CNRS Le Journal n°237 octobre 2009
CNRS Le Journal n°237 octobre 2009
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°237 de octobre 2009

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : CNRS

  • Format : (215 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : Le CNRS fête 70 ans d'avancées scientifiques

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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14 © Air Liquide/Hychain © Air Liquide INNOVATION Entretien Quels marchés le programme « Horizon hydrogène énergie » (H 2 E), lancé fin 2008, cible-t-il ? Dominique Bernal : H 2 E a pour but la commercialisation à grande échelle de piles à combustibles (PAC 2) dans les secteurs qui ont besoin d’électricité sans fil, pour lesquels les solutions actuelles sont peu adaptées (batteries à autonomie trop limitée, groupes électrogènes bruyants, polluants, peu fiables…). Ce sont par exemple les flottes captives 3 de chariots élévateurs, de véhicules administratifs et de transport collectif urbain. Nous ciblons également la fourniture d’électricité de secours pour les sites sensibles (hôpitaux, bases de données informatiques…) et pour les sites isolés telles les antennes de télécommunications non raccordées au réseau électrique. Enfin, nous travaillons au développement de PAC en tant que source d’électricité portable pour les pompiers, le Samu, le secteur de l’événementiel... Pour y parvenir, le programme fédère une vingtaine de partenaires 4 autour d’Air Liquide, parmi lesquels le CNRS figure en bonne place (lire l’encadré). D’une durée de sept ans, H 2 E dispose d’un budget de près de 190 millions d’euros dont 67,6 d’aides apportées par l’établissement public Oséo. Une fois cette étape franchie, la filière sera prête pour l’émergence de l’ « hydrogène-énergie » dans le secteur automobile, prévue pour 2015. Le journal du CNRS n°237 octobre 2009 PROGRAMME Hydrogène : une énergie durable pour Air Liquide 1 pilote depuis fin 2008 le programme « Horizon hydrogène énergie » auquel participe le CNRS. Objectif : développer et commercialiser les premières applications de l’énergie provenant de l’hydrogène. Dominique Bernal, directeur des technologies avancées du groupe, expose les défis à relever. Quels sont les verrous à lever ? D.B. : Pour rentrer dans une phase d’industrialisation des PAC, il faut encore améliorer leur performance, leur fiabilité et réduire leur coût de production. Créée en 2001 et spécialisée dans la fabrication de PAC, notre filiale Axane a déjà bien avancé sur ces différents points. Ainsi, une de ses PAC est parvenue à alimenter une antenne relais de téléphonie mobile durant 10 000 heures en continu. En outre, ses travaux ont permis de réduire leur coût de fabrication par dix, pour aboutir à une fourchette de 5000 à 10000 euros LE CNRS MOBILISÉ Avec huit laboratoires impliqués 1, le CNRS est l’un des partenaires majeurs du programme H 2 E. À titre d’exemple, le Laboratoire d’énergétique et de mécanique théorique et appliquée (Lemta 2) travaillera à l’amélioration de la partie active des piles à combustibles (PAC) : « Notre unité va recevoir un million d’euros de l’Etat pour apporter au programme son expertise dans la conception, l’instrumentation et l’analyse du fonctionnement des PAC, précise Olivier Lottin, chercheur au Lemta. Nos travaux pourraient générer le dépôt de brevets. En outre, ce partenariat nous permet d’entrer en contact avec les industriels internationaux à la pointe du domaine. » Deux autres laboratoires impliquant le CNRS travaillent aussi sur les PAC, trois sur les matériaux composites pour le stockage de l’hydrogène et deux sur les aspects liés à la sécurité d’utilisation. Plus généralement, Air Liquide et le CNRS ont plus d’une cinquantaine de collaborations en cours dans le cadre d’un partenariat conclu en 2002. J-P. B. 1. Institut pluridisciplinaire de recherche sur l’environnement et les matériaux ; Laboratoire de mécanique physique ; Laboratoire de mécanique et de physique des matériaux ; Laboratoire d’études thermiques ; Laboratoire d’énergétique et de mécanique théorique et appliquée ; Laboratoire d’électrochimie et de physicochimie des matériaux et des interfaces ; Laboratoire matériaux organiques à propriétés spécifiques ; Laboratoire de combustion et de détonique. 