20 © World Cancer Report 2008/WHO/International Agency for Research on Cancer/Peter Boyle and Bernard Levin/P.381,375,391 L’ENQUÊTE RÉPARTITION MONDIALE DE DIFFÉRENTS CANCERS (source : rapport 2008 IARC, chiffres de 2002) CANCER DU POUMON CHEZ LES FEMMES CANCER DU POUMON CHEZ LES HOMMES Le nombre de nouveaux cas de cancer du poumon, le plus meurtrier dans le monde, est bien plus élevé dans les pays développés. Les hommes sont aussi beaucoup plus touchés que les femmes, en particulier en Europe de l’Est. Le tabagisme passif aggrave ou crée des maladies. Par exemple, le risque de développer un cancer du poumon chez un non-fumeur augmente si son conjoint fume. > Le nombre de nouveaux cas croît avec l'intensité de la teinte grandissant de malades parviennent à repousser plus longtemps les attaques du « crabe ». Aujourd’hui, en France, 52% des patients souffrant d’un cancer survivent au-delà de cinq ans à leur maladie, contre 20% en 1920, 39% en 1960, 43% en 1970. Le taux de guérison peut CANCER DU RHINOPHARYNX CHEZ LES FEMMES CANCER COLORECTAL CHEZ LES FEMMES Le journal du CNRS n°238 novembre 2009 dépasser plus de 90% pour les tumeurs du testicule ou de la thyroïde 5. Après avoir été longtemps « diabolisé » et perçu comme « le pire absolu » parce qu’incompréhensible et insoignable, le cancer est sorti du ghetto « des pathologies honteuses et fatales » tout en restant la maladie la plus redoutée en Occident, dit Annie Hubert. En devenant, La répartition du cancer du rhinopharynx, qui semble propre à l’Afrique et à l’Asie, est très différente de celle du cancer colorectal et du cancer du poumon (voir carte ci-dessus). L’anthropologie permet de comprendre ce type d’inégalités en identifiant des explications locales. Les cartes concernant les hommes, non publiées ici, sont très proches de celles-ci. pour un nombre croissant de localisations, « curable au fil des avancées médicales et pharmacologiques qui ont marqué le XX e siècle et se multiplient en ce début de XXI e siècle, le cancer a acquis un statut de pathologie chronique dont le cours, entrecoupé de phases de traitements de courte durée, peut s’étendre sur plusieurs années, voire des décennies, renchérit Martine Bungener, directrice du Centre de recherche médecine, science et société (Cermes) 6. Lorsque le traitement s’arrête, les médecins utilisent le terme de rémission et non celui de guérison, mais l’allongement continu des durées de rémission permet de modifier la perception du cancer. Dans cette nouvelle perspective, le corps médical peut désormais expliquer aux patients qu’ils vivront dorénavant plus et mieux avec leur maladie. » VERS UNE MÉDECINE PLUS HUMAINE Qu’en est-il, maintenant, des relations soignants-soignés ? Le temps est presque révolu où la consultation d’annonce se faisait « entre deux portes », de façon aussi brutale qu’inhumaine, par de grands maîtres jargonnant et imbus de leur toute-puissance. Il s’est produit, voilà quelques années, « une sorte de déverrouillage du monde des médecins cliniciens qui était jusqu’alors très rigide et somme toute assez indifférent à la dignité et au vécu quotidien des malades et de leur famille, commente Annie Hubert. Nous rattrapons enfin notre retard, dans ce domaine, sur les Anglo-Saxons. » Et de se féliciter que, dans les établissements hospitaliers, les oncologues, en particulier les plus jeunes, portent un regard innovant sur leur pratique. « Beaucoup d’entre eux attendent des sciences sociales qu’elles les aident à découvrir ce qu’ils ne voient pas, ce qu’ils ne voient plus ou ce qu’ils n’auraient jamais imaginé voir pour, au bout du compte, améliorer ce qui peut l’être encore, qu’il s’agisse de l’organisation des soins, de l’ergonomie des services, de l’accompagnement en fin de vie… De fait, de grands progrès ont été réalisés pour personnaliser l’accueil des patients, aménager des espaces d’intimité, offrir des chambres individuelles dans les hôpitaux de jour, mettre au point un arbre décisionnel et décider d’un traitement avec la collaboration du patient s’il le désire… » Sans oublier qu’un certain langage guerrier (« Battez-vous ! ») , très angoissant et très fatiguant pour le patient secoué par des thérapies complexes, cède la place à l’information (« Voilà ce que l’on peut faire pour vous soigner ») , au dialogue, à la décision partagée et à l’attention portée à l’ensemble des besoins du malade et de sa famille. Quant au rôle des médecins généralistes dans la prise en charge des patients atteints de cancer, et leurs relations avec les équipes de soins spécialisées, l’enquête conduite récemment par Martine Bungener est riche d’enseignements. « Concernant l’annonce du diagnostic, nous avons été surpris de constater à quel point les généralistes sont impliqués et apparaissent comme des interlocuteurs compétents, aux yeux des patients, dit Martine Bungener. Après avoir été reçus par un spécialiste, ces derniers éprouvent même fréquemment le besoin de se faire mieux expliquer la situation par © M. Iannace/Corbis |