12 © F. Aguila/IPMC/CNRS et Université de Nice-Sophia Antipolis VIEDESLABOS Actualités PHYSIQUE Des photons attrapés au vol Imaginez la future trajectoire d’un billet de dix euros de votre poche : lors d’un prochain achat, il ira probablement remplir le portefeuille d’un commerçant de votre ville, et ce relais continuera jusqu’à ce que la coupure, à la faveur d’un voyage, se retrouve dans le porte-monnaie, peut-être, d’un habitant de Lille ou de Marseille. Ce type de trajectoire, constituée de sauts de puce ponctués par de longues lignes droites, s’appelle en mathématiques un vol de Lévy. La course d’un photon dans l’enveloppe externe du Soleil et la trajectoire d’un albatros en quête de nourriture sont parfois décrites comme des vols de Lévy. Toutefois, aucune observation directe et franche du phénomène n’avait jamais été réalisée pour la lumière. Robin Kaiser et ses collègues de l’Institut non linéaire de Nice Sophia-Antipolis 1, avec l’aide d’une chercheuse brésilienne de l’université fédérale de Paraiba, viennent de réaliser la toute première, en utilisant une vapeur d’atomes 2. Mais pourquoi les vols de Lévy de photons échappaient-ils à la sagacité des physiciens ? Simplement car : « pour pouvoir suivre un photon, il faudrait en quelque sorte le marquer, note Robin Kaiser. Et c’est en fait impossible. » LE CHIFFRE Le journal du CNRS n°242 mars 2010 Représentation d’artiste de la trajectoire (en blanc) d’un photon dans un gaz dilué de rubidium. 50 ➔ En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1780.htm L’équipe de Nice est parvenue à penser autrement le problème grâce à un montage expérimental astucieux, basé sur des cellules emplies de vapeur de rubidium à travers lesquelles les particules de lumière se frayent un chemin. Le tout paré d’un système de détection très précis. « Le défi était de parvenir à une détection extrêmement soigneuse, limitée au final seulement par les parasites liés à la source de photons elle-même et aux rayons cosmiques », décrit Robin Kaiser. À partir des données recueillies sur la distance qu’ils parcouraient, l’équipe a observé que les photons voyageaient bel et bien dans le rubidium en phase gazeuse selon un vol de Lévy, en avançant par petits sauts rythmés par de longues traversées. À présent, les chercheurs voudraient rendre plus sophistiquée l’expérience afin d’observer d’autres régimes de trajectoire, mais ils songent aussi, désormais, à faire bénéficier d’autres scientifiques de leurs connaissances, grâce à de possibles ponts avec d’autres systèmes physiques. « Nos travaux pourraient ainsi avoir des ouvertures aussi bien sur le plan fondamental, sur la compréhension des mécanismes microscopiques de la diffusion de lumière dans des vapeurs chaudes, mais aussi sur le plan des applications, en aidant par exemple à mieux comprendre la lumière émise par des objets astrophysiques tels que le Soleil ou encore les régimes extrêmes de certaines lampes à décharge (les lampes remplies de gaz où circule un courant électrique) », espère Robin Kaiser. Depuis leur mathématisation dans les années 1940, les vols de Lévy trouvent désormais un second souffle grâce à la physique. Xavier Müller 1. Unité CNRS/Université de Nice. 2. Travaux publiés dans Nature Physics. CONTACT ➔ Robin Kaiser Institut non linéaire de Nice Sophia Antipolis robin.kaiser@inln.cnrs.fr Cinquante fois plus de risques de développer une obésité sévère : la statistique concerne les individus porteurs d’une anomalie sur le chromosome 16 que des scientifiques viennent de mettre en évidence. Si celle-ci est présente chez moins d’une personne sur 1000, elle expliquerait près de 1% des cas d’obésité. Obtenu grâce à la technologie des puces à ADN, ce résultat a été publié dans la revue Nature le 4 février par des chercheurs du CNRS et leurs collègues de douze équipes européennes. © NASA/GSFC/METI/ERSDAC/JAROS, and U.S./Japan ASTER Science Team © Sémhur/Wikimedia Commons Le triangle de l’Afar se trouve à l’intersection de trois plaques tectoniques qui s’écartent à la vitesse de 15 mm par an, donnant naissance à un océan. |