12 VIEDESLABOS Actualités MÉDECINE Une arme naturelle contre la tuberculose Chaque année, la tuberculose tue plus de 1,5 million de personnes, ce qui en fait l’une des grandes causes de mortalité dans le monde. Paradoxalement, notre organisme n’est pas démuni face au bacille de Koch, responsable de cette maladie. Parmi les 2 milliards d’êtres humains ayant été infectés par celui-ci à un moment de leur vie, seuls entre 5 et 10% ont développé la maladie. Voilà pourquoi une équipe internationale menée par des chercheurs de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS) 1 de Toulouse s’est intéressée au fonctionnement de nos défenses immunitaires lors de leur rencontre avec le bacille. Grâce à ces travaux, publiés dans The Journal of Experimental Medicine le 28 septembre dernier, on en sait un peu plus sur les mécanismes qui permettent à notre organisme de reconnaître et combattre la bactérie. « Nous avons montré que les cellules immunitaires que l’on trouve dans le poumon présentent un récepteur, appelé DC-SIGN, capable de reconnaître un sucre de la paroi de la bactérie de la tuberculose », explique Olivier Neyrolles, chercheur CNRS à l’IPBS. Les scientifiques ont donc créé une lignée de souris dépourvues du récepteur DC-SIGN. Résultat : face à une infection, leur réaction immunitaire s’est effectivement révélée très perturbée et inefficace. À noter que DC-SIGN fait aussi partie de l’arsenal immunitaire des humains. À l’inverse, les chercheurs ont montré, toujours chez la souris, que lorsque ce récepteur reconnaît la bactérie, il provoque une puissante réaction immunitaire qui débouche sur la production de cytokines, protéines BRÈVE Le journal du CNRS n°239 décembre 2009 clefs dans la lutte contre les infections. « Les cytokines déclenchent une réaction inflammatoire dans les poumons. Elles facilitent aussi l’arrivée des lymphocytes vers les poumons et activent les macrophages 2. » Le corps réagit, et dans plus de 90% des cas, réussit à enrayer l’invasion du bacille de la tuberculose. Les applications potentielles de ces résultats sont prometteuses. « On pourrait regarder quelles personnes expriment peu DC-SIGN afin de voir si elles sont plus susceptibles de tomber malades. On pourrait aussi stimuler la production du récepteur, ou encore, l’activer artificiellement afin de déclencher une réaction immunitaire plus efficace. Tout ceci, bien sûr, ce sont des recherches à long terme », tempère Olivier Neyrolles. Néanmoins, à l’heure où les souches de la tuberculose résistantes à tous les antibiotiques sont en expansion dans le monde, il est urgent de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques qui, comme celles-ci, permettent au corps de mieux se défendre lui-même. Sebastián Escalón 1. Unité CNRS/Université Toulouse-III. 2. Lymphocytes et macrophages sont deux types de cellule du système immunitaire. CONTACT ➔ Olivier Neyrolles Institut de pharmacologie et de biologie structurale, Toulouse olivier.neyrolles@ipbs.fr Cure d’eau pour les étoiles de mer Coupe d’un poumon de souris. Les parois des cellules immunitaires (en jaune) présentent un récepteur qui leur permet de reconnaître efficacement le bacille de la tuberculose et de donner l’alerte. À marée basse, les étoiles de mer Pisaster ochraceus, qui vivent sur les bords du Pacifique en Amérique du Nord, subissent les assauts du soleil. Comment résistent-elles à la chaleur ? En accroissant de manière significative le volume de leurs fluides corporels, révèlent aujourd’hui Sylvain Pincebourde, de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (CNRS/Université de Tours), et ses collègues des universités de Caroline-du-Sud et de Californie. Si l’animal est soumis à une forte température à l’air libre, une fois sous l’eau il se gave d’eau fraîche en prévision de la prochaine marée basse. Chez l’être humain, cela équivaudrait à boire 7 litres d’eau. Mais alors que les océans se réchauffent, cette stratégie de thermorégulation, unique dans le règne animal, pourrait bien perdre de son efficacité. ©L. Tailleux/Institut Pasteur MEGAPOLI Un air de grandes Début janvier, les scientifiques de la mission Megapoli 1 vont observer de près l’air parisien, et plus particulièrement certaines molécules que l’on y trouve : les aérosols organiques. Ces derniers sont une des pièces manquantes pour comprendre la pollution des grandes villes. Bien que l’on comprenne de mieux en mieux la pollution des grandes villes, certaines micropoussières qui y sont émises restent aujourd’hui mal connues », explique Matthias Beekmann, du Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques (Lisa) 2. D’où l’intérêt de l’importante campagne de mesures qu’il coordonne avec le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) 3, et qui va se dérouler du 7 janvier au 15 février prochain en Îlede-France. Pour mieux comprendre l’impact des grands centres urbains sur la qualité de l’air, la mission Megapoli doit quantifier les rejets en aérosols organiques –ces microparticules solides ou liquides composées de milliers d’espèces chimiques dont certaines sont potentiellement toxiques– qui sont produits, directement ou indirectement, par l’activité des vastes agglomérations 4. « Les chercheurs ont besoin d’informations concernant la formation et les quantités de ces particules s’ils veulent pouvoir élaborer des modèles de la qualité de l’air plus précis ou, pourquoi pas, des plans de développement urbain prenant en compte la nuisance atmosphérique », précise Matthias Beekmann. Ce qui explique la nécessité d’une grande étude de terrain dédiée à ces aérosols organiques. Point culminant du programme européen © A. Butet/SAFIRE Outre des camions outillés d’instruments de mesure, un avion spécialement équipé pour la recherche permet de sillonner l’agglomération parisienne. © Albo/Fotolia.com |