CNRS Le Journal n°243 avril 2010
CNRS Le Journal n°243 avril 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°243 de avril 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 5,2 Mo

  • Dans ce numéro : La révolution laser

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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12 ©L. Kristensen/Fotolia VIEDESLABOS Actualités BIOLOGIE Une explication pour le paradoxe français En dépit de repas dont la légèreté n’est pas la première des vertus, les Français souffrent moins de problèmes cardiovasculaires que la plupart de leurs voisins européens. Cette exception, que les Nord-Américains nomment french paradox, le paradoxe français, serait notamment liée à une consommation régulière et modérée de vin rouge. Riche en molécules aux propriétés antioxydantes appelées polyphénols, le nectar à la robe rubis est de longue date suspecté d’avoir une action protectrice sur nos vaisseaux sanguins. Toutefois, personne n’est jusqu’alors parvenu à élucider son mode d’action précis. Une étude réalisée 1 par une équipe du Laboratoire de biologie neurovasculaire intégrée 2 à Angers lève aujourd’hui une partie du voile sur cette énigme. « Nous savions déjà que la delphinidine, l’un des polyphénols contenus dans le vin rouge, possède une structure moléculaire assez proche d’hormones, dites œstrogènes, qui interviennent notamment dans la dilatation des vaisseaux sanguins, précise Ramaroson Andriantsitohaina, biologiste au sein de ce laboratoire. Cela laissait présager que les polyphénols utilisaient le même Outre ses propriétés antioxydantes, la delphinidine donne sa couleur au vin rouge. BRÈVES Le journal du CNRS n°243 avril 2010 mécanisme que ces hormones pour agir sur notre organisme. » Pour vérifier l’hypothèse, les scientifiques ont fait appel à des souris génétiquement modifiées pour ne plus exprimer l’un des récepteurs aux œstrogènes, le Des souris et des gènes En matière de génétique, le sexe des mammifères suit une règle simple : une paire de chromosomes X donne une femelle ; une paire XY donne un mâle. La souris naine d’Afrique Nus minutoides, elle, échappe à cette loi. Des chercheurs, notamment du CNRS et de l’IRD, révèlent qu’une forte proportion de femelles de cette espèce portent une paire XY tout en étant fertiles. D’après leur étude, c’est une mutation sur le chromosome X qui déterminerait le sexe de l’animal. > En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1802.htm sous-type α (ERα), localisé sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. En temps normal, l’activation des récepteurs ERα par les hormones a, en effet, la particularité de déclencher la libération de monoxyde de carbone dans les cellules qui constituent les vaisseaux sanguins, ce qui provoque leur relâchement. Les chercheurs ont alors testé directement l’action de la delphinidine sur les artères de souris sauvages d’une part, et de souris transgéniques dépourvues d’ERα de l’autre. Résultat : la réponse vasodilatatrice est intervenue uniquement sur les artères des souris sauvages. « Cela démontre clairement que l’effet vasodilatateur des polyphénols ne peut avoir lieu sans la présence du récepteur ERα », souligne Ramaroson Andriantsitohaina. Une expérience similaire réalisée cette fois-ci sur des souris nourries à partir d’extraits naturels de polyphénols a permis de confirmer cette découverte, avec toutefois une nuance : « Nous avons constaté qu’un extrait contenant l’ensemble des polyphénols du vin rouge était efficace à des concentrations plus faibles qu’une substance contenant la seule delphinidine. » Autrement dit, certaines de ces molécules bienfaitrices useraient d’autres modes d’action que la seule voie hormonale. Pour quelque temps encore, notre bon vieux paradoxe français devrait garder sa part de mystère. Grégory Fléchet 1. Article publié dans la revue PlosOne en janvier 2010. 2. Unité CNRS/Inserm. CONTACT ➔ Ramaroson Andriantsitohaina Laboratoire de biologie neurovasculaire intégrée, Angers ramarosan.andriantsitohaina@univangers.fr La pollution touche au cœur La pollution urbaine altère la fonction cardiaque chez le rat. C’est ce qu’ont montré des chercheurs du CNRS et de l’Insermen exposant des rongeurs au monoxyde de carbone (CO) pendant quatre semaines dans des conditions de pollution citadine. Après altération, des mécanismes compensateurs se mettent en place © P.Guionie/CNES/2009 SATELLITE À l’assaut des mais les rats sont plus vulnérables aux pathologies cardiaques. Publiés le 15 mars dans la revue American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, ces résultats sont aujourd’hui suivis de travaux chez l’humain. > En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1826.htm
