CNRS Le Journal n°238 novembre 2009
CNRS Le Journal n°238 novembre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°238 de novembre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 3 Mo

  • Dans ce numéro : Cancer, la recherche durcit le combat

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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14 INNOVATION Entretien SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES Dialogue avec les entreprises Depuis 18 ans, l’Association nationale de valorisation interdisciplinaire des sciences humaines et sociales auprès des entreprises (Anvie) éclaire les décisions des cadres supérieurs de grands groupes français. Antoine Rebiscoul, son nouveau délégué général, décrypte comment l’Anvie a réussi ce pari osé. L’Anvie est un organisme incontournable en matière de valorisation de la recherche en sciences humaines et sociales auprès des entreprises. Quelles sont les recettes de ce succès ? Antoine Rebiscoul : Nous essayons de comprendre quels sont les enjeux humains, sociaux et sociétaux des entreprises. Car leurs performances et leur productivité en dépendent. Pour cela, l’Anvie se met à l’écoute à la fois du monde économique et des dernières avancées de la recherche en sciences humaines et sociales. Ce travail de veille et d’analyse prospective permet de concevoir et de proposer aux grandes entreprises françaises une quarantaine d’opérations annuelles sur des questions à la pointe de leurs préoccupations. « Le comportement du consommateur en magasin », « la gestion du stress et du bien-être au travail » sont des exemples de thématiques abordées. Ces actions menées sous forme d’ateliers, de groupes de travail interentreprises ou bien de séminaires internes, assurent la médiation et la collaboration entre la recherche et les firmes. Elles mobilisent environ 300 chercheurs et 1000 cadres d’entreprise. Plus concrètement, comment se déroulent ces opérations ? A. R. : Ensemble, chercheurs et cadres supérieurs réfléchissent, comparent, échangent leurs connaissances et leurs expériences pour réussir à concevoir des actions innovantes. Lors d’un groupe de travail sur le développement de la précarité 1, par exemple, GDF Suez et d’autres sociétés souhaitaient construire une réflexion autour de la mise LE CNRS ET L’ANVIE : UNE ÉTROITE COLLABORATION Le CNRS est fortement impliqué dans cette association depuis sa création en 1991. Aux côtés de plusieurs institutions de recherche (Maison des sciences de l’homme, École des hautes études en sciences sociales), de grandes entreprises (Danone, Lafarge, Pechiney, L’Oréal, Caisse d’Epargne, Elf) et des pouvoirs publics, le CNRS a manifesté la nécessité de rapprocher la recherche en sciences humaines et sociales des enjeux concrets des entreprises. Aujourd’hui encore, avec son vivier d’experts en sciences humaines et sociales, il participe grandement aux actions organisées par l’Anvie. G. V. Le journal du CNRS n°238 novembre 2009 en œuvre de nouvelles actions préventives pour lutter contre la précarité. Grâce à l’éclairage d’intervenants tel que Serge Paugam, sociologue et directeur de recherche CNRS au Centre Maurice- Halbwachs 2, elles ont pu en comprendre les composantes et identifier les processus qui y conduisent. Ces échanges ont donné des pistes aux établissements pour maintenir leur activité tout en essayant de permettre l’accès à leurs services au plus grand nombre (mise en place de tarifs préférentiels par exemple). La RATP, Sanofi Aventis, la SNCF… Plus d’une trentaine d’entreprises ont adhéré à l’Anvie et plus d’une centaine participent à ses actions. Qu’est-ce qui les pousse à vouloir engager ces réflexions ? A. R. : Alors que les entreprises raisonnent de façon économique, les sciences humaines et sociales s’intéressent davantage à la société dans son intégralité : ses usages, ses catégories socioprofessionnelles, etc. Elles abordent l’impact des faits de société sur l’activité économique et industrielle sous l’angle de la sociologie, la démographie, l’économie, la psychologie ou encore l’ethnologie. La multiplication des disciplines donne une vision stratégique complète aux entreprises pour être plus performantes et compé- titives. C’est pourquoi, nous ne souhaitons pas, lors de nos opérations, valoriser une discipline au détriment d’une autre. Les sciences humaines et sociales sont devenues pour les entreprises un enjeu d’innovation et de développement. Auriez-vous un exemple ? A. R. : Les résultats d’une étude sociologique 3 sur l’analyse de la mobilité et son évolution – aussi bien celle des personnes que celle des objets, des services ou des informations – ont pu montrer que la voiture en ville aujourd’hui n’avait de sens que si elle était facilement accessible, pouvait circuler et se poser là où on le souhaitait. Les normes sociétales, les contraintes économiques (prix de l’essence élevé, coût du stationnement, crise du pouvoir d’achat…) et environnementales se sont modifiées. Pour répondre à ces nouvelles préoccupations, la SNCF a par exemple répondu à l’appel d’offres pour la mise en place de voitures électriques en libre service (Autolib’). Son objectif ? Faire venir les voyageurs dans ses trains et donc jusqu’à la gare. En tant que nouveau délégué général de l’Anvie, quelles évolutions souhaitez-vous concernant ces échanges entre la recherche en sciences humaines et sociales et l’entreprise ? A. R. : L’Anvie fonctionne essentiellement sous la forme de moments ponctuels d’échanges et de concertation. Ces derniers ont pu servir d’amorces à la formulation de projets concernant par exemple la diversité dans le corps social de l’entreprise, les politiques de motivation des collaborateurs… Or, notre ambition est d’accompa- DR
