CNRS Le Journal n°242 mars 2010
CNRS Le Journal n°242 mars 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°242 de mars 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,9 Mo

  • Dans ce numéro : Ce que révèlent nos tabous

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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14 ©C. Lebedinsky/CNRS Photothèque INNOVATION Entretien VALORISATION Des inventions lucratives Le troisième tome de La Diffusion des découvertes du CNRS vers le monde industriel vient d’être édité en ligne et couvre cette fois la période du 1 er juillet 2008 au 30 juin 2009. À la tête de la Direction de la politique industrielle du CNRS, Marc J. Ledoux, nous en livre les principaux enseignements. Protections contre les rayonnements ionisants, marqueurs de l’insuffisance cardiaque, matériaux pour batteries au lithium… Les brevets présentés dans ce document semblent aussi nombreux que variés. Combien y en a-t-il au total ? Marc J. Ledoux : Ce troisième tome présente 339 brevets qui ont été publiés entre juillet 2008 et juin 2009, pour lesquels le CNRS est propriétaire ou copropriétaire. Cela représente un bond de plus de 19% par rapport à l’année précédente, à la même période. Sur ce total, 106 sont directement gérés par le CNRS et sa filiale Fist 1, 106 par nos partenaires universitaires et 127 par d’autres partenaires, principalement des industriels et d’autres organismes. Cet essor indique que les chercheurs ont réellement pris conscience que leurs découvertes ont aussi une valeur économique. De la santé à l’énergie propre en passant par l’optique, les nanotechnologies, ou l’agronomie, les innovations protégées couvrent une grande diversité de domaines, et parfois plusieurs en même temps. Pour preuve, près de la moitié d’entre elles émane de laboratoires pluridisciplinaires, une des forces du CNRS. Toutefois, trois secteurs sont en tête : les sciences du vivant et la chimie, puis les sciences et technologies de l’information et de l’ingénierie. Le journal du CNRS n°242 mars 2010 Le chiffre impressionne : 339 brevets. Mais estce un bon indicateur de l’innovation ? M. J.L. : Oui, mais ce n’est pas le seul. L’important est aussi le nombre de brevets que l’on parvient à valoriser. Et en la matière, les résultats dévoilés dans cette synthèse sont très satisfaisants. En effet, sur ces 339 brevets, 150 sont déjà exploités sous la forme d’une licence acquise après dépôt, ou d’un accord-cadre avec un industriel qui détient les droits d’exploitation. Cela représente un taux de 44,2%, score considérable comparé à des organismes analogues au CNRS. De plus, malgré l’augmentation significative du nombre de brevets, ce pourcentage gagne plus de trois points par rapport à la période allant de juillet 2007 à juin 2008. Et ce chiffre ne prend pas en compte plus de 80 licences signées entre juillet 2008 et juin 2009 sur des brevets plus anciens. Comment s’explique cette réussite ? M. J.L. : Nous préparons cette valorisation très en amont avec les partenaires industriels, avant le démarrage des projets scientifiques, à travers des accords-cadres ou des accords de collaboration de recherche spécifique. Là réside l’une des clefs majeures de ce succès. Mais l’amélioration de la qualité des découvertes explique aussi cette réussite. Un chiffre parlant est le nombre de déclarations d’inventions rejetées par notre comité de sélection. D’environ 30% en 2006, il n’est plus que de 10% aujourd’hui. Autre indicateur : pour la première fois, le CNRS vient d’intégrer le « top ten » des organismes de recherche publique en termes de nombre et de qualité de brevets déposés aux États-Unis ! Il est le seul représentant européen de ce classement 2. Combien ses brevets rapportent-ils au CNRS ? M. J.L. : En 2008, les redevances perçues se sont élevées à 46,7 millions d’euros, dont 89,9% proviennent du Taxotère, un traitement phare contre le cancer. C’est plus de 10 millions d’euros de moins que l’année précédente. Cette baisse est principalement due à la chute du dollar qui nous a fait perdre 5 millions d’euros, une part importante des revenus étant libellée dans cette monnaie, et à la fin de vie de deux licences très rentables sur un test de dépistage du VIH et un autre traitement anticancéreux. De juillet 2008 à juin 2009, chacun des 215 chercheurs à l’origine de brevets valorisés a toutefois touché 15000 euros en moyenne, dans une fourchette allant de 1000 jusqu’à 200 000 euros. Et deux ou trois scientifiques du CNRS gagnent plusieurs millions d’euros par an grâce aux redevances, mais on ne les intègre pas dans ces statistiques.
