CNRS Le Journal n°239 décembre 2009
CNRS Le Journal n°239 décembre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°239 de décembre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,7 Mo

  • Dans ce numéro : Climat, les enjeux de Copenhague

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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34 INSITU © N.Tiget/CNRS Photothèque INAUGURATION Au plus près de la matière Le 12 octobre a été inauguré au Centre européen de résonance magnétique nucléaire 1, à Lyon, le plus puissant spectromètre de RMN du monde. Gilberte Chambaud, directrice scientifique au CNRS (Institut de chimie), nous parle de cet instrument et de la politique ambitieuse dans laquelle il s’inscrit. Pouvez-vous nous en dire plus sur la machine inaugurée en octobre à Lyon ? Gilberte Chambaud : Il s’agit d’un spectromètre de résonance magnétique nucléaire (RMN) (Lire l’encadré, p. 35.) d’une puissance inégalée. Avec ses 5,20 mètres de hauteur et ses 12 tonnes, l’appareil impressionne et va nous permettre d’aller plus loin dans l’analyse de la structure de molécules intéressantes pour la médecine, la biologie ou encore les sciences des matériaux. En effet, son aimant est capable de générer un champ magnétique de 23,5 teslas 2. Par comparaison, le champ magnétique de la Terre n’est que d’une cinquantaine de microteslas. Ce champ magnétique de 23,5 teslas permet d’atteindre pour les atomes d’hydrogène une fréquence de résonance de 1 gigahertz (1 000 MHz) alors que jusque-là, les spectromètres les plus puissants au monde n’allaient pas au-delà de 950 MHz ! Depuis 30 ans, les améliorations successives des techniques de RMN ont à chaque fois conduit à de nouvelles découvertes et ce nouveau bond technologique était très attendu par les équipes de recherche. Quels types de recherches va permettre ce spectromètre ? G.C. : Les équipes qui y ont accès travaillent sur une multitude de problèmes fondamentaux. Par exemple, la spectroscopie RMN permet de détecter les possibles altérations dans la structure des molécules survenant lors de cancer, et ainsi de mieux diagnostiquer ces pathologies. L’étude de l’architecture et de la dynamique des protéines est aussi à l’honneur. Il peut s’agir d’une étape importante dans le développement de nouvelles molécules d’intérêt thérapeutique. Il est aussi possible d’améliorer les polymères ou encore d’analyser la structure de matériaux tels que le bois, le verre ou le béton. Pas moins de 70% des projets relèvent de la chimie et des sciences de la vie. Cette machine entre dans le réseau « RMN à très hauts champs magnétiques » (TGIR-RMN). Qu’est-ce donc ? G.C. : Il s’agit d’une très grande infrastructure de recherche – unique au monde, elle aussi – qui Le journal du CNRS n°239 décembre 2009 © Photos : E.Le Roux/Service Communication/UCBL comprend 6 sites répartis dans toute la France, combinant chacun une expertise et des spectromètres RMN spécifiques. Ce réseau s’appuie sur des équipes – 45 chercheurs et ingénieurs dont 35 agents CNRS, 7 personnels universitaires et 3 agents du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) – reconnues au niveau international, tant en RMN du solide inorganique ou bio-organique qu’en RMN du liquide. Il propose l’accès aux spectromètres à très hauts champs français avec une expertise et un support scientifique reconnus. Les scientifiques du réseau ont ainsi pour mission d’accueillir et encadrer des chercheurs, français ou étrangers, qui mènent des études nécessitant le recours à nos spectromètres RMN mais qui ne peuvent pas se doter des appareils les plus performants… et donc les plus coûteux. L’acquisition du spectromètre RMN à 1 GHz va encore renforcer la notoriété mondiale du réseau. Combien a coûté ce nouvel appareil ? G.C. : Pas moins de 11 millions d’euros à l’achat, provenant du CNRS, de la Région Rhône-Alpes, de la communauté urbaine de Lyon et de l’université Lyon-I. À ce propos, je voudrais souligner que le fonctionnement et l’entretien de l’ensemble des spectromètres des 6 centres du réseau demandent un budget annuel élevé, de l’ordre de 1 million d’euros majoritairement pris en charge par le CNRS. Y aura-t-il bientôt un appareil plus puissant que celui inauguré en octobre ? G.C. : On peut déjà songer à l’arrivée d’une machine de 1 200 MHz à l’horizon 2015. Cependant il reste encore à développer la technologie pour fabriquer un tel appareil qui nécessite des aimants d’une nouvelle génération. C’est donc encore du domaine du rêve ! Propos recueillis par Kheira Bettayeb 1. Unité CNRS/École normale supérieure de Lyon/Université Lyon-I. 2. Le tesla est une unité qui permet de caractériser la force d’un champ magnétique.