2. Laboratoire CNRS, Nancy Université. Contact : Olivier Lottin, olivier.lottin@ensem.inpl-nancy.fr Fauteuil médicalisé fonctionnant avec une pile à combustible et de l’hydrogène. par kilowatt. Sur cette thématique, plusieurs pistes d’amélioration sont explorées par H 2 E. Pour le cœur de la pile, nos travaux s’orientent par exemple sur la diminution de la quantité de platine, et la recherche de nouveaux matériaux pour les plaques bipolaires 5. Les recherches se concentrent aussi sur les technologies de stockage de l’hydrogène... D.B. : Tout à fait. L’objectif est de mettre au point des bouteilles et réservoirs à forte densité de stockage qui allient résistance, sécurité, légèreté et ergonomie. Ainsi, nous misons sur le stockage sous forme gazeuse à haute pression (350 à 700bars), supporté par des matériaux composites en fibre de carbone. Enfin, nous allons développer les technologies permettant de produire de l’hydrogène par électrolyse, à partir d’électricité d’origine éolienne et photovoltaïque. À l’heure actuelle, l’hydrogène est majoritairement obtenu par transformation du gaz naturel. Mais déjà, si l’on regarde l’ensemble du cycle de vie, la propulsion de véhicules par une PAC permet de diviser jusqu’à un facteur deux les émissions de CO 2 par rapport aux carburants pétroliers. Face à la raréfaction des ressources fossiles annoncée, à l’essor de la demande énergétique et au réchauffement climatique, l’hydrogène-énergie est donc vraiment une des solutions pour l’avenir. Le programme H 2 E a-t-il d’autres objectifs ? D.B. : Le programme contribuera aussi à l’adaptation de la réglementation sur l’hydrogène pour encadrer ces applications énergétiques. À partir des résultats des travaux qui seront menés, les autorités définiront les normes en matière de sécurité d’utilisation. Sur ce point, le programme
l’avenir s’attelle d’ailleurs au développement de technologies sûres, notamment pour les dispositifs de connexion des bouteilles d’hydrogène. Enfin, H 2 E mettra en place des démonstrations grandeur nature et des actions pédagogiques afin de familiariser le plus large public avec ce nouveau vecteur d’énergie propre. Propos recueillis par Jean-Philippe Braly 1. Air Liquide est le leader mondial des gaz pour l’industrie, la santé et l’environnement. La société produit 7 milliards de m 3 d’hydrogène par an, contribuant pour 1,2 milliard d’euros à son chiffre d’affaires. 2. Dispositif électrochimique qui transforme directement en électricité l’énergie contenue dans la molécule d’hydrogène. La PAC ne rejette que de l’eau, sans aucune émission de CO 2. 3. Une flotte est dite captive lorsque les véhicules qui la composent s’approvisionnent en carburant, en énergie, dans un lieu qui lui est propre et non dans des stations publiques. 4. Parmi eux : Axane, Hélion, Composites Aquitaine, Vicarb, Imphy Alloys, des PME, l’Institut de soudure, le CEA, l’Ineris et le CNRS. 5. Les plaques bipolaires assurent la conduction des électrons. BRÈVE Les 5 et 6novembre prochains, chercheurs et industriels se retrouveront à Orléans pour partager leurs savoirs concernant le verre, ce matériau si présent au quotidien et en perpétuelle évolution. Lors des journées Verre 2009, organisées par l’Union pour la science et la technologie verrières, les professionnels échangeront ainsi autour des technologies utilisées par l’industrie, et des avancées récentes sur la physique des verres. Par exemple sur la connaissance de la CONTACT ➔ Dominique Bernal Air Liquide dominique.bernal@airliquide.com Deux journées pour le verre structure du matériau en dessous de l’échelle nanométrique, sur les vitrocéramiques, ou encore sur les verres dits exotiques. Autres sujets abordés, les