CNRS Le Journal n°239 décembre 2009
CNRS Le Journal n°239 décembre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°239 de décembre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,7 Mo

  • Dans ce numéro : Climat, les enjeux de Copenhague

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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36 ©L. Velasquez HORIZON Ils ont choisi la France et le CNRS BIOLOGIE Le 1 er octobre, vous avez pris la direction de l’IGBMC. Pourquoi ce retour en France après 7 ans de recherche outre-Atlantique ? Olivier Pourquié : À Kansas City, à l’Institut Stowers et au prestigieux Howard Hughes Medical Institute, j’ai toujours dit que j’étais susceptible de revenir en France. Ce pays a de nombreux atouts, comme la formation. Or trouver de très bons étudiants est le nerf de la guerre dans la recherche. Plus largement, l’IGBMC est en bonne position pour recruter les meilleurs : en 2 ans, 9 équipes l’ont rejoint ou vont le rejoindre. Nous avons semé des graines pour l’avenir. Enfin, je suis aussi revenu pour des raisons personnelles. Et la culture, pour laquelle les Français sont prêts à des sacrifices. Vous n’êtes pas revenu seul… O.P. : Onze chercheurs, pour la plupart biologistes, arrivent avec moi des États-Unis. Parmi eux, des Français, 3 Américains, 1 Taïwanais, 1 Japonais, 1 Allemand, 1 Portugais… J’imagine qu’ils se plaisaient dans l’équipe, souhaitaient terminer leurs projets avec moi et que l’Institut correspond à une destination suffisamment attractive pour motiver leur déménagement. Le journal du CNRS n°239 décembre 2009 « La France a de nombreux atouts, comme la formation. » Un retour prometteur Après 7 ans de recherche aux États-Unis, le biologiste Olivier Pourquié revient en France à la tête de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) 1. Avec, dans ses bagages, 11 chercheurs de son équipe américaine. Ils rejoignent donc les quelques 600 personnes qui travaillent à l’IGBMC, 15 ans après sa fondation par Pierre Chambon. Dans quels domaines de la biologie ? O.P. : Ici, les recherches s’étendent de la structure des protéines –à l’interface de la physique et de la chimie– à la génétique humaine et aux maladies humaines, en passant entre autres par la régulation de l’expression des gènes. Un panel d’activités peu fréquent parmi les instituts de recherche biomédicale. Et la Clinique de la souris, attachée à l’IGBMC, étudie des souris mutées pour mieux comprendre les pathologies humaines. BRÈVE Quels sont vos projets pour l’institut ? O.P. : Je souhaite renforcer les thématiques existantes et développer l’étude des cellules souches et du développement embryonnaire. Par exemple, un de nos axes de recherche, financé par l’Association française contre les myopathies, est centré sur l’utilisation des cellules souches embryonnaires et leur différenciation en cellules musculaires. L’objectif général est de maintenir l’IGBMC dans le top des institutions de recherche en Europe. Les États-Unis, où la recherche est plus pragmatique et les moyens plus conséquents, sont en avance sur les technologies de pointe. Nous devons développer notre expertise dans des techniques d’avenir comme le séquençage haut débit de l’ADN, l’imagerie, la protéomique 2 ou l’informatique. Nous montons aussi une cellule de communication pour rendre nos recherches plus visibles. Quelle stratégie pour vos échanges avec l’extérieur ? O.P. : Près de Strasbourg, nous sommes plus proches des gros centres de recherche en biologie de Bâle, Heidelberg et Freibourg… que de Paris. Développer davantage, en parallèle des échanges en France, cette interaction avec l’Allemagne et la Suisse est naturelle, surtout dans le contexte européen. Je maintiens par ailleurs un très bon contact avec mes anciens collègues des États-Unis. Vous poursuivez également vos travaux de recherche sur le développement de l’embryon. En 2004, Nature les a d’ailleurs classés parmi les 24 découvertes majeures des 100 dernières années en biologie du développement… O.P. : Au CNRS (où j’ai fait toute ma carrière avant de partir aux États-Unis), nous avons effectivement découvert dans l’embryon qu’une horloge moléculaire contrôle la production rythmique des précurseurs des vertèbres, débouchant sur la répétition de structures similaires le long de la colonne vertébrale. Un dysfonctionnement de ce mécanisme conduit à des maladies comme les scolioses. Propos recueillis par Mathieu Hautemulle 1. Unité CNRS/Inserm/Université de Strasbourg. 2. Étude du protéome, l’ensemble des protéines présentes dans une cellule. CONTACT ➔ Olivier Pourquié, Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, Illkirch olivier.pourquie@igbmc.fr Naissance du premier LEA avec la Grèce Baptisé SmartMEMS, le nouveau Laboratoire européen associé a été créé entre le CNRS, la Fondation grecque pour la recherche et la technologie (FORTH) à Heraklion et l’Institut national roumain pour la recherche et le développement en microtechnologies à Bucarest. Il associe pour 4 ans une quarantaine de chercheurs du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (Laas) du CNRS, du Groupe de recherche en microélectronique de l’Institut de la structure électronique et du laser (IESL en Grèce) et du Laboratoire de structures micro-usinées, circuits et dispositifs micro-ondes (RF MEMS en Roumanie). Son objectif : progresser dans la connaissance des matériaux et de leurs propriétés électromagnétiques et exploiter ces propriétés pour le développement de composants nouveaux pour les communications et l’instrumentation.