© H. Raguet/CNRS Photothèque Plusieurs brevets déposés par le CNRS en 2008-2009 concernent de nouveaux matériaux pour les piles (ici, une pile bouton) et batteries au lithium. Quelles sont les prévisions pour 2009 et les années à venir ? M. J.L. : Malgré la crise, l’année 2009 devrait marquer un net redressement à 59,1 millions d’euros dont 83% générés par le Taxotère. En 2011, ce dernier tombera dans le domaine public dans de nombreux pays, mais sa contribution aux redevances devrait être comblée par la montée en puissance de trois nouvelles licences. La première concerne un médicament contre l’hépatite B, la seconde la formulation d’un produit cosmétique, et la troisième un traitement contre le lupus. Si la conjoncture économique ne ralentit pas trop le processus d’innovation chez les industriels, les recettes devraient avoisiner les 100 millions d’euros en 2013. Le CNRS constitue également un véritable vivier pour les start-up. Combien sont nées entre juillet 2008 et juin 2009 ? M. J.L. : Sur cette période, 24 start-up directement issues du CNRS, et 15 adossées à un de ses laboratoires, ont vu le jour. Le plus gros des troupes évolue dans les sciences du vivant, les technologies de l’information et de la communication, la chimie et les matériaux. Le nombre de créations d’entreprise reste très élevé, avec une moyenne d’environ 40 par an. Mais la durée de vie est un critère tout aussi important. Selon les derniers chiffres disponibles, sur 435 entreprises créées depuis 1999, seules 64 ont disparu, soit un taux de réussite de 85%. Un succès qui s’explique par leur qualité, mais aussi par l’efficacité de la politique que nous menons dans ce domaine. Propos recueillis par Jean-Philippe Braly 1. Filiale de droit privé du CNRS, « France innovation scientifique et transfert » a pour missions la préparation à la prise de brevets, le courtage technologique et le portage de capital dans les jeunes pousses. 2. Classement effectué par la société Intellectual Property Today sur la période juillet 2008 à juin 2009. Voir www.iptoday.com/articles/2009-10-damato.asp ➔ En savoir plus www.cnrs.fr/dpi/docs/dpi2009/DPI-2009-t3.pdf CONTACT ➔ Marc J. Ledoux Direction de la politique industrielle, Paris marc.ledoux@cnrs-dir.fr Partenariats INNOVATION 15 TRANSPORTS Récupérer la chaleur des moteurs C’est un chiffre qui parle de lui-même : dans un moteur classique, 60% de l’énergie libérée par la combustion du carburant est perdue… sous forme de chaleur ! À une époque où pressions économique et environnementale s’intensifient, des chercheurs tentent donc de valoriser ces déchets en les convertissant en électricité. C’est en tout cas l’objectif du projet « Récupération d’énergie à l’échappement d’un moteur par thermoélectricité », alias Renoter, coordonné par Renault Trucks et auquel participent plusieurs laboratoires du CNRS 1. Lancé fin 2008 et doté d’un budget de 4,4 millions d’euros, il vise la mise au point d’un prototype finalisé de thermogénérateur d’ici 2012 pour les voitures, les camions et les véhicules militaires. Thermogénérateur. Derrière ce terme se cache une propriété physique fascinante. Il s’agit en fait d’un dispositif composé de matériaux dits thermoélectriques qui, lorsqu’ils sont traversés par un flux de chaleur, sont capables d’en transformer une fraction en électricité ! Placé sur la tuyauterie d’échappement des gaz, il fournira du courant pour charger la batterie et pour les applications électriques. Cette contribution limitera donc le recours à l’alternateur dont le fonctionnement diminue le rendement du moteur. À terme, celui-ci pourrait même être supprimé ! Au final, une économie de 2 à 3% de carburant est envisagée, une réduction non négligeable sur un marché concurrentiel soumis à des normes de pollution sévères. Mais avant d’en arriver là, il faut plonger les mains dans le cambouis ! Une tâche à laquelle participent trois unités CNRS dont le Laboratoire de cristallographie et sciences des matériaux 2 à Caen. « Nous sommes d’abord BRÈVE Un labo au top de l’innovation ! responsables de l’intégration de nouveaux matériaux thermoélectriques adaptés 3, au sein de modules de démonstration à échelle réduite, précise Christophe Goupil, un des chercheurs du Crismat. Notre seconde mission consiste à mettre au point des systèmes de mesure permettant de valider les performances obtenues par ces modules. Enfin, nous modélisons leur comportement par informatique. » Les premiers véhicules commerciaux dotés de thermogénérateurs issus du projet Renoter pourraient voir le jour en 2015. Jusqu’ici surtout utilisée dans le domaine spatial, la thermoélectricité entrerait ainsi de plain-pied dans nos vies quotidiennes ! Jean-Philippe Braly 1. Le Crismat, l’Institut Jean-Lamour (IJL) et l’Institut Charles-Gerhardt (ICG). Y participent aussi Renault SAS, Valeo, Nexter Systems et Sherpa Engineering. 2. Laboratoire CNRS/Ensicaen/Université Caen Basse-Normandie. Le Crismat participe à Renoter via le CNRT matériaux Basse-Normandie. 3. Notamment développés par l’IJL à Nancy et l’ICG à Montpellier. Mis au point par le Crismat, ce prototype permet d’évaluer la capacité de certains matériaux à convertir la chaleur en électricité. CONTACT ➔ Christophe Goupil Laboratoire de cristallographie et sciences des matériaux, Caen christophe.goupil@ensicaen.fr Le 26 janvier, l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) a remis ses Trophées nationaux de l’innovation 2009. Et le grand gagnant dans la catégorie des centres de recherche est l’Institut de recherches en communications et cybernétique de Nantes (Irccyn). Cette unité commune au CNRS, à l’université de Nantes, à l’École centrale de Nantes, et à l’École des mines de Nantes a été récompensée pour avoir développé une forte stratégie de coopération avec le secteur industriel, que ce soit avec de grands groupes (Renault, PSA, EADS, Airbus) ou avec des PME. Ces cinq dernières années, l’Irccyn a ainsi déposé 35 brevets avec des partenaires et est à l’origine de la création de six entreprises, qui ont généré une cinquantaine d’emplois. Le journal du CNRS n°242 mars 2010 © CRISMAT UMS CNRT



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