défis scientifiques pour des applications comme la vitrification des déchets nucléaires. Le CNRS est partenaire de cet évènement, aux côtés d’acteurs de la recherche (CEA, université d’Orléans, etc.), et d’industriels (Saint-Gobain, Baccarat, etc.). > Pour en savoir plus : http:Ilverre2009.cnrs-orleans.fr/La guerre chimique qui fait rage entre organismes marins pourrait sauver des vies humaines. C’est l’espoir des partenaires, dont le CNRS, du projet Pharmasea qui vient d’être labellisé par le pôle de compétitivité Mer Bretagne. Son ambition : s’attaquer à la maladie d’Alzheimer à l’aide de molécules d’origine marine. En particulier en développant un nouveau modèle d’étude de la maladie sur la souris et en recherchant un traitement. Les membres de Pharmasea – deux PME et quatre centres de recherche académiques 1 – ne partent évidemment pas de zéro. Le porteur du projet n’est autre que la jeune entreprise ManRos Therapeutics 2, cofondée en 2007 par le biologiste Laurent Meijer, du laboratoire « Phosphorylation de protéines et pathologies humaines » 3 de la Station biologique de Roscoff, et Hervé Galons, chimiste à l’université Paris-V. L’équipe CNRS de Laurent Meijer étudie depuis plusieurs années les vertus antitumorales ou antineurodégénératives de molécules sécrétées par les éponges et les ascidies, des invertébrés marins, pour éloigner leurs prédateurs. Chez l’humain, ces molécules sont susceptibles d’agir sur les protéines kinases, capitales dans la vie et la mort des cellules. Ces recherches ont mené à la découverte de la roscovitine, une molécule aujourd’hui brevetée par le CNRS et testée en phase clinique contre le glaucome, cette pathologie oculaire pouvant conduire à la perte de la vue, et deux types de cancers. C’est justement pour donner un coup de fouet aux travaux sur ces molécules que Laurent Meijer, associé à Hervé Galons, a créé ManRos Therapeutics 4. Une petite société qui entend triompher avec « vitesse et souplesse », comme le précise Laurent Meijer, des obstacles administratifs et financiers liés à la recherche pharmaceutique. Pour l’instant, ManRos Therapeutics teste quatre familles de molécules INNOVATION 15 ALZHEIMER Un remède venu du fond des mers L’éponge axinelle, source potentielle de molécules bioactives, dans son milieu naturel en Bretagne. marines en phase préclinique (sur des enzymes, des cellules ou des animaux) contre la maladie d’Alzheimer donc, mais aussi contre les cancers, les leucémies et la polykystose rénale. Ensuite viendront –peut-être– les essais sur l’humain. La société, qui compte huit employés (biologistes ou chimistes), a acquis les licences d’exploitation de ces molécules auprès du CNRS qui, propriétaire des brevets, profitera des possibles « retombées ». « Le but, à ManRos, ce n’est pas de gagner de l’argent. Le vrai bonheur, c’est de trouver de nouveaux traitements », explicite Laurent Meijer. Et l’ambition est affirmée. ManRos Therapeutics espère se développer des deux côtés de l’Atlantique, comme le laisse deviner son nom : « Man » pour Manhattan et « Ros » pour Roscoff. L’implantation aux États-Unis (où se trouvent de nombreux investisseurs), au même titre que les distinctions et les articles de presse – ManRos figure parmi les 100 start-up « les plus prometteuses » de France dans un récent magazine économique 5 – devrait faciliter la quête de financements. Notamment pour des projets ambitieux comme Pharmasea. Mathieu Hautemulle 1. ManRos Therapeutics/C.RIS Pharma/CNRS/université Rennes-I/université Paris-V/CEA. 2. www.manros-therapeutics.com 3. Unité de service et de recherche CNRS. 4. Laurent Meijer a saisi l’opportunité, offerte aux chercheurs du CNRS par la loi Allègre sur l’innovation et la recherche, de consacrer à l’économie 20% de son temps de travail. 5. Capital, août 2009. CONTACT ➔ Laurent Meijer Station biologique de Roscoff meijer@sb-roscoff.fr Le journal du CNRS n°237 octobre 2009 © Y. Fontana/CNRS Photothèque



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