30 10 ZOOM 10 Lorsque des coulées de lave s’échouent dans la mer, il ne finit par rester que les croûtes, qui forment une succession d’arches volcaniques. 11 Les scientifiques observent une coulée de lave très récente. Elle n’a que quelques mois et témoigne de l’activité volcanique permanente de l’archipel. 12 La paruline jaune est, avec les fameux pinsons de Darwin, une des espèces d'oiseaux non marins des Galápagos. 13 Les fous à pattes bleues sont une autre espèce emblématique des Galápagos. La couleur varie légèrement d’un individu à l’autre. 14 Darwin a rejeté à plusieurs reprises un iguane marin au large. À chaque fois, il revenait sur la côte. Darwin émit l’hypothèse que les iguanes marins étaient d’origine terrestre. 11 14 > autour du monde. Issu du milieu conservateur de la bourgeoisie victorienne et anglicane, Darwin est alors encore créationniste et fixiste : il est persuadé que les êtres vivants ont été créés par Dieu et qu’ils n’évoluent pas. Mais au fil de ses observations minutieuses de la faune et de la flore, il va commencer à avoir des doutes. En 1835, son séjour de cinq semaines aux îles Galápagos, à l’époque appelées les îles enchantées, ne fera que les renforcer. « On le comprend ! Les îles Galápagos constituent un véritable laboratoire évolutif, témoigne Sébastien Steyer. On sait aujourd’hui que tous les êtres vivants qui sont arrivés sur ces îles, notamment grâce à une convergence exceptionnelle de courants marins, se sont adaptés à l’île sur laquelle ils ont atterri. Les quinze îles principales ne sont pas connectées entre elles et toutes sont différentes. Du coup, on y croise un grand nombre de formes diverses au sein d’une même espèce. Prenons l’exemple du pinson endémique de l’archipel : on rencontre pratiquement autant de formes de bec qu’il y a d’îles. Darwin a forcément fait le lien entre cet oiseau, avec son type de bec donné, et le type de végétation disponible sur l’île où il vit. Cela a dû contribuer à renforcer ses soupçons sur le créationnisme. » L’équipe est bien sûr allée à la rencontre d’une autre espèce endémique des îles enchantées : l’iguane marin, ce lézard de couleur noire cendrée, au faciès couvert d’écailles et au corps surmonté d’une longue crête, que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde. À l’observer, les scientifiques 12 13 ont noté, comme Darwin auparavant, sa grande similitude avec son cousin l’iguane terrestre, que l’on rencontre sur certaines îles. « Comme lui, l’iguane marin se nourrit, en plus des algues, de Sesuvium, une plante terrestre qui pousse au bord de la lagune, explique le paléontologue. Il passe également beaucoup de temps sur terre, à se réchauffer sur les rochers noirs. » Autre espèce emblématique des Galápagos : les tortues géantes. Les chercheurs les ont observées en milieu protégé, au centre Charles Darwin de biologie de la conservation. Mais cette visite avait surtout pour but le rapprochement de ce centre très actif avec la Ferme aux crocodiles et le CNRS. Un rapprochement fructueux : le centre équatorien vient d’offrir à la Ferme huit jeunes tortues qui partagent aujourd’hui la vedette avec 350 spécimens de crocodiles. De retour, Sébastien Steyer a déjà plusieurs projets en tête : d’abord la publication de son carnet de voyage 4. Et puis, si possible, une nouvelle expédition en collaboration avec la Ferme aux crocodiles. Cette fois, pour suivre les traces de Bougainville… Ulysse Fudour 1. Laboratoire CNRS/MNHN/Université Paris-VI. 2. Avec l’association « SOS Crocodiles ». 3. Spécialiste des reptiles et des amphibiens. 4. Sébastien Steyer est également auteur de La Terre avant les dinosaures, illustrations Alain Bénéteau, Éditions Belin, coll. « Bibliothèque scientifique », 2009, 208 p. ➔ En ligne : Dossier Sagascience : « Darwin. Le voyage d’un naturaliste autour du monde » http:Ilwww.cnrs.fr/cw/dossiers/dosdarwin/darwin.html et www.cnrs.fr/darwin CONTACT ➔ Sébastien Steyer Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements, Paris steyer@mnhn.fr © Photos : Agence Marque Déposée |