CNRS Le Journal n°239 décembre 2009
CNRS Le Journal n°239 décembre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°239 de décembre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,7 Mo

  • Dans ce numéro : Climat, les enjeux de Copenhague

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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38 GUIDE Livres 3 questions à… Jean-Gabriel Ganascia Voir et pouvoir : qui nous surveille ? Éd. Le Pommier, coll. « Les essais du pommier », octobre 2009, 264 p. – 20 € Professeur à l’université Paris-VI, Jean-Gabriel Ganascia est membre du Laboratoire d’informatique de Paris-VI (Unité CNRS/Université Paris-VI). « Quelque chose d’inédit se passe sous nos yeux : l’apparition d’un quatrième pouvoir, celui de la « sousveillance » – après l’exécutif, le législatif et le judiciaire. » Qu’entendez-vous par ce terme ? Ma double formation de spécialiste de l’intelligence artificielle et de philosophe m’a poussé à réfléchir aux transformations considérables de nos sociétés dues au développement des technologies de l’information. Les dispositifs matériels permettent, aujourd’hui, en effet, à tout le monde d’enregistrer des images et des sons et de les diffuser à la planète entière. Il en résulte une sousveillance où le regard ne vient plus seulement d’en haut, de ceux qui ont le pouvoir (qui surveillent) mais d’en Le journal du CNRS n°239 décembre 2009 bas (des surveillés). Ce qui donne « au bas » un nouveau et véritable pouvoir car, désormais, le haut est perçu et analysé comme n’importe qui, en miroir : tout le monde communique avec tout le monde et tout le monde voit tout le monde ! J’ai voulu analyser la structure politique de ce nouveau monde, cette infosphère où chacun se trouve à équidistance de l’autre dans une apparente égalité pour tous. Atlas de New York Renaud Le Goix, cartographie Cyrille Suss, éd. Autrement, coll. « Atlas Mégapoles », septembre 2009, 80 p. – 20 € Atlas de Shanghai Thierry Sanjuan, cartographie Madeleine Benoit-Guyod, éd. Autrement, coll. « Atlas Mégapoles », septembre 2009, 80 p. – 20 € Aux éditions Autrement dans la collection consacrée aux atlas des mégapoles, deux ouvrages présentent deux villes comme illustrations des différents points centraux de la globalisation actuelle. New York, première mégapole du monde dans les années 1950, qui tend à perdre le monopole de la modernité face à Tokyo ou Mexico mais reste à la croisée des réseaux économiques et culturels ; et Shanghai, archétype de la ville asiatique, qui, à la fois moderne et lourde de ses traditions et contradictions, est un modèle de globalisation sous contrainte. Une vraie démocratie alors ? Non, car du fait de cette sousveillance construite sur le regard, apparaissent toutes sortes de stratégies de monopolisation de l’attention. On parle d’ailleurs aujourd’hui d’économie de l’attention, illustrée par exemple par les techniques dites de référencement abusif (ou spamdexing) qui biaisent les résultats d’une requête sur un moteur de recherche en faveur d’un individu ou d’un groupe. Tandis que dans la logique ancienne « voir donnait le pouvoir », maintenant, c’est « être vu » qui confère cette puissance. Et, comme nous nous trouvons tous à égale distance les uns des autres, nous avons l’impression qu’il existe moins d’iniquité. Or, dans le but de se renforcer, de nouveaux pouvoirs instrumentalisent les nouvelles techniques (le récent site www.nosdeputes.fr, qui pointe l’activité de tous les députés, un à un) d’où l’émergence de nouvelles formes politiques qui transforment le principe représentatif sur lequel se fonde la démocratie. Par exemple, la notion de « Government 2.0 » promue par le Président Obama depuis son élection 1. Le péril orwellien est-il derrière nous ? Pas si simple ! Ignorant le pouvoir de sousveillance dont ils participent, beaucoup de gens s’inquiètent uniquement de la surveillance et voient donc les dangers des technologies sous l’angle d’Orwell. Or, on constate un fait nouveau : la coexistence conflictuelle des deux logiques de sousveillance et de surveillance, ce qui fait craindre, en dépit du principe d’égalité revendiqué par la sousveillance, un monde à venir plus injuste et plus inégalitaire que n’est l’actuel du fait des oubliés du système. C’est pourquoi existe aujourd’hui une éthique de l’infosphère. Nous savons, de surcroît, que l’humain, pour se construire, a besoin de se retirer, d’échapper à l’exigence de transparence totale continue. Je dirais que, aujourd’hui, il nous faut trouver la place de ce que nie en permanence la logique de notre société de communication : la part du secret. Propos recueillis par A.L. 1. Celle-ci consiste à utiliser Internet et les nouvelles technologies pour, entre autres, donner plus de transparence à l’action gouvernementale et faciliter le débat avec la population. Darwin en tête ! L’évolution et les sciences cognitives Jean-Baptiste Van der Henst et Hugo Mercier, éd. Presses universitaires de Grenoble, coll. « Sciences cognitives », septembre 2009, 372 p. – 28 € Comment l’esprit a-t-il évolué ? Quelles fonctions biologiques remplissent les mécanismes psychologiques ? Pourquoi certaines de nos pensées se diffusentelles plus facilement que d’autres ? Ces questions sont envisagées aujourd’hui sous l’angle de la théorie darwinienne, ce qui est nouveau. Dirigée par deux chercheurs en sciences cognitives, cette première synthèse interdisciplinaire sur l’évolution de l’esprit met en évidence (grâce, entre autre, à divers scénarios sur la façon dont les mécanismes mentaux ont pu émerger) l’apport de cette théorie dans des domaines jusqu’ici restés hors de son point de vue : apparition de la moralité, relations sociales, maladies mentales et évolution culturelles. Un ouvrage ambitieux.
