20 > © R. Kuiter L’ENQUÊTE LE TOP 10 DES NOUVELLES ESPÈCES DÉCRITES EN 2008 Source : International Institute for Species Exploration www.species.asu.edu/Top10 MICROBACTERIUM HATANONIS, ➥ DANS DU SPRAY. Cette microbactérie, baptisée en l’honneur du chercheur Kazunori Hatano, vit dans un milieu extrême, du spray pour cheveux. HIPPOCAMPUS SATOMIAE BORNÉO, INDONÉSIE. Long de 13,8 mm, haut de 11,5 mm, le plus petit des hippocampes est l’une des 16 000 nouvelles espèces décrites chaque année. Faute d’indicateur, difficile de savoir si ce nombre croît ou baisse. RÉPERTORIER LES ESPÈCES Alors comment sauver cette biodiversité ? Tout d’abord en la connaissant mieux. Car si 1,8 million d’espèces animales et végétales ont déjà été décrites, des micro-organismes aux plus grands mammifères, il resterait encore de 10 à 100 millions d’espèces à découvrir ! Cette entreprise de description aussi colossale qu’ardue Le journal du CNRS n°240-241 janvier-février 2010 ➥ © Museum Victoria MATERPISCIS ATTENBOROUGHI AUSTRALIE ET COFFEA ➥ CHARRIERIANA CAMEROUN. Un fossile vieux de 380 millions d’années, portant encore son embryon. Et un café du Cameroun... naturellement sans caféine. ➥ © aidaricci/Fotolia.com Sur la liste des points chauds, la région du Cerrado abriterait 160 000 espèces animales et végétales. ©L. Dematteis/REDUX-REA PHOBAETICUS CHANI BORNÉO, MALAISIE. ➥ 56,7 cm : ce phasme est l’insecte le plus long du monde. « Parfois jugée dépassée à la fin du XX e siècle, la description de la biodiversité connaît aujourd’hui un regain », note le taxinomiste Philippe Bouchet. est aujourd’hui relancée avec les techniques de séquençage d’ADN massif et de biologie moléculaire, et les missions d’exploration qui se multiplient sur la planète comme Tara dont le CNRS est partenaire 5. Outre cet inventaire mondial, il s’agit aussi de comprendre les menaces à l’échelle locale. Et pour y arriver, de nombreuses disciplines sont convoquées. Prenons le cas des Grands Causses, au sud du Massif Central, où la forêt progresse depuis plusieurs décennies, au détriment des espaces ouverts et de la biodiversité globale. « Longtemps, ce phénomène a été attribué à des changements dans les pratiques d’élevage, car la baisse du nombre de troupeaux OPISTHOSTOMA VERMICULUM ➥ MALAISIE. Cet escargot ne sera pas éteint avant d’être décrit, contrairement à d’autres organismes... Entre sa récolte et son étude, une espèce « attend » souvent de deux à quinze ans, dans un muséum. © F. Anthony/IRD © R. Clements élevés de manière itinérante, depuis les années 1960, a coïncidé avec une extension spectaculaire de la surface boisée, résume John Thompson, écologue au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive à Montpellier. Mais une coopération avec des géographes nous a permis de montrer que c’est plutôt l’abandon du système de culture traditionnelle, à la fin du XIX e siècle, qui explique l’avancée de la forêt, près de cinquante ans plus tard. » LE TEMPS DE L’ACTION Les scientifiques qui s’appliquent à livrer des données précises et validées sur la biodiversité et les menaces, souhaiteraient des moyens aussi importants que ceux alloués à la compréhension du réchauffement climatique. Car les indicateurs manquent. Pour l’heure, Thierry Tatoni ne veut pourtant pas trop noircir le tableau. « En dehors des systèmes insulaires, nous ne sommes pas encore dans une phase de grande régression. Sur le pourtour méditerranéen, très peu d’espèces végétales ont disparu… mais beaucoup sont rares, réduites, fragilisées. » Bref : « Il est encore temps d’agir. » Des initiatives locales ont déjà été prises pour la biodiversité. Comme la législation qui |