© Coll. Société Française de Photographie. Tous droits réservés. 30 14 © Musée Albert-Kahn/Dép. des Hauts-de-Seine 13 ZOOM 13 Paris, 1918. L’auteur, Auguste Léon, a travaillé pour les Archives de la planète, vaste témoignage photo- et cinématographique de l’époque, fondées par le banquier Albert Kahn. Aujourd’hui, le musée Albert-Kahn conserve quelque 72 000 autochromes. 14 Des enfants dans le rôle de petits soldats. Autochrome de Léon Gimpel, collaborateur de presse, en 1915. 15 Sur cette autochrome d’Édouard Blanc (1908), champs et forêt contrastent avec les coquelicots. 16 Gabriel Doublier, responsable d’une usine à Paris, pose devant les machines destinées au mélange des fécules, en 1931. 17 18 19 Fécule de pomme de terre non triée (17), triée et teintée (18) et fécule de riz non triée (19). LE LIVRE Le journal du CNRS n°237 octobre 2009 L’autochrome Lumière Secret d’atelier et défis industriels Par Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo, avec la participation de Christine Capderou et Ronan Guinée. Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. Archéologie et histoire de l’art, mars 2009, 400 p., 23 x 26 cm. > 15 un mélange optique des différentes couleurs de fécule… d’où résulte la palette de couleurs de l’autochrome », précise Bertrand Lavédrine. L’image apparaissait en visionnant le positif transparent dans un appareil, ou en le projetant comme une diapositive. Simple, en apparence. Mais il a quand même fallu sept ans à la puissante société familiale Lumière, spécialisée dans la photo et le cinéma, pour passer du principe de l’autochrome (formulé en premier par le Français Louis Ducos du Hauron) à sa réalisation industrielle. Le choix de la fécule par exemple, grande spécificité de l’invention, a nécessité des mois de réflexion. Les grains de pommes de terre ont été préférés à ceux de riz, qui s’imprègnent 17 moins bien des colorants. Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo ont bataillé pendant des années, eux aussi. Pour faire toute la lumière sur ces autochromes, ils n’en ont pas seulement testé la fabrication. Comme ils le racontent dans L’autochrome Lumière, ils ont aussi interrogé les enfants de témoins de l’époque, décortiqué des cahiers de laboratoire, analysé les colorants d’anciennes plaques. Et étudié une presse de laminage, que les Lumière, sans doute pour en garder l’exclusivité, n’avaient pas brevetée. Le laminage – une phase capitale qui, en écrasant les grains les uns contre les autres, augmente la transparence de leur réseau– était bien évoqué dans un brevet, mais de façon évasive. Dans l’ignorance, les concurrents restaient donc à distance. Il le fallait : à la lisière des XIX e et XX e siècles, la photographie, dont l’invention fut annoncée en 1839, est en effervescence. De nombreuses expérimentations portent sur la couleur, défi principal, problème prioritaire. Les recherches se sont accélérées avec les progrès de la science sur la reconstitution des couleurs et les phénomènes lumineux. 16 Avec l’autochrome, la photographie prend enfin des couleurs. Mais 18 tout n’est pas si rose. Le procédé s’avère fragile, la production d’un cliché autochrome difficile. Le temps de pose, de l’ordre de la 0,1 mm seconde, exclut presque l’instantanéité. Malgré cela et leur prix élevé, en trente ans, des millions de plaques autochromes, dont le verre sera remplacé par un support souple en 1931, sont achetées dans le monde. Ce n’est qu’au milieu des années 1950 que l’invention tombera en désuétude : l’usine Lumière cesse la fabrication de ses films Alticolor, descendants directs de la plaque autochrome. Une plaque que nous pouvons désormais mieux conserver, car nous la connaissons mieux. Mathieu Hautemulle ➔ Pour en savoir plus Les auteurs ont aussi contribué au site : www.autochromes.culture.fr Dans le dossier Sagascience « Art et Sciences » : www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosart/decouv/indexFLASH.html À voir : Les autochromes Lumière, réalisé par François Tisseyre, CNRS Images, 2005 http:Ilvideotheque.cnrs.fr/index.php ? urlaction=doc&id_doc=1787 1. Centre CNRS/ministère de la Culture et de la communication/Muséum national d’histoire naturelle. 19 © Photos : B. Lavédrine CONTACT ➔ Bertrand Lavédrine Centre de recherche sur la conservation des collections, Paris lavedrin@mnhn.fr © E. Blanc © Institut Lumière |