CNRS Le Journal n°240-241 jan/fév 2010
CNRS Le Journal n°240-241 jan/fév 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°240-241 de jan/fév 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 3,4 Mo

  • Dans ce numéro : Les secouristes de la nature

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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8 © D. Vielzeuf/CINaM VIEDESLABOS Actualités MATÉRIAUX L’organisation des coraux démasquée Parce qu’il est extrêmement solide, le corail rouge de Méditerranée est utilisé depuis des millénaires pour fabriquer de magnifiques bijoux. Des chercheurs du Centre interdisciplinaire de nanosciences de Marseille (Cinam) 1, en collaboration avec des équipes espagnoles et américaines, viennent de percer le secret de cette solidité 2. Le journal du CNRS n°240-241 janvier-février 2010 « Le squelette du corail rouge est constitué de simples microcristaux de calcite un peu fragiles, explique Daniel Vielzeuf, du Cinam. C’est la façon dont ils sont organisés qui permet de comprendre pourquoi ce matériau est si résistant. » Après avoir fait passer à plusieurs échantillons de corail tout une batterie d’analyses au microscope, nos Dans le squelette du corail rouge, vu ci-dessous au microscope électronique à balayage, des cristaux de calcite orientés s'empilent pour former des pyramides. ILS L’ONT VU Éruption record La source la plus brillante du ciel jamais observée en rayons gamma a été détectée cet automne grâce au télescope spatial Fermi. Lancé par la Nasa, il implique la collaboration d’organismes du monde entier dont l’IN2P3 1 et l’Insu 2 du CNRS, et le CEA-Irfu 3. Quant à l’objet détecté, c’est un blazar, de la constellation de Pégase, dont l’éruption exceptionnelle vient de détrôner le pulsar Vela qui détenait l’ancien record. Cette détection devrait permettre d’en savoir plus sur les blazars, galaxies très actives d’une luminosité variable, et dont l’un des jets de particules pointe dans notre direction. 1. Institut national de physique nucléaire et de physique des particules. 2. Institut national des sciences de l’Univers. 3. Institut de recherche sur les lois fondamentales de l’Univers. > En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1742.htm BRÈVE © J.G. Harmelin/Centre d'Océanologie de Marseille scientifiques ont mis en évidence une structure extrêmement hiérarchisée à l’intérieur du squelette. « Les unités les plus petites, des cristaux de quelques nanomètres, s’organisent en un module plus grand d’environ 200 nm, poursuit le chercheur. À leur tour, ces modules se combinent pour former des fibres cristallines, qui elles aussi se rassemblent en forme de losange, etc. Et cela huit fois de suite. » En clair : un module est composé de modules plus petits, et constitue lui-même un élément d’un plus gros module. Et entre ceux-ci, se trouve une fine couche de molécules organiques qui donne au corail sa couleur rouge et surtout qui empêche la moindre fracture de se propager. Bref, l’emboîtement est parfait et confère au corail sa robustesse. Et ce n’est pas tout. Cette organisation modulaire, comme la qualifient les chercheurs, permet d’expliquer les différentes formes arborescentes La langue des singes Boom, Krak, Hok, Hok-oo, Krak-oo, Wak-oo : voici les six types de cris d’alarme émis par les singes africains mâles de l’espèce « mone de Campbell », comme l’ont montré des chercheurs du laboratoire Éthologie animale et humaine 1. Dans leur dernière étude, ils montrent surtout que ces singes combinent leurs cris en de longues séquences vocales. Ils délivrent ainsi des messages très précis que prennent les colonies de corail rouge, des plus massives aux plus étalées. « De très légères différences d’orientation peuvent apparaître entre les modules du squelette du corail, continue Daniel Vielzeuf. Répétées sur huit niveaux, elles expliquent pourquoi chaque corail est unique. » Doté d’une structure aussi étonnante, le corail rouge pourrait bien servir de modèle à la fabrication de nanomatériaux, ces composants de taille nanométrique destinés à de multiples applications en médecine, en informatique ou en énergétique. En copiant cette organisation modulaire, on pourrait ainsi créer de nouveaux objets aux formes variées et aux propriétés inédites. Pierre Mira 1. Unité CNRS/Universités Aix-Marseille-II et -III. 2. Travaux à paraître dans American Mineralogist. CONTACTS Cinam, Marseille ➔ Nicole Floquet floquet@cinam.univ-mrs.fr ➔ Daniel Vielzeuf vielzeuf@cinam.univ-mrs.fr comme l’annonce de la chute d’un arbre, la présence d’un prédateur, si c’est un aigle ou un léopard, si ce dernier a été vu ou plutôt entendu, etc. Il s’agit de la forme la plus complexe de protosyntaxe découverte à ce jour chez une espèce animale. Cette étude ouvre donc le débat sur l’existence potentielle de précurseurs du langage humain dans la communication vocale animale. Réalisés en collaboration avec des chercheurs écossais et ivoiriens 2, ces résultats viennent d’être publiés sur le site des Proceedings of the National Academy of Sciences. 1. Unité CNRS/Université Rennes-I. 2. Des universités respectives de St Andrews et de Cocody-Abidjan. > En savoir plus : www2.cnrs.fr/presse/communique/1743.htm Un singe de l’espèce mone de Campbell. © A. Laurence