Yves Coppens raconte nos ancêtres L’histoire des singes Yves Coppens, illustration Sacha Gepner, textes recueillis par Soizic Moreau, éd. Odile Jacob, octobre 2009, 64 p. – 21,90 € Les gorilles comptent moins de 1000 individus, les chimpanzés ne sont plus que 150000, les bonobos environ 15000, les orangs-outans et les gibbons probablement moins de 100000. Destruction des forêts, maladies et épidémies, chasseurs, braconniers, ventes bizarres à des zoos ou des particuliers excentriques : l’espèce humaine se multiplie, les grands singes disparaissent. Certes, les associations et les parcs nationaux tentent de les sauvegarder. Mais comme le dit un proverbe chinois : « Quand il n’y a plus d’arbres, il n’y a plus de singes ». Un message éloquent d’Yves Coppens. La recherche et l’innovation en France Futuris 2009 Jacques Lesourne et Denis Randet (dir.), éd. Odile Jacob, octobre 2009, 448 p. – 27 € Proposé par Jacques Lesourne, prospectiviste renommé, et Denis Randet, délégué général de l’Association nationale de la recherche et de la technologie, ce Futuris 2009 dresse, chronologie des principaux évènements de l’année à l’appui, le bilan des forces et faiblesses de la France dans son environnement européen et international depuis les réformes de 2005. Grâce à l'analyse des grands sujets d’actualité (formes de conduites de l’innovation dans les entreprises, évolution des relations entre universités et organismes...), il pointe aussi les défis des prochaines années dans l’espace européen de la recherche et les moyens à mettre impérativement en œuvre. Faire ses courses Martyne Perrot, éd. Stock, coll. « Un ordre d’idées », octobre 2009, 192 p. – 17 € Ethnosociologue qui avoue avoir « développé au fil des années un certain goût pour les petits objets de recherche », Martyne Perrot propose ici une réflexion optimiste sur « la pire des tâches ménagères : les courses » (l’approvisionnement alimentaire). Utilisant la méthode boule de neige (amis, voisins, amis d’amis, etc.), elle a enregistré des récits de courses dans la capitale et dans certaines de ses banlieues à forte implantation de grandes surfaces. D’où il ressort que dans ces non-lieux humanisés sans relâche par l’invention d’ambiances et d’atmosphères censées évoquer le convivial marché provençal ou la boutique du coin (la crise n’a fait que rendre plus impératives ces directives de marketing), la ménagère parvient à projeter de nouveaux désirs grâce auxquels elle échappe, devant la multiplicité et la spécialisation des rayons qui conduit à des achats segmentés, à la fragmentation de sa personne. Villes rêvées, villes durables ? Éric Charmes et Taoufik Souami, éd. Gallimard, hors-série « Découvertes », octobre 2009 – 13,50 € La Bible de Jérusalem 20 siècles d’art sous la direction scientifique de Jean-François Colosimo, éd. du Cerf/RMN, octobre 2009, 3 volumes sous coffret, 400 ill. quadri, 3104 p. – prix de lancement : 295 € jusqu’au 31 mars, puis 350 € GUIDE 39 S’appuyant sur des enquêtes menées par le Crédoc et TNS Sofres, ce livre donne la parole aux citadins et à leurs rêves en confrontant ceux-ci à la réalité urbaine dans ses aspects les plus séduisants comme les plus cauchemardesques. Les Français veulent majoritairement habiter « en ville dans une maison individuelle et près de la nature », ce qui accroît la dépendance au véhicule, le temps dans les embouteillages et la « dévoration de territoires » incompatible avec le développement durable : dilemme ! Un rapport illustré sur le diktat du principe de réalité. Guerre des sexes : stop ! Janine Mossuz-Lavau, éd. Flammarion, coll. « Le Café Voltaire », octobre 2009, 128 p. – 12 € S’appuyant sur les plus récentes enquêtes, Janine Mossuz-Lavau livre ici un essai plein de bon sens en démontrant comment, et pourquoi, la longue marche de nos sociétés vers l’indifférenciation des genres « apportera au final la paix pour les sexes » –à condition que l’on revisite (ce que fait l’auteur) trois idées reçues préjudiciables : la ressemblance tuerait le désir, les femmes auraient désormais tout le pouvoir, et femmes et hommes seraient radicalement différents. Après quoi l’on pourrait conjuguer enfin au lieu d’opposer sans cesse car « il n’y a pas deux sexes mais une multiplicité de configurations génétiques, hormonales, chromosomiques, génitales, sexuelles et sensuelles ». Publication dès aujourd’hui de référence : le texte de la Bible, illustré par 400 œuvres d’art de la peinture occidentale, témoins majeurs de l’histoire biblique, commentées par les meilleurs spécialistes de l’iconographie religieuse. L’idée : « Donner à lire, comment, sur 2000 ans, peintres et artistes ont lu la Bible et relire, du coup, en regard, le texte biblique avec leurs yeux », comme le précise Jean-François Colosimo. Un ouvrage réalisé à partir des meilleures collections de la Réunion des musées nationaux et l’éminente traduction en langue française de l’École biblique de Jérusalem, ainsi qu’avec l’apport d’historiens de l’art comme Grégoire Aslanoff pour les périodes antiques et médiévales et Isabelle Saint-Martin pour les périodes modernes et contemporaines. Le journal du CNRS n°239 décembre 2009



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