CNRS Le Journal n°242 mars 2010
CNRS Le Journal n°242 mars 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°242 de mars 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,9 Mo

  • Dans ce numéro : Ce que révèlent nos tabous

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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18 L’ENQUÊTE Le journal du CNRS n°242 mars 2010 SEXUALITÉ FAMILLE MALADIE MORT Polygamie, inceste, suicide… De très nombreux interdits marquent notre société. D’où viennent-ils ? Comment ont-ils structuré nos façons de vivre ? Et par-dessus tout, sont-ils universels ? En s’intéressant aux cultures passées et présentes ainsi qu’à leurs rapports au monde, les sciences humaines peuvent mettre en lumière toutes ces interdictions et les décrypter. À l’occasion de l’exposition du musée du quai Branly sur les indiens Mochica faisant une large part à leurs céramiques érotiques, Le journal du CNRS, partenaire de la manifestation, donne la parole aux scientifiques susceptibles de livrer les clés de nos tabous. SEXE : L’INVENTION DE LA PUDEUR > 19 FAMILLE : MODÈLES EN TOUT GENRE > 22 MALADIE : LA LOI DU SILENCE > 25 MORT : LES TRADITIONS ÉVOLUENT > 26
UN AUTRE REGARD SUR LA PROSTITUTION « La prostitution, qui concerne surtout les clients masculins, existe pour permettre aux hommes d’avoir accès, s’ils ne peuvent faire autrement, à la sexualité », explique sans tabou Marie-Élisabeth Handman, du Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS) 1, à Paris, « elle existe aussi pour permettre aux hommes de réaliser des désirs inavouables à leur partenaire, des désirs homosexuels par exemple ». Dans ce dernier cas, les prostitués sont bien entendu des hommes. « Preuve que le phénomène ne peut se réduire à une question de domination masculine sur la femme, comme on le pense souvent », reprend l’anthropologue qui a réalisé une vaste enquête sur la prostitution à la demande de la mairie de Paris 2. « D’ailleurs, d’après les témoignages, lorsqu’elles ne sont pas harcelées par la police, comme c’est le cas depuis le vote de la Loi pour la sécurité intérieure de 2003, et qu’elles ont le temps de discuter avec le client avant de fixer le tarif, d’indiquer les pratiques auxquelles elles se refusent et d’imposer le port du préservatif, la domination est plutôt du côté des prostituées », poursuit la chercheuse. Car dans ces conditions, elles expliquent avoir surtout affaire à des hommes fragilisés, en grand manque de tendresse, et à qui elles apportent une attention de psychologue voire une consolation maternelle, surtout s’il s’agit de clients Cela n’est pas un secret : tout le monde le fait (ou presque). Mais pas n’importe où, mais pas n’importe comment. Des esprits pudibonds ont beau déplorer aujourd’hui un inquiétant relâchement, la sexualité chez les humains obéit depuis toujours à un strict encadrement, absolument unique dans la nature. Mais il ne s’agit pas de l’interdit de l’inceste (lire p. 22), pratique que les primates prennent aussi souvent soin d’éviter. Non, c’est réguliers. « Bien entendu la situation est très différente si, comme c’est hélas souvent le cas, les prostituées sont prisonnières d’une mafia ou qu’un souteneur leur impose un nombre donné de passes par jour, etc. » D’ailleurs, en France, même si elle n’est pas reconnue comme un métier, la prostitution n’est absolument pas illégale. Ce sont le raccolage et le proxénétisme qui le sont.C. Z. 1. Unité CNRS/Collège de France/EHESS. 2. La prostitution à Paris, sous la direction de Marie-Élisabeth Handman et Janine Mossuz-Lavau, éd. La Martinière, 2005, épuisé. L’ENQUÊTE 19 L’invention de la pudeur Les prostituées ont souvent affaire à des clients fragilisés. ailleurs que nous marquons notre différence. « Contrairement aux animaux, les êtres humains connaissent en effet des comportements de pudeur au sujet de tout ce qui concerne le sexe », commente Marie-Élisabeth Handman, du Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS) 1, à Paris, où elle a dirigé l’équipe de recherche « Altérité, sexualités, santé » pendant quinze ans. Primo : les organes génitaux, qu’il convient généralement de cacher. Même chez les populations des zones tropicales, qui vivaient pratiquement nues > Le journal du CNRS n°242 mars 2010 © Playboy Archive/Corbis



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