gner de façon concrète les entreprises et de réussir à mettre en œuvre, ensemble, des solutions pratiques. Solutions qui pourraient, pourquoi pas, être par la suite diffusées et enseignées. Pour cela, une modification des formats des groupes de travail, ateliers et autres modalités d’intervention est nécessaire : augmentation de leur durée, du nombre et du type d’interlocuteurs dans les entreprises (direction marketing, innovation), des universitaires et de chercheurs, etc. Plus que jamais, la situation économique et sociale actuelle, par les mutations qu’elle porte en elle (crises économique, écologique ou environnementale), nécessite de favoriser des lieux au croisement de la recherche universitaire et de la direction d’entreprise. Propos recueillis par Géraldine Véron ➔ En ligne : www.anvie.fr 1. Groupe de travail « Précarité : nouvel enjeu pour l’entreprise en Europe ? », présidé par Bernard Saincy, directeur responsabilité sociétale, GDF Suez, juin 2009. 2. Centre CNRS/École des hautes études en sciences sociales/Université de Caen/École nomale supérieure de Paris. 3. Bruno Marzloff, Mobilités, trajectoires fluides, éditions de l’Aube, juin 2005, 240 pages. BRÈVE CONTACT ➔ Antoine Rebiscoul Anvie, Paris antoine.rebiscoul@anvie.fr L’environnement tient salon Le salon Pollutec Horizons se tiendra cette année du 1 er au 4 décembre au parc des expositions Paris-Nord-Villepinte, en région parisienne. Près de 40 000 professionnels de l’environnement sont attendus par quelque 1500 exposants. Cette nouvelle édition mettra l’accent sur les applications environnementales des biotechnologies et celles relatives aux fluides supercritiques –une alternative aux solvants classiques– et aux membranes, notamment pour la filtration. Elle continuera aussi à promouvoir des techniques porteuses d’avenir présentées lors des précédentes éditions telles que la photocatalyse ou le traitement de surface. Comme chaque année, les chercheurs du CNRS y seront en nombre. En 2008, plusieurs équipes du CNRS avaient d’ailleurs été lauréates des Prix des techniques innovantes pour l’environnement. > Pour en savoir plus : www.pollutec.com © F. Surmely ARCHÉOLOGIE Passer les fouilles au scanner Un des deux laserscanners 3D du dispositif Archeoscan capable d’enregistrer des millions de points en quelques minutes. Grâce à Archeoscan, les relevés de terrain sur les chantiers archéologiques deviennent beaucoup plus rapides et efficaces. Mis en œuvre par le Laboratoire de géographie physique et environnementale (Geolab) 1 et Veodis-3D, entreprise innovante créée début 2009 par Stéphane Petit, ancien doctorant au Geolab, le dispositif comprend deux appareils à faisceau laser. Le principe est simple : on dirige le laser vers un objet dont on souhaite acquérir toutes les caractéristiques de dimension. Et le temps de parcours du faisceau laser jusqu’à un point de sa surface permet de calculer la distance précise à ce point. Il n’y a plus qu’à balayer toute la surface pour obtenir les données permettant de la reconstituer point par point. Balayage justement automatique avec les appareils en question, dits lasers-scanners 3D. « L’intérêt est immense par rapport au théodolite, commente Frédéric Surmely, chercheur au Geolab, car cet instrument d’optique, traditionnellement utilisé en archéologie, ne permet que le relevé de 500points par jour. Tandis que les lasers-scanners peuvent enregistrer plusieurs millions de points en quelques minutes avec une précision de quelques millimètres ! » Cette technologie, pourtant utilisée depuis plus de dix ans pour reconstituer virtuellement des monuments ou des grottes, n’avait pas encore été utilisée sur les sites de fouilles. « Il faut noter que dans ces cas-là, nous ne disposons que d’un temps d’accès limité sur le terrain, au contraire d’un monument classique », reprend INNOVATION 15 Reconstitution, non achevée, d’une partie de bâtiment médiéval sur un site du Cantal grâce à Archeoscan. Frédéric Surmely, qui a testé Archeoscan dans le Massif central en juillet dernier dans le cadre d’un programme de recherches. « Il faut donc parfois composer avec des conditions météo qui deviennent subitement mauvaises. » Sans parler des découvertes surprises, en même temps que l’on creuse, et qui réclament des relevés rapides à chaque étape, même si on se trouve coincé au fond d’une tranchée ! Veodis-3D et le Geolab ont donc développé conjointement une méthode afin d’adapter cette technique laser à l’archéologie. Utilisation de nacelles, de plateaux tournants, autant d’astuces et de méthodologies mises au point pour faire face à toutes les situations. « Au Geolab, nous sommes aussi en train de développer un logiciel d’analyse de formes automatisée, à partir des données relevées avec Archeoscan », achève l’archéologue. Il permettra par exemple de comparer des séries d’outils, d’obtenir instantanément leurs caractéristiques, de connaître le rapport entre la longueur, la largeur et le volume d’une lame en silex, etc. « Repérer en un clin d’œil un objet qui sortirait du lot sera un gain de temps très appréciable pour toutes les recherches en archéologie », conclut-il. Charline Zeitoun 1. Unité CNRS/Université Clermont-Ferrand-II/Université de Limoges. CONTACT ➔ Frédéric Surmely Geolab, Clermont-Ferrand surmely.frederic@wanadoo.fr Le journal du CNRS n°238 novembre 2009 © S. Petit



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