CNRS Le Journal n°237 octobre 2009
CNRS Le Journal n°237 octobre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°237 de octobre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : Le CNRS fête 70 ans d'avancées scientifiques

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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28 © Y. Cornu (avec l’aimable autorisation des descendants d’Édouard Blanc) 1 ZOOM PHOTOGRAPHIE Lumière sur l’autochrome © Institut Lumière 2 La famille Lumière n’a pas innové que dans le cinéma. Dans la photographie aussi, ses inventions ont compté. À l’aube du XX e siècle, elle commercialise la plaque autochrome, premier procédé industriel de photographie en couleurs, à base de… fécule de pommes de terre. Deux chercheurs viennent d’apporter un éclairage sur ce produit conçu non sans mal et longtemps protégé par le secret.
© Coll. Société Française de Photographie. Tous droits réservés. © Coll. Société Française de Photographie. Tous droits réservés. 3 4 5 6 7 8 9 Bientôt, le monde entier sera fou de couleur, et Lumière en sera responsable. » Telle était l’intuition du photographe américain Alfred Stieglitz, lors de la commercialisation de la plaque autochrome en 1907. Le succès fut bien au rendez-vous pour le premier procédé industriel de photographie en couleurs. Et pour les frères Lumière, qui en vendront des millions en plusieurs décennies. Pour mieux comprendre toutes les facettes de ce produit, deux chercheurs ont décidé de le ressusciter, plusieurs dizaines d’années après la fin de sa production. Bertrand Lavédrine et Jean-Paul Gandolfo sont donc partis sur les traces des Lumière. Respectivement directeur du Centre de recherche sur la conservation des collections 1 et professeur à l’École nationale supérieure Louis-Lumière, ils ont recréé les étapes de fabrication de l’autochrome. D’abord la sélection de minuscules grains de fécule de pommes de terre, leur teinture en violet, vert ou orange, leur mélange. Puis, sur une plaque de verre vernie, © J.-P. Gondolfo 10 le saupoudrage de millions de ces grains et de noir de carbone pour combler les interstices. Enfin le laminage – le pressage de la plaque – et un second vernissage. La dernière étape est la plus difficile à recréer à la main sur de petites plaques, dans la quasi-obscurité du laboratoire. La pose d’une émulsion noir et blanc au gélatino-bromure d’argent, substance sensible à la lumière, ultime couche de l’autochrome, est en effet particulièrement délicate. Le dispositif repose en fait sur la « synthèse additive » des couleurs, principe qui permet de recréer toutes les nuances colorées à partir de seulement trois couleurs (rouge, vert et bleu) et qui sera également mis à profit pour les écrans de télévision. Dans l’autochrome, la couche photosensible est impressionnée par les rayons lumineux, préalablement filtrés par les grains de fécule teints. Après la prise de vue et le développement, les grains d’argent de cette couche vont masquer plus ou moins certaines fécules colorées. « Celles-ci étant extrêmement fines, l’œil ne peut les discerner. Et il se crée alors dans l’œil 11 0,1 mm > © B. Lavédrine ZOOM 29 1 Autoportrait autochrome d’Édouard Blanc, ingénieur chimiste aux usines Lumière de Monplaisir (Lyon), vers 1907. 2 Auguste et Louis Lumière, inventeurs et industriels, en 1895. 3 4 5 6 7 Plusieurs étapes de la reconstitution d’une autochrome : séchage puis tri de la fécule, solutions colorantes pour la teinture, saupoudrage de noir de carbone et enduction du second vernis. 8 9 Essais d’autochromes, vers 1902-1905, avec plaque négative (8) et plaque positive (9), au laboratoire de Louis Lumière. 10 Une presse destinée au « laminage » – l’écrasement des grains – a été restaurée et classée monument historique. 11 Fécules laminées. Louis Lumière découvrit l’intérêt du « laminage » accidentellement, en rayant d’un ongle le réseau de fécules. Résultat : une meilleure transparence. 12 Schéma d’une plaque autochrome. « On expose par le dos la plaque ainsi préparée, on développe et on inverse l’image qui présente alors, par transparence, les couleurs de l’original photographié », expliquait Louis Lumière en 1904. 12 Le journal du CNRS n°237 octobre 2009 © Photos : B. Lavédrine © S. Munoz Gouet



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