre morceau de roche, saisir la moindre racine pour progresser, les deux hommes et leurs guides atteignent enfin l’entrée de la grotte, un immense porche perché à 100 mètres de hauteur avec une vue imprenable sur la forêt luxuriante. Jean-Michel Chazine, archéologue, commence à fouiller le sol à la recherche d’indices de la présence d’hommes préhistoriques. Luc-Henri Fage, spéléologue, explore la cavité, observant les nombreuses concrétions calcaires qu’elle accueille. Soudain, son regard est attiré par une tache sur la paroi aux formes étranges. Il s’en rapproche avant de crier à son acolyte : « Des mains ! » Là, sur les murs de la grotte, s’étalent des dessins de mains par dizaines réalisés par des humains grâce à de l’ocre rouge il y a plus de 10 000 ans. Ce 20 août 1994, en plein cœur de la forêt vierge, les explorateurs viennent de découvrir Gua Mardua, la toute première grotte ornée de l’île indonésienne 4 6 7 8 de Bornéo. « C’était un choc, raconte Jean-Michel Chazine, du Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie 1 à Marseille. D’abord parce que très peu de gens ont la chance de mettre au jour des peintures rupestres. Mais aussi parce que tous les spécialistes disaient qu’il était impossible d’en trouver sur une île aussi isolée que Bornéo. » Et les deux compères ne sont pas au bout de leurs surprises. Au cours des missions suivantes qu’ils vont accomplir jusqu’en 2006, ils découvriront bien d’autres peintures de mains. Près de 2 000, réparties dans une quarantaine de grottes et formant de véritables chefsd’œuvre à elles seules. Sans oublier les 265 dessins représentant des animaux ou autres personnages anthropomorphes. On croyait Bornéo dépourvue de peintures préhistoriques, voilà que l’île se révèle en réalité d’une richesse incroyable. Et plus que tout, ce sont ses mains en négatif qui fascinent. Leur abondance n’a pas sa pareille ailleurs. « On retrouve ce genre d’empreintes sur tous les continents mais celles de Bornéo © S. Caillault 5 > 1 Le porche de Gua Mardua domine la jungle. C’est dans cette grotte que les premières mains « négatives » ont été découvertes. 2 Le « bouquet de mains » retrouvé à Ilas Kenceng figure parmi les motifs les plus esthétiques de Bornéo. ZOOM 29 3 et 4 Véritables nids d’aigle situés à flanc de falaise, les grottes sont très difficiles d’accès. 5 Relevé photographique à Ilas Kenceng. Large de 3,65m, la fresque, qui combine des animaux et des mains négatives, est la plus grande de Bornéo connue à ce jour. 6 La grande originalité des mains de Bornéo est qu’elles comportent des motifs tous différents les uns des autres. Certaines, en plus, sont reliées entre elles comme pour signifier des liens entre les individus. 7 Cette frise est composée de mains d’hommes (les plus en haut) mais aussi de femmes (en bas), comme l’a montré la mesure du rapport entre l’index et l’annulaire. 8 Pour dater les peintures, les scientifiques prélèvent soit du pigment ocre (comme sur la photo), soit du calcaire qui recouvre les dessins. Ils ont ainsi estimé l’âge des mains négatives à plus de 10000 ans. Le journal du CNRS n°243 avril 2010 © P.Setiawan



Autres parutions de ce magazine  voir tous les numéros


Liens vers cette page
Couverture seule :


Couverture avec texte parution au-dessus :


Couverture avec texte parution en dessous :