CNRS Le Journal n°240-241 jan/fév 2010
CNRS Le Journal n°240-241 jan/fév 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°240-241 de jan/fév 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 3,4 Mo

  • Dans ce numéro : Les secouristes de la nature

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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38 GUIDE Livres 3 questions à… Jean-Paul Moatti Le principe de prévention Le culte de la santé et ses dérives Patrick Peretti-Watel, Jean-Paul Moatti, éd. Seuil, coll. « La république des idées », novembre 2009, 112 p. – 10,50 € Jean-Paul Moatti est professeur d’économie à l’université Aix-Marseille-II ainsi que directeur de l’Institut fédératif de recherches Sciences humaines économiques et sociales de la santé (CNRS/Université Aix-Marseille/Inserm/IRD). Pourquoi deux chercheurs en contact régulier avec les acteurs de la prévention sanitaire publient-ils un ouvrage à tonalité critique sur ce qui fut une magnifique idée ? Pour contribuer à la sauver ! La prévention est une vieille idée qui remonte au XVIII e siècle et qui s’est généralisée depuis 1950 comme l’un des éléments résultant de ce que nous appelons « la mise en risque ». Supposer à tout-va qu’il y a risque entraîne instantanément une propension à anticiper l’avenir. Comme président du conseil scientifique de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), je serais mal placé pour négliger le fait que la prévention contribue de façon significative à la poursuite des progrès de l’espérance de vie. Avec Patrick Peretti-Watel, Le journal du CNRS n°240-241 janvier-février 2010 qui est l’un des spécialistes de la sociologie des risques, nous n’adhérons pas à certaines critiques faciles qui accusent la prévention de « porter atteinte aux libertés individuelles », voire de « préparer un totalitarisme insidieux ». Ce discours masque trop souvent les intérêts des producteurs de tabac, de boissons alcoolisées ou de l’industrie agroalimentaire en général. Nous sommes, en revanche, légitimes pour pointer des dysfonctionnements, des effets pervers potentiels de la prévention qui peuvent se retourner contre son efficacité et, involontairement, aggraver les inégalités de santé. Vous parlez de véritables maux. Qu’entendez-vous par ce terme fort ? La prévention est soumise à de nombreuses tensions contradictoires 2012 Scénarios pour une fin du monde Didier Jamet et Fabrice Mottez, éd. Belin, novembre 2009, 240 p. – 19 € Revenant sur les excès récurrents qui annoncent de multiples apocalypses pour 2012, cet ouvrage original montre qu’il existe aujourd’hui des scénarios de fins du monde plausibles mais sur des échelles de temps très longues et difficilement prévisibles. L’ouvrage se termine par un point sur les évidences scientifiques actuellement disponibles et conclut philosophiquement : « Maintenant que nous sommes bien au courant de la menace des supervolcans, des comètes, des météorites géantes, des étoiles massives en fin de vie, devrions-nous traiter ces phénomènes comme de purs fléaux ? » Réponse : « Ambitieux, avides, conquérants, ravageurs, nous constituons nous-mêmes un danger. » qu’elle ne parvient pas toujours à bien gérer. Par exemple, à force de noyer le public sous des risques multiples, on peut finir par le convaincre de l’inutilité de la prévention –comme ces fumeurs ou ces gros buveurs qui se justifient en invoquant les risques qu’ils encourent avec la pollution de l’environnement. Autre défectuosité : en ciblant les groupes les plus exposés à certains risques (toxicomanes dans le cas du sida), on peut entretenir la discrimination à leur égard et, du coup, les décourager d’agir. Un autre paradoxe : la prévention est censée reposer sur des individus responsables et autonomes alors qu’il lui arrive de servir de tremplin aux normes contraignantes d’ « entrepreneurs de morale ». Par exemple, il y a obligation de promouvoir l’abstinence sexuelle pour bénéficier de l’aide américaine en matière de prévention du sida dans les pays du Sud. Sans parler de sa récupération possible par le marketing d’intérêts particuliers : la mention « éviter de manger trop gras, trop sucré ou trop salé » qui accompagne les publicités de produits agroalimentaires favorisant l’obésité est interprétée par une partie du public comme un label de qualité ! Vous allez jusqu’à dire qu’il faut « réinventer » la prévention. Est-ce possible ? Certainement. Il faut en finir avec une conception qui érige la prévention en une véritable utopie, qui identifie le bonheur avec la maîtrise totale du risque sur son propre corps et qui se réfère à un mythe de la sécurité collective absolue. Lorsque les incertitudes sont telles que le risque ne peut même plus être quantifié, le principe de prévention se transforme en son avatar extrême, le principe de précaution. Ce dernier nous entraîne dans une spirale vite incontrôlable de scénarios catastrophe comme dans les débats actuels sur l’épidémie de grippe H1N1. Il faut en revenir à une conception moins techniciste, plus raisonnable et plus respectueuse de l’éthique, qui reconnaisse que toutes les conduites humaines, même celles qui s’avèrent à risque pour la santé, ont du sens pour les individus qui les