Préparation des essais thermiques sur Picard. Le satellite aidera à clarifier l’influence de l'activité du Soleil sur les évolutions du climat de la Terre. humeurs du Soleil L’étoile va être soumise pendant trois ans à la surveillance minutieuse du satellite Picard. L’enjeu : élucider l’origine de ses variations de luminosité et étudier leur rôle dans les changements climatiques. Àforce de le voir se lever tous les matins, avec la régularité d’un métronome, on en oublierait presque que le Soleil est… lunatique : loin d’être constante, sa luminosité change au gré des années. Ainsi, tous les onze ans, elle entame un cycle durant lequel elle varie de 0,1%. À plus long terme, trois autres cycles solaires ont été identifiés, s’éta- En mesurant finement le diamètre du Soleil, Picard permettra de mieux connaître la structure interne de l’astre. lant de quatre-vingt-dix ans à 2 300 ans. Fluctuation de la température de la couche externe du Soleil, modification de la répartition des électrons dans l’astre… : les hypothèses ne manquent pas pour expliquer ces variations lumineuses. Pour aider à y voir plus clair, le Centre national d’études spatiales (Cnes) placera en orbite terrestre le satellite Picard au mois d’avril. La mission de ce petit bijou dont la mise au point a impliqué des chercheurs du CNRS : comprendre pourquoi notre astre est d’humeur changeante. Picard sera le premier à mesurer le diamètre du Soleil à l’aide d’un instrument dédié. Selon les modélisations mathématiques les plus récentes, le diamètre solaire contiendrait en effet une grande quantité d’informations utiles pour élucider les mécanismes physiques internes à l’œuvre dans le Soleil et, de là, ses sautes d’humeur. L’habit fait le moine, en somme. Le satellite tire d’ailleurs son nom du premier savant, Jean Picard, à avoir pris, au XVII e siècle, les mensurations de l’astre du jour, à l’aide d’une lunette astronomique. Petit gabarit de 150 kg, il hébergera trois instruments. Sodism, d’abord, un télescope doté d’une caméra conçue par des chercheurs français du Laboratoire « atmosphères, milieux, observations spatiales » (Latmos) 1. Il capturera l’image du Soleil à plusieurs longueurs d’onde. L’enveloppe externe de l’astre est en effet constituée de couches de gaz plus ou moins chaudes qui émettent dans des longueurs d’onde spécifiques. Selon qu’on l’observe dans le vert ou le rouge, le Soleil peut ainsi prendre 20 km de tour de taille en plus. En observant de l’ultraviolet au proche infrarouge, Sodism devrait réussir à prendre toutes les mensurations du Soleil. Le développement de Sodism s’est étalé sur cinq ans. Le défi ? Réaliser un appareil qui s’affranchisse du mouvement propre du satellite. Car © CNES/ill. D. Ducros, 2008 Mission VIEDESLABOS 13 Picard ne sera pointé sur le soleil qu’approximativement. Donc, « pour être sûr que le Soleil reste en permanence au centre du détecteur, nous avons dû avoir recours à une technique dite d’asservissement du miroir primaire du télescope lui-même, ce qui revient à bouger le miroir de façon à compenser les mouvements du satellite », raconte Gérard Thuillier, responsable scientifique du projet au Latmos. Par ailleurs, le diamètre solaire sera régulièrement comparé à la distance apparente séparant des étoiles brillantes. Grâce à cette double précaution, Picard aura une vision d’aigle, précise au 1 milliarcseconde près, soit l’équivalent de 750 mètres au niveau du Soleil. Les deux autres instruments embarqués, Sovap et Premos, sont l’œuvre d’une équipe belge et d’une suisse 2. Même s’ils utilisent des technologies différentes, ils seront tous deux chargés de la même tâche : mesurer précisément la puissance lumineuse totale émise par le Soleil (le doublon d’appareils vise à éviter l’impact du vieillissement des instruments sur les mesures). Picard va être lancé de la base de Yasny, en Russie. Une fois en orbite à 725 kilomètres d’altitude, il restera aveugle un mois durant, le temps que le vide spatial élimine des instruments les particules polluantes venues de la Terre. Puis les chercheurs ouvriront ses paupières. Un nouveau jour commencera alors pour la connaissance du Soleil, mais aussi… de notre propre planète. Car la relation entre l’activité solaire et le climat de la Terre est également l’un des enjeux de la mission. Le XVII e siècle a été marqué par une baisse de 0,2 à 0,3% de cette activité, ce qui a suffi à plonger la Terre, et plus particulièrement l’Europe, dans un épisode froid surnommé le petit âge glaciaire. Aujourd’hui, la luminosité du Soleil ne varie au cours de ses cycles courts qu’au maximum de 0,1 pour cent, et ne jouerait qu’un rôle mineur sur le changement climatique face aux gaz à effet de serre. Mais qu’est-ce que le Soleil nous réserve pour l’avenir ? Dans l’hypothèse où il évoluerait vers des cycles plus accentués, peutil venir renforcer le réchauffement climatique, ou au contraire, l’atténuer ? Picard devrait apporter un vent frais sur ces questions. Xavier Müller 1. Le Latmos (CNRS/Université Paris-VI/Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), est la réunion du Service d’aéronomie de Paris, et du CETP (Centre d’étude des environnements terrestre et planétaires) de Saint-Maur-des-Fossés. 2. Le Bureau suisse des affaires spatiales et le Service public fédéral de programmation politique scientifique de Belgique. CONTACT ➔ Gérard Thuillier Latmos, Paris gerard.thuillier@latmos.ipsl.fr Le journal du CNRS n°243 avril 2010



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