SOCIÉTÉ Quoi de neuf chez les Français ? Leur portrait vient de paraître ! Après une vaste enquête de deux ans, l’Institut national d’études démographiques (Ined) publie une étude sur l’identité individuelle dans l’Hexagone. Quelques résultats avec deux sociologues du CNRS, coauteurs de l’étude. Français, qui êtes-vous ? Pour répondre à cette question et tirer le portrait de notre société, l’Ined a mené une enquête sur un échantillon d’environ 10 000 habitants de France métropolitaine, de 2003 à 2005, en collaboration avec l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Après analyse des questionnaires par une équipe d’une dizaine de chercheurs, dont plusieurs sociologues du CNRS, les résultats sont parus il y a quelques semaines sous forme d’un épais ouvrage intitulé En quête d’appartenances. Son intérêt ? Cette enquête va bien au-delà des habituelles statistiques qui se contentent de répertorier les individus à travers des catégories classiques qui collent à la peau : marié, célibataire, provincial, Parisien, etc. « C’est la première enquête qui prend en compte des données subjectives comme le ressenti des personnes », insiste Pour cette enquête sur l’identité individuelle, environ 10000 Français ont été interrogés. Une première : leur ressenti est pris en compte. Florence Maillochon, l’une des sociologues auteurs de l’ouvrage. Les catégories ne sont donc pas seulement définies par les observateurs, il s’agit aussi de montrer comment les gens se définissent eux-mêmes. Et comment ces identifications peuvent évoluer au cours de leur vie. Au final, l’enquête permet de cerner les multiples composantes de l’identité individuelle sur de nombreux registres : la relation au territoire, la famille, l’appartenance à une classe sociale, la conjugalité, l’activité professionnelle, l’engagement politique et religieux, les langues parlées, mais aussi le handicap ou la maladie. Qu’en sort-il de neuf ? Les bouleversements sociaux du XX e siècle ont modifié en profondeur les références identitaires. Florence Maillochon, sociologue au Centre Maurice-Halbwachs 1, s’est par exemple intéressée au couple. « Celui-ci participe désormais de manière beaucoup plus importante, pour les jeunes, au sentiment de se sentir adulte », explique-t-elle. Alors qu’il y a quelques décennies, la situation professionnelle régnait en maître dans ce registre. « Être ou non en couple est aussi devenu une caractéristique identitaire individuelle très puissante, alors qu’auparavant c’est surtout la conformité sociale sur le fait d’être marié ou non qui comptait. » En revanche, ceux qui ne sont pas en couple subissent une énorme pression de la société : être à deux est considéré comme préférable, voire plus normal. « Malgré la VIEDESLABOS 9 baisse de la pression religieuse notamment, notre société reste donc bien plus normative qu’on ne le croit », commente Florence Maillochon. Idem pour les inégalités entre hommes et femmes qui ont décidément la vie dure. Par exemple, être au chômage ou inactif divise par deux les chances d’être en couple stable pour les hommes. Tandis que cela multiplie par 1,5 celles des femmes ! En clair, un homme au chômage sera bien plus rarement en couple qu’une femme également inactive. « L’image traditionnelle de l’homme chargé de rapporter de quoi faire vivre le couple perdure donc sérieusement… », commente la sociologue. Autre sujet de l’enquête, l’engagement politique, associatif et religieux. « Depuis une trentaine d’années, on observe une augmentation du nombre de bénévoles dans les associations », commente Sandrine Nicourd, sociologue au laboratoire Professions, institutions, temporalités 2, également auteur de l’ouvrage de l’Ined. « Au contraire, le nombre de personnes engagées dans une structure politique ou religieuse a sensiblement baissé. Même si l’intérêt pour ces domaines reste fort. » Explication : le besoin de s’engager et d’avoir une utilité sociale est le même qu’avant, mais ce sont les structures à l’organisation plus souple qui se taillent aujourd’hui la part du lion. Pourquoi ? « Les personnes sondées évoquent le besoin d’un lien de confiance avec la structure dans laquelle ils s’engagent. Et ils le trouvent plus facilement dans les associations locales », explique la sociologue. La tendance est d’autant plus marquée chez les moins de 40 ans. « Un clivage peu étonnant vu que leurs aînés, eux, ont grandi dans un contexte de socialisation plus fort : avec le patronage, les sections syndicales, l’église et les partis politiques étaient très présents dans la vie des gens. Ceux-ci s’engageaient donc plus facilement dans des organes de masses auxquels les jeunes font maintenant peu confiance », explique Sandrine Nicourd. Il y aurait encore beaucoup à dire. La suite de ce passionnant portrait de société se trouve en librairie. Charline Zeitoun ➔ À lire En quête d’appartenances, dirigé par France Guérin-Pace, Olivia Samuel et Isabelle Ville, les éditions de l’Ined, coll. « Les grandes enquêtes », août 2009, 224 p. – 25 €. Le raisonnement statistique en sociologie, Marion Selz et Florence Maillochon, éd. Puf, septembre 2009, 256 p. – 25 €. 1. Unité CNRS/EHESS/ENS. 2. Unité CNRS/Université de Versailles-Saint-Quentinen-Yvelines CONTACTS ➔ Florence Maillochon Centre Maurice-Halbwachs, Paris florence.maillochon@ens.fr ➔ Sandrine Nicourd Professions, institutions, temporalités, Guyancourt sandrine.nicourd@wanadoo.fr Le journal du CNRS n°240-241 janvier-février 2010 © E. Franceschi/fedephoto.com



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