pratiquent. Je pense que l’avenir de la prévention est sans doute moins dans les injonctions médiatiques que dans l’humilité patiente d’actions de proximité impliquant les gens eux-mêmes dans une véritable participation communautaire. Voilà où se trouve le sauvetage de la prévention. Propos recueillis par A.L. Faire de l’anthropologie Santé, science et développement Laurent Vidal, éd. La Découverte, coll. « Recherches/Terrains anthropologiques », janvier 2010, 240 p. – 26 € À partir de son expérience de terrain dans le champ de la santé en Afrique, Laurent Vidal livre ici une réflexion sur la fabrique de l’anthropologie. Il montre comment une recherche est imaginée, mise en place, conclue et, quel que soit son domaine d’application (sida, paludisme, tuberculose ou santé maternelle, rapports à la maladie et pratiques des soignants), pourquoi aujourd’hui l’anthropologie doit considérer comme définitivement indissociables choix de recherche et regard sur l’autre.
Le cerveau volontaire Marc Jeannerod, éd. Odile Jacob, octobre 2009, 304 p. – 25 € La volonté est au cœur de la réalité humaine. Mais, comment le cerveau assure-t-il sa mise en œuvre ? Les recherches récentes nous montrent que l’activité cérébrale se développe à l’insu de l’auteur de l’action et anticipent l’expérience consciente : « la conscience d’être l’auteur d’une action serait-elle une illusion ? » Dans cet ouvrage désormais de référence et qui s’inscrit dans la continuité de ses travaux sur la genèse de l’action, Marc Jeannerod développe une nouvelle théorie en défendant, au contraire, l’idée que le rôle du cerveau est d’assurer le lien entre le moment où une action est voulue et celui où le but a été atteint. Ceci par la mise en jeu, simultanément, de plusieurs sous-systèmes : celui qui contrôle la réalisation de l’action et celui qui engendre la partie conceptuelle. Un enchaînement intention, sens de la responsabilité, sentiment de liberté. Et c’est bien par ce lien que l’auteur peut s’identifier lui-même comme cause de ses actions. La déficience pathologique de ces mécanismes dans la démence et la psychose, qui peut aboutir à la perte de la conscience de soi et au déni de sa propre responsabilité, corrobore cette hypothèse. N’ayons pas peur de la science Raison et déraison Catherine Bréchignac, CNRS Éditions, novembre 2009, 64 p. – 5 € « L’homme a toujours aimé bâtir. Aujourd’hui, nos nouvelles cathédrales sont celles de la science. » Partant des craintes contemporaines, montrant ce qu’a été la pensée à travers les siècles, distinguant la science de la technologie, examinant la révolution du vivant, analysant comment une époque se détermine par son rapport à la connaissance, dévoilant en quoi la recherche est devenue un sport collectif international, la présidente du CNRS met au jour les grands défis de notre société. Un plaidoyer. Minéraux remarquables De la collection UPMC – La Sorbonne Jean-Claude Boulliard, photographies d’Orso Martinelli, préface Stephen Smale, éd. Le Pommier, coll. « Beaux livres », novembre 2009, 224 p. – 69 € GUIDE 39 Les minéraux reproduits ici en taille réelle proviennent de la collection créée sur commande de Napoléon à La Sorbonne, et devenue, de nos jours, l’une des plus belles au monde. Recueil de photographies exceptionnelles, aux légendes scientifiques et foisonnant d’anecdotes, cet ouvrage fait aussi l’historique d’autres collections de ce type. Il se termine par une analyse de l’art et la manière de rassembler les minéraux, hier, aujourd’hui et demain. L’imagerie médicale pour l’étude de la parole Alain Marchal et Christian Cavé (dir.), éd. Hermès sciences, coll. « Cognition et traitement de l’information », septembre 2009, 304 p. – 99 € Bel exemple de pluridisciplinarité, ce collectif passe en revue les différentes techniques d’imagerie utilisées pour étudier la parole du point de vue de sa production comme de sa perception (vidéo fibroscopie, palatographie dynamique, imagerie par résonance magnétique, magnétoencéphalographie…). Avantages, inconvénients, limites de chaque technique, principaux résultats acquis avec chacune d’entre elles, et perspectives d’évolution sont traités ici par des spécialistes soucieux de s’adresser à un public élargi comme à l’ensemble de ceux qui abordent la parole professionnellement. La prison dans la ville Martine Herzog-Evans (dir.), éd. Érès, coll. « Questions actuelles de criminologie », novembre 2009, 136 p. – 15 € Les années 1980 marquaient l’entrée des chercheurs dans les prisons. Celles entre 1995 et 2004 privilégiaient le droit du détenu en prolongement d’un élan positif général. La loi du 24 novembre 2009, qui témoigne d’une société ne supportant pas les risques, semble quant à elle ramener la prison à une instance de répression archaïque où la délinquance serait désignée comme une maladie. Familiers de ce monde clos, un juriste, un sociologue, un architecte et un ancien détenu croisent ici leurs réflexions respectives pour expliquer l’oscillation dans laquelle balance une ville où est implantée une prison : intégrer ce lieu –pourvoyeur d’emplois– tout en essayant de ne pas le voir. Le journal du CNRS n°240-241 janvier-février 2010



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