Mis en place en janvier 2008 par le CNRS et l’Institut Weizmann, le Laboratoire européen associé Nanobioscience, LEA Nabi, est l’heureuse conjonction de facteurs scientifiques et humains. D’un côté, un besoin partagé d’avancer sur ce nouveau champ d’exploration que sont les nanobiosciences, le pan des nanosciences tourné vers la biologie. De l’autre, une complicité de longue date développée entre chercheurs français et israéliens. La faute à Joseph Zyss. Coresponsable technique et scientifique du LEA avec son homologue israélien Ron Naaman, il est l’homme par qui tout a commencé. « En 1990, explique-t-il, j’ai lancé une série de congrès franco-israéliens en optique physique, Frisno, qui continue encore aujourd’hui. Ces congrès ont été en grande partie la matrice de la gestation du LEA. Cela a permis à nos pays de mieux se connaître et s’apprécier, dans le domaine de la photonique et bien au-delà. » De fait, il n’a pas fallu argumenter longtemps pour que les deux institutions concluent un accord de principe en 2007 débouchant sur un premier programme commun de recherche de 4 ans, renouvelable. Il concerne une douzaine de projets relevant tous de la nanobioscience avec une composante de photonique. Où il s’agit par exemple de travailler à la conception et à la réalisation de biopuces pour l’analyse biologique, ou encore à la mise au point de systèmes de contrôle de la différenciation cellulaire potentiellement utiles pour la recherche contre le cancer. Si le LEA Nabi a fait l’objet d’une inauguration officielle en mars dernier sur le site de l’Institut Weizmann, à Rehovot, au sud de Tel-Aviv, il est localisé aussi en France sur trois sites. À l’Institut d’Alembert 1, tête de pont française dirigée par Joseph Zyss, en région parisienne. Au Laboratoire de physique statistique de l’ENS 2 à Paris, au Laboratoire de chimie (Pasteur) 3 toujours à l’ENS et à l’Institut Fresnel 4 à Marseille. Un éclatement géographique qui ne nuit en rien à la cohésion des équipes : « Nous accueillons des chercheurs israéliens pour plusieurs mois et inversement, précise Joseph Zyss. Les projets sur lesquels nous travaillons rythment le quotidien des différentes équipes. » Quarante personnes au total, provenant à parts égales des deux partenaires, travaillent pour le LEA. Les postdoctorants constituent le bras armé du programme. « On note d’ailleurs un flux croissant et spontané de demandes d’adhésion au LEA », souligne Joseph Zyss qui avoue être souvent sollicité par des étudiants désireux d’intégrer un laboratoire d’ores et déjà réputé. Laboratoire européen associé HORIZON 37 NANOBIOSCIENCES Une grande union pour l’infiniment petit Depuis près de deux ans, le CNRS et l’Institut Weizmann, le prestigieux organisme de recherche israélien, explorent de concert un domaine en pleine expansion : les nanobiosciences, à l’interface des nanosciences et de la biologie. L’accélérateur de particules de l’Institut Weizmann. © N. Singer Car c’est bien de prestige dont il s’agit ici, tant au niveau individuel qu’institutionnel. Francesca Grassia, qui a accompagné la naissance du LEA à la direction des affaires européennes du CNRS, rappelle combien « ce partenariat est important ; l’Institut Weizmannest un des organismes de recherche les plus performants dans le monde, tant en terme de résultats scientifiques que de valorisation ». Tandis que le CNRS, lui, est perçu à Rehovot comme un partenaire européen de choix. Quant au LEA Nabi, sa pérennité repose sur trois espoirs majeurs. Le premier est d’obtenir des résultats permettant de mieux promouvoir les nanobiosciences et leurs applications. Le deuxième est que les avancées du laboratoire aboutissent à une exploitation industrielle. « Et pour ça, l’institut Weizmannet le CNRS ont toute l’expertise nécessaire », remarque Francesca Grassia. Et le troisième espoir est que le LEA Nabi existe de lui-même, dans ses propres murs. Il deviendrait alors la première unité mixte internationale en Israël. Un aboutissement pour Joseph Zyss, Ron Naaman, leur équipe et les deux organismes. Stéphan Julienne L’INSTITUT WEIZMANN Créé en 1934 sous le nom Institut de recherches Daniel Sieff, puis baptisé en 1949 sous le nom qu’on lui connaît aujourd’hui, l’Institut Weizmanns’est déjà distingué à plusieurs reprises. C’est dans ses murs que le système de cryptologie RSA –utilisé pour les cartes bancaires françaises, le commerce électronique sur Internet, etc.– a été mis au point. Et tout récemment, l’une de ses 2600 membres, Ada Yonath, s’est vu attribuer le prix Nobel de Chimie 2009. La participation de l’institut au LEA Nabi permet à Israël de renforcer sa position dans l’espace européen de la recherche. Avec un précédent : la fondation Pasteur-Weizmannréunit depuis 35ans les chercheurs des deux instituts. 1. Institut CNRS/ENS Cachan. 2. Laboratoire CNRS/ENS Paris/Universités Paris-VI et -VII. 3. Laboratoire CNRS/ENS Paris/Université Paris-VI. 4. Institut CNRS/Universités Aix Marseille-I et -III/Centrale Marseille. CONTACTS ➔ Joseph Zyss Institut d’Alembert, Paris joseph.zyss@lpqm.ens-cachan.fr ➔ Francesca Grassia Direction des affaires européennes francesca.grassia@cnrs-dir.fr Le journal du CNRS n°239 décembre 2009



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