UN RÉSEAU UNIQUE AU MONDE GIF-SUR-YVETTE Institut de chimie des substances naturelles Deux spectromètres RMN de 800 et 950MHz. ORLÉANS Laboratoire « Conditions extrêmes et matériaux : haute température et irradiation » Un spectromètre de 750MHz. BORDEAUX Laboratoire « Chimie et biologie des membranes et des nanoobjets » et Institut européen de chimie et biologie Un appareil de 800MHz. QUAND LA MATIÈRE RÉSONNE Découverte il y a une soixantaine d’années, la résonance magnétique nucléaire permet d’analyser avec précision la composition et la structure d’un échantillon de matière à l’échelle des atomes. Elle consiste à détecter les variations de l’aimantation interne (le spin) de certains noyaux atomiques –comme celui de l’hydrogène– soumis à un puissant champ magnétique. Concrètement, le noyau des atomes que l’on veut étudier absorbe le rayonnement électromagnétique à une fréquence donnée –la fréquence de résonance– ce qui modifie son aimantation interne. Lorsque le champ magnétique est coupé, celle-ci revient à la normale. C’est lors de cette relaxation qu’une onde électromagnétique caractéristique est émise puis mesurée et décomposée par le spectromètre. Plus le champ magnétique est élevé, plus la fréquence de résonance est importante. Et plus le spectre obtenu sera détaillé. Comme la variation d’aimantation interne d’un noyau dépend de son environnement immédiat, la technique permet d’analyser finement la structure de la matière. F.D. CONTACT ➔ Gilberte Chambaud Institut de chimie du CNRS gilberte.chambaud@cnrs-dir.fr LILLE L’Unité de glycobiologie structurale et fonctionnelle et l’Unité de catalyse et chimie du solide Un appareil de 900MHz et un de 800MHz LYON Centre européen RMN à très hauts champs de Lyon Un spectromètre d’1GHz. GRENOBLE Institut de biologie structurale Un spectromètre de 800MHz. Le nouveau spectromètre de Lyon permettra par exemple d’étudier des altérations de molécules impliquées dans les cancers, ou encore de mieux connaître la structure de certains matériaux. BRÈVES Le franc succès de la carte d’achat Lancée il y a un an, la « carte d’achat » du CNRS est une carte de paiement qui permet aux laboratoires d’effectuer des achats de moins de 2000 euros, avec un plafond annuel fixé par le directeur d’unité. Le bilan ? Aujourd’hui, toutes les délégations régionales sont équipées de ce moyen de paiement, avec au total plus de 600 laboratoires utilisateurs, plus de 1000 cartes en circulation et une moyenne de 2000 transactions par mois ! Un franc succès pour cette innovation qui s’inscrit dans le cadre des engagements du contrat de service du CNRS pour la simplification des achats. Nominée aux Victoires de la Modernisation de l’Etat en juillet 2009, la « carte d’achat » a permis au CNRS de généraliser les achats sur Internet. Le top des transactions ? L’inscription en ligne aux colloques, les logiciels immédiatement téléchargeables et les fournitures pour lesquelles les délais de commande et de livraison se trouvent considérablement raccourcis. Côté porteurs, la « carte d’achat », nominative, vient efficacement compléter la gamme des moyens de paiement déjà existants, comme par exemple la « carte affaires » utilisée pendant les missions. Côté gestion, la transparence et la simplification sont de mise car, chaque mois, le laboratoire reçoit son relevé d’opérations. La prochaine étape ? La création d’un portail d’achats internet dédié aux achats récurrents des laboratoires. > www.sg.cnrs.fr/bpc/pratique/carte_achat/carte_achat.htm L’innovation à l’honneur avec le Technion Le 8 décembre prochain au Collège de France, à Paris, se déroulera l’évènement annuel de l’association Technion France. Ce colloque, auquel s’associe le CNRS, a pour objectif de sensibiliser les scientifiques à la valorisation de leurs recherches en s’appuyant sur le modèle du Technion, l’Institut israélien de technologie, dont la réputation dans ce domaine n’est plus à faire. Cette journée s’articulera autour de tables rondes auxquelles participeront le directeur général du CNRS, Arnold Migus, et plusieurs chercheurs reconnus de l’organisme. Le colloque sera aussi l’occasion pour le président du Technion, le professeur Peretz Lavie, de remettre le diplôme de docteur Honoris Causa du Technion à Jean-Marie Lehn, professeur au Collège de France, membre de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (Isis) 1 et Prix Nobel de Chimie en 1987. 1. Laboratoire CNRS/Université de Strasbourg. > Pour en savoir plus : www.technionfrance.org INSITU Le journal du CNRS n°239 décembre 2009 35



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