12 ©L. Kristensen/Fotolia VIEDESLABOS Actualités BIOLOGIE Une explication pour le paradoxe français En dépit de repas dont la légèreté n’est pas la première des vertus, les Français souffrent moins de problèmes cardiovasculaires que la plupart de leurs voisins européens. Cette exception, que les Nord-Américains nomment french paradox, le paradoxe français, serait notamment liée à une consommation régulière et modérée de vin rouge. Riche en molécules aux propriétés antioxydantes appelées polyphénols, le nectar à la robe rubis est de longue date suspecté d’avoir une action protectrice sur nos vaisseaux sanguins. Toutefois, personne n’est jusqu’alors parvenu à élucider son mode d’action précis. Une étude réalisée 1 par une équipe du Laboratoire de biologie neurovasculaire intégrée 2 à Angers lève aujourd’hui une partie du voile sur cette énigme. « Nous savions déjà que la delphinidine, l’un des polyphénols contenus dans le vin rouge, possède une structure moléculaire assez proche d’hormones, dites œstrogènes, qui interviennent notamment dans la dilatation des vaisseaux sanguins, précise Ramaroson Andriantsitohaina, biologiste au sein de ce laboratoire. Cela laissait présager que les polyphénols utilisaient le même Outre ses propriétés antioxydantes, la delphinidine donne sa couleur au vin rouge. BRÈVES Le journal du CNRS n°243 avril 2010 mécanisme que ces hormones pour agir sur notre organisme. » Pour vérifier l’hypothèse, les scientifiques ont fait appel à des souris génétiquement modifiées pour ne plus exprimer l’un des récepteurs aux œstrogènes, le Des souris et des gènes En matière de génétique, le sexe des mammifères suit une règle simple : une paire de chromosomes X donne une femelle ; une paire XY donne un mâle. La souris naine d’Afrique Nus minutoides, elle, échappe à cette loi. Des chercheurs, notamment du CNRS et de l’IRD, révèlent qu’une forte proportion de femelles de cette espèce portent une paire XY tout en étant fertiles. D’après leur étude, c’est une mutation sur le chromosome X qui déterminerait le sexe de l’animal. > En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1802.htm sous-type α (ERα), localisé sur la paroi interne des vaisseaux sanguins. En temps normal, l’activation des récepteurs ERα par les hormones a, en effet, la particularité de déclencher la libération de monoxyde de carbone dans les cellules qui constituent les vaisseaux sanguins, ce qui provoque leur relâchement. Les chercheurs ont alors testé directement l’action de la delphinidine sur les artères de souris sauvages d’une part, et de souris transgéniques dépourvues d’ERα de l’autre. Résultat : la réponse vasodilatatrice est intervenue uniquement sur les artères des souris sauvages. « Cela démontre clairement que l’effet vasodilatateur des polyphénols ne peut avoir lieu sans la présence du récepteur ERα », souligne Ramaroson Andriantsitohaina. Une expérience similaire réalisée cette fois-ci sur des souris nourries à partir d’extraits naturels de polyphénols a permis de confirmer cette découverte, avec toutefois une nuance : « Nous avons constaté qu’un extrait contenant l’ensemble des polyphénols du vin rouge était efficace à des concentrations plus faibles qu’une substance contenant la seule delphinidine. » Autrement dit, certaines de ces molécules bienfaitrices useraient d’autres modes d’action que la seule voie hormonale. Pour quelque temps encore, notre bon vieux paradoxe français devrait garder sa part de mystère. Grégory Fléchet 1. Article publié dans la revue PlosOne en janvier 2010. 2. Unité CNRS/Inserm. CONTACT ➔ Ramaroson Andriantsitohaina Laboratoire de biologie neurovasculaire intégrée, Angers ramarosan.andriantsitohaina@univangers.fr La pollution touche au cœur La pollution urbaine altère la fonction cardiaque chez le rat. C’est ce qu’ont montré des chercheurs du CNRS et de l’Insermen exposant des rongeurs au monoxyde de carbone (CO) pendant quatre semaines dans des conditions de pollution citadine. Après altération, des mécanismes compensateurs se mettent en place © P.Guionie/CNES/2009 SATELLITE À l’assaut des mais les rats sont plus vulnérables aux pathologies cardiaques. Publiés le 15 mars dans la revue American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, ces résultats sont aujourd’hui suivis de travaux chez l’humain. > En